Monica Vitti (1931-2022)

Publié le par lefilmdujour

Dans L’Avventura (1960) de Michelangelo Antonioni, la disparition au large des îles Éoliennes du personnage incarné par Lea Massari était le prélude d'une histoire d'amour marquée par cet "évanouissement" entre son fiancé (Gabriele Ferzetti) et sa meilleure amie (Monica Vitti), tous deux lancés à sa recherche. Si Léa Massari (88 ans) est toujours parmi nous, Monica Vitti, décédée le 2 février 2022 à l’âge de 90 ans, a rejoint Gabriele Ferzetti, disparu en 2015 à l’âge, lui aussi, de 90 ans.

Monica Vitti fait ses premières armes au théâtre avant de débuter au cinéma au milieu des années 1950. Elle rencontre le réalisateur Michelangelo Antonioni, dont elle devient la compagne, la muse et l’égérie, sur le doublage du Cri (1957). Sous sa direction, Monica Vitti tourne quatre chefs-d’œuvre : L’Avventura, La Nuit (1960), avec Jeanne Moreau et Marcello Mastroianni, L’Eclipse (1961), avec Alain Delon (photo ci-dessus), et Le Désert rouge (1964), avec Richard Harris (photo ci-dessous).

L’actrice, qui se sépare d’Antonioni en 1967, travaille aussi dans les années 1960 avec d’autres grands réalisateurs comme Joseph Losey (Modesty Blaise, 1965, avec Terence Stamp et Dirk Bogarde), Mario Monicelli (La Fille au pistolet, 1968), Ettore Scola (Drame de la jalousie, 1969, avec Mastroianni) ou Miklos Jancso (Le Pacifiste, 1970).

Au cours des années 1970, Monica Vitti s’oriente essentiellement vers la comédie avec des films comme Nini Tirebouchon (1970) de Marcello Fondato (avec Claude Rich), Moi la femme (1971) de Dino Risi (où elle joue une dizaine de rôles), Poussière d’étoiles (1973) d’Alberto Sordi, Le Canard à l’orange (1975) de Luciano Salce (avec Ugo Tognazzi), Les Monstresses (1978) de Luigi Zampa (où elle partage l’affiche avec Laura Antonelli, Sylvia Kristel et Ursula Andress), Mes amours (1978) de Steno, Chambre d’hôtel (1980) de Mario Monicelli.

Après deux films tournés dans les années 1980 sous la direction du réalisateur Roberto Russo, qui partage sa vie depuis le milieu des années 1970, elle signe elle-même son seul et unique film pour le cinéma en tant que réalisatrice, Scandale secret (1989), où elle donne la réplique à l’Américain Elliott Gould. Monica Vitti s’éloigne alors du cinéma, puis de toute vie publique au début des années 2000, atteinte par la maladie d’Alzheimer.

A la différence d’autres grandes actrices transalpines, Monica Vitti aura finalement peu tourné pour des réalisateurs non italiens. Hormis Joseph Losey et Miklos Jancso, on citera Jacques Baratier (Dragées au poivre, 1963), Roger Vadim (Château en Suède, 1963), Jean Valère (La Femme écarlate, 1968, avec Maurice Ronet et Robert Hossein), Luis Buñuel (Le Fantôme de la liberté, 1974) et André Cayatte (La Raison d’état, 1978, face à Jean Yanne). En 1980, Monica Vitti avait collaboré une dernière fois avec Antonioni sur le téléfilm Le Mystère d’Oberwald, adapté de L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau.

En 1995, Monica Vitti avait reçu un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière lors de la Mostra de Venise.    

Publié dans Claps de fin

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