Sylvia Kristel (1952-2012)
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© MUUS/SIPA
Les fauteuils en rotin sont tous en deuil. Immortalisée par le rôle d’Emmanuelle dans le film érotique éponyme de Just Jaeckin réalisé en 1973, l’actrice d’origine néerlandaise Sylvia Kristel est décédée des suites d’un cancer le 18 octobre 2012 à l’âge de 60 ans.
Vu par 9 millions de Français dans les salles et plaqué à l’affiche d’un cinéma des Champs-Élysées pendant 553 semaines consécutives, Emmanuelle, adaptation d’un roman d’Emmanuelle Arsan, propulsa Sylvia Kristel au panthéon masculin des créatures de rêve. Mais il y a des rôles dont certaines actrices n’arrivent pas à se défaire et qui, à leur corps défendant, les vouent à une destinée à laquelle elles ne peuvent plus échapper.
Et, malgré des incursions dans les univers de Jean-Pierre Mocky (Un linceul n’a pas de poches, 1974), d’Alain Robbe-Grillet (Le Jeu avec le feu, 1974), de Walerian Borowczyk (La Marge, 1975), de Roger Vadim (Une femme fidèle, 1976) ou de Claude Chabrol (l’étonnant Alice ou la dernière fugue, 1976, film aux confins du fantastique), Sylvia Kristel ne put jamais se défaire de l’image d’Emmanuelle. Et la jeune femme remettra le couvert, plus ou moins de bonne grâce, dans cinq suites des aventures de la jolie libertine sur grand écran : Emmanuelle 2 (Giacobetti, 1977), Goodbye Emmanuelle (Leterrier, 1977), Emmanuelle 4 (Leroi, 1983) (où Sylvia Kristel/Emmanuelle, après une opération de chirurgie esthétique, se transforme en Mya Nigren) et Emmanuelle au septième ciel (Leroi, 1993).
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Sylvia Kristel et Jean Carmet dans Alice ou la dernière fugue (Chabrol, 1976) (© René Chateau)
En novembre 1976, Sylvia Kristel fait la couverture du premier numéro de Première, célèbre revue de cinéma, à l’occasion du tournage de René la Canne (Girod, 1976) où l’actrice partage l’affiche avec Gérard Depardieu et Michel Piccoli. Le rédacteur de l’époque écrivait qu’à l’occasion de ce film, Sylvia Kristel allait certainement prendre une nouvelle dimension. Les faits ont malheureusement prouvé le contraire.
A l’exception de son rôle dans Les Monstresses (Zampa, 1978), comédie à sketches où brillent aussi Laura Antonelli, Ursula Andress et Monica Vitti, l’actrice se vit contrainte à jouer les utilités dans un film-catastrophe raté (Airport 80 : Concorde, Rich, 1979), une adaptation cinématographique bien oubliée de la série TV Max la Menace (Le Plus secret des agents secrets, Donner, 1979), une sexy-comédie à l’italienne (L’Amour en première classe, Samperi, 1980) ou une resucée inutile de L’Amant de Lady Chatterley (Jaeckin, 1981). La carrière de Sylvia Kristel sur grand écran connait alors un arrêt quasi définitif au début des années 80.
Parallèlement, des difficultés personnelles et des problèmes d’ordre privé l’amènent à se réfugier dans les paradis artificiels.
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Sylvia Kristel en une du premier numéro de Première en novembre 1976 (image: www.premiere.fr)
Également peintre, Sylvia Kristel avait publié son autobiographie (« Nue ») en 2006 où elle revenait sur son parcours professionnel et personnel et relatait sa lutte contre le cancer diagnostiqué en 2002.
Victime d’un accident vasculaire cérébral en juin 2012, la comédienne a perdu son combat contre la maladie dans la nuit du 17 au 18 octobre 2012.