Gabriele Ferzetti (1925-2015)
Interprète inoubliable de L'avventura (1960) de Michelangelo Antonioni aux côtés de Monica Vitti et vu dans les années 1990 et 2000 dans le rôle de Nono, le patriarche retiré au Portugal et père d'Anny Duperey dans la série TV Une famille formidable, l'acteur italien Gabriele Ferzetti est décédé le 2 décembre 2015 à l'âge de 90 ans.
Gabriele Ferzetti, dont la carrière couvre 40 ans de cinéma italien, avait débuté à l’écran dès 1942 mais s’était rapidement rabattu sur le théâtre. Dans l’immédiat après-guerre, alors que le néoréalisme s’impose sans lui, on le retrouve subrepticement dans des œuvres populaires comme Fabiola (Gallone, 1948).
Gabriele Ferzetti et Gina Lollobrigida dans La marchande d'amour (1952)
Ce n’est véritablement qu’au début des années 1950 que l’acteur accède aux premiers rôles. Gabriele Ferzetti incarne Puccini dans le film éponyme de Carmine Gallone, réalisé en 1952, et s’impose alors dans trois films marquants : La marchande d’amour (Soldati, 1952), d’après Alberto Moravia, où il campe le mari trompé par l’héroïne, Gina Lollobrigida, Du soleil dans les yeux (Pietrangeli, 1953) et Vêtir ceux qui sont nus ( Pagliero, 1953), adaptation d’une pièce de Pirandello où il partage la vedette avec Pierre Brasseur et la sublime Eleonora Rossi-Drago.
Il est alors Casanova dans le film du même nom de Steno réalisé en 1954, croise Elsa Martinelli (Ours d’argent de la meilleure actrice à Berlin pour sa prestation) dans Donatella (1955) de Mario Monicelli, incarne le peintre dont tombe désespérément amoureuse l’une des « héroïnes » (qui finira par se suicider) dans Femmes entre elles (1955) de Michelangelo Antonioni.
Gabriele Ferzetti et Monica Vitti dans L'avventura (1960)
Le même réalisateur lui offrira cinq ans plus tard dans L’avventura le rôle qui l’immortalisera, celui de l’architecte en pleine crise existentialiste passant de Lea Massari, qui disparaît mystérieusement au début du film, à son amie Monica Vitti.
Entre-temps, on l’avait vu face à la belle Jacqueline Sassard dans Les époux terribles (Pietrangeli, 1958), en vainqueur d’Hannibal/Victor Mature dans Annibal (Bragaglia, 1959), en officier des Dragons du roi dont tombe amoureux le Chevalier d’Eon (de son vrai prénom Geneviève...) dans Le secret du Chevalier d’Eon (Audry, 1959). En 1960, Gabriele Ferzetti tient encore un rôle marquant de déserteur face à la trop tôt disparue Belinda Lee dans La longue nuit de 43 de Florestano Vancini.
Gabriele Ferzetti et Belinda Lee dans La longue nuit de 43 (1960)
Dans les années 1960, les premiers rôles sont tenus par les Mastrioanni, Gassman et consorts et l’acteur, tout en continuant à travailler énormément pour le cinéma, se rabat sur les seconds… où il est tout aussi remarquable.
Il est Lot dans La Bible (1965) de John Huston, Laurent de Médicis dans Belfagor le magnifique (1966) d’Ettore Scola, avocat compromis avec la mafia dans A chacun son dû (1967) d’Elio Petri, Morton, le magnat du chemin de fer infirme dans Il était une fois dans l’Ouest (1968) de Sergio Leone, pater familias hypocrite dans Ce merveilleux automne (1968) de Mauro Bolognini, allié et futur beau-père de James Bond/George Lazenby dans Au service secret de Sa Majesté (Hunt, 1969), membre d’un groupe de vieux nazis dans Portier de nuit (1974) de Liliana Cavani...
Gabriele Ferzetti, Alba Rohrwacher et Tilda Swinton dans Amore (2009)