Miklos Jancso (1921-2014)
Considéré comme le plus grand réalisateur hongrois de l’après-guerre, classé comme un maître du plan-séquence, Miklos Jancso est décédé le 31 janvier 2014 à l’âge de 92 ans.
Selon Aleksandar Becanovic dans 501 réalisateurs (aux éditions Omnibus), « dans les mises en scène de Jancso, la progression narrative se fait principalement à travers l’organisation spatiale, et le temps n’est pas ressenti comme flux mais comme durée. Jancso dispose les gens et les choses en arrangements géométriques, avec positionnement spécifique de lignes et de colonnes pour obtenir une systématisation abstraite et une compréhension de périodes historiques cruciales. Pour lui, l’homme est une sorte de sculpture dans un champ de circonstances chaotiques. Le spectateur peut sentir la tragédie personnelle des personnages, mais ce qui importe surtout pour Jancso, c’est la représentation contemplative des mécanismes de l’histoire et du pouvoir. »
L’œuvre de Miklos Jancso, qui se fit connaître au-delà du rideau de fer en 1965 avec la projection des Sans-Espoir au festival de Cannes, est profondément enracinée dans l’histoire de son pays. Cantate (1962), adaptation de Cantata profana du compositeur hongrois Béla Bartók, est une métaphore de l'Insurrection de Budapest de 1956. Les Sans-Espoir (1965) évoque la période de la Révolution hongroise de 1848. Trois de ses films suivants abordent la période de luttes sanglantes entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires, autour des années 1918-1919 : Rouges et blancs (1967), Silence et cri (1967) et Agnus Dei (1970).
Avec Psaume rouge (1971), film en 26 plans-séquences perçu comme le plus grand film hongrois de son temps, Miklos Jancso décroche le Prix de la mise en scène au festival de Cannes. Tendant de plus en plus vers l’abstraction stylisée, le réalisateur enchaîne avec Pour Electre (1974), puis donne une version très personnelle du drame de Mayerling avec l’érotique Vices privés, vertus publiques (1975) avant de s’attaquer à une vaste fresque historique embrassant toute la première moitié du XXe siècle (Rhapsodie hongroise I et II, 1979).
Miklos Jancso, dont la seconde épouse était la réalisatrice Marta Meszaros, tourna encore une quinzaine de films jusqu’en 2010 tout en changeant complètement de style. Mais ceux-ci n’ont guère été vu hors des frontières hongroises…