Le Film du jour n°46 : Ça casse à Caracas
Titre original : Fünf vor zwölf in Caracas
Une coproduction franco-italo-allemande de Marcello BALDI (alias Billy MARSHALL) (1966) avec George Ardisson, Pascale Audret, Christa Linder...
Le titre du Film du jour est un bel exemple d'allitération, l'allitération consistant selon le Larousse, à "répéter une consonne ou un groupe de consonnes, dans des mots qui se suivent, produisant un effet d'harmonie imitative ou suggestive". Le cinéma fait régulièrement appel à cette figure de style. Ainsi, l'un des premiers films de Carlos Saura avec son égérie Géraldine Chaplin porte le titre Stress es tres tres (1968), en espagnol dans le texte. Nos Philippe Clair et Max Pecas nationaux ont également utilisé l'allitération, respectivement dans Déclic et des claques (1964) et dans Belles, blondes et bronzées (1981). Comme quoi, si leurs films ne volent généralement pas bien haut, au moins ils maîtrisent les figures de style de la langue française...
Les titres des adaptations de OSS117 au cinéma constituent aussi de beaux spécimens d'allitération. Exemples : Banco à Bangkok pour OSS117 (Hunebelle, 1965), Furia à Bahia pour OSS117 (Hunebelle, 1965) ou Atout cœur à Tokyo pour OSS117 (Boisrond, 1966). Normal, Jean Bruce, le papa de notre espion français préféré, donnait régulièrement des titres de ce type aux aventures de son héros : Cache-cache au Cachemire, Métamorphose à Formose, Arizona Zone A, Moche coup à Moscou, Franc et fort à Francfort, Agonie en Patagonie, etc. Le reste est à l'avenant. Paraît aussi qu'il existe un film baptisé Pouet-pouet en Crête, mais impossible de trouver des infos sur ce long métrage...
La vengeance du colosse (1962), un péplum à mettre aussi au "crédit" du réalisateur Marcello Baldi (image : cinema-tv.corriere.it)
Quant à Marcello Baldi (1923-2008), le réalisateur de Ça casse à Caracas, on ne peut pas dire que son nom soit passé à la postérité. Précisons seulement qu'il a également signé, entre autres, La vengeance du colosse (1962) avec Roger Browne, un acteur récurrent dans les films italiens de série B voire Z des années 60 et vu dans Super 7 appelle le Sphinx, L'agent Gordon se déchaîne, Superman le diabolique, Samoa, fille sauvage, etc. C'est à Marcello Baldi que l'on doit par ailleurs Le cascadeur (1968), avec Marie Dubois, Gina Lollobrigida et Robert Viharo (qui fut l'époux de la chanteuse Jeane Manson au tout début des années 80). Pour la télévision, Marcello Baldi a aussi mis en boîte quelques épisodes d'Arsène Lupin avec Georges Descrières.
Ça casse à Caracas, l'histoire : Le détective privé Jeff Milton (interprété par l'acteur italien George Ardisson... oui, ça fait pas très transalpin, mais, si je vous dit qu'il s'appelle Giorgio Ardisson... hein... ça change tout !), Jeff Milton, donc, est chargé de retrouver la fille d'un milliardaire, journaliste qui préparait à Caracas un article sur la traite des Blanches (ça, ça va faire la une et, en plus, c'est sûr, ça va attirer ces obsédés de spectateurs...).
Pascale Audret, sœur du chanteur Hugues Auffray (image : www.dvdtoile.fr)
Au générique de Ça casse à Caracas, on trouve la présence improbable de l'actrice française Pascale Audret, née en 1935 et décédée en 2000 lors d'un accident de la route. Sœur du chanteur Hugues Auffray (son vrai nom est Pascale Auffray), miss Audret est devenue instantanément célèbre en 1956 grâce à son interprétation dans L'eau vive, le drame paysan de François Villiers, d'après l’œuvre de Jean Giono. Si le film a été un peu oublié, la chanson titre, signée Guy Béart, est restée - au grand dam de certains - dans toutes les mémoires.
Au cinéma, Pascale Audret a côtoyé de grands noms comme Curd Jurgens (Œil pour œil d'André Cayatte, 1956), Jean Servais (Les jeux dangereux de Pierre Chenal, 1957), Jeanne Moreau et Madeleine Renaud (Le dialogue des carmélites de Philippe Agostini, 1959), Anthony Perkins (Le glaive et la balance d'André Cayatte, 1962), Serge Gainsbourg et Jane Birkin (Les chemins de Katmandou de Cayatte encore, 1969) ou Philippe Noiret (Rue du Pied de Grue de Grand-Jouan, 1973). On l'a aussi croisée chez Godard (Les carabiniers, 1963) et Bunuel (Le fantôme de la liberté, 1973).
L'eau vive (Villiers, 1956), le film qui fit connaître Pascale Audret (image : www.cinema-francais.fr)
Mariée au metteur en scène Roger Coggio puis au producteur Francis Dreyfus, Pascale Audret a eu une fille avec ce dernier, Julie Dreyfus, née en 1972 et également actrice. Tous les fans du Kill Bill de Quentin Tarantino savent que Julie Dreyfus, qui vit au Japon la plupart du temps, y interprète la sulfureuse et diabolique Sofie Fatale...