Gina Lollobrigida (1927-2023)
Entrée au panthéon du cinéma dans le rôle d’Esméralda face à Anthony Quinn/Quasimodo dans Notre-Dame-de-Paris (1956) de Jean Delannoy, l’actrice italienne Gina Lollobrigida est décédée le 16 janvier 2023 à l’âge de 95 ans.
Gina Lollobrigida se fait connaître grâce à des concours de beauté. En 1947, elle est deuxième dauphine de Miss Italie derrière Lucia Bosé - à qui échoit le titre - et Gianna Maria Canale, deux futures vedettes du cinéma transalpin. A l’époque le concours est un véritable tremplin pour faire carrière sur grand écran. Dans la foulée, Gina Lollobrigida enchaîne de fait une douzaine de films entre ciné-romans, opéras filmés, mélodrames et comédies musicales, mais c’est face à Gérard Philipe dans Fanfan la tulipe (1951) de Christian-Jaque qu’elle se fait vraiment remarquer (photo ci-dessous).
L'actrice retrouve Gérard Philipe dans Les Belles du nuit (1952) de René Clair (où elle rivalise avec Martine Carol), devient célèbre en Italie aux côtés de Vittorio de Sica dans Pain, amour et fantaisie (1953) et Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini et hérite de l’appellation de « plus belle femme du monde » face à Vittorio Gassman dans La Belle des belles (1955) de Robert Z. Leonard, film qui lui permet de décrocher le David di Donatello de la meilleure actrice.
Parallèlement Gina Lollobrigida entame une carrière hollywoodienne en donnant la réplique à Humphrey Bogart dans Plus fort que le diable (1953) de John Huston (photo ci-contre). Elle partage le haut de l’affiche avec Burt Lancaster et Tony Curtis dans Trapèze (1956) de Carol Reed, Yul Brynner dans Salomon et la reine de Saba (1958) de King Vidor, Frank Sinatra et Steve McQueen dans La Proie des vautours (1959) de John Sturges, Anthony Franciosa et Ernest Borgnine dans Volupté (1969) de Ranald MacDougall, Rock Hudson dans Le Rendez-vous de septembre (1961) de Robert Mulligan (photo ci-dessous) et Étranges compagnons de lit (1964) de Melvin Frank…
L’Europe réserve également des rôles à Gina Lollobrigida dans la foulée de Notre-Dame-de-Paris. Elle donne ainsi la réplique à Pierre Brasseur, Yves Montand et Marcello Mastroianni dans La Loi (1958) de Jules Dassin, à Jean-Paul Belmondo dans La Mer à boire (1963) de Renato Castellani, à Sean Connery dans La Femme de paille (1963) de Basil Dearden, à Alec Guiness dans Paradiso, hôtel du libre-échange (1965) de Peter Glenville… Elle est aussi Pauline Bonaparte dans Vénus impériale (1962) de Jean Delannoy avec Raymond Pellegrin en Napoléon Ier et Micheline Presle en Joséphine.
Au rayon comédies italiennes, Gina Lollobrigida participe à des films comme Les Poupées (1964) (dans le segment réalisé par Mauro Bolognini), Moi, moi, moi et les autres (1965) d’Alessandro Blasetti ou Les Nuits facétieuses (1966) d’Armando Crispino et Luciano Lucignani.
La carrière de l’actrice marque quand même le pas en cette fin des années 1960. Des films comme Les Sultans (1965) de Jean Delannoy (avec Louis Jourdan et Daniel Gélin), Les Aventures extraordinaires de Cervantès (1966) de Vincent Sherman (avec Horst Buchholz), La Mort a pondu un œuf (1967) de Giulio Questi (giallo particulièrement stylisé avec Jean-Louis Trintignant et Ewa Aulin) ou La Marine en folie (1968) de Frank Tashlin avec Bob Hope et Jeffrey Hunter ne rencontrent le succès escompté.
Après Ce merveilleux automne (1968) de Mauro Bolognini, où elle incarne une femme mûre vivant une liaison avec un jeune homme de 17 ans (joué par Paolo Turco), l’actrice décide de de mettre un frein à sa carrière au cinéma.
On la voit encore dans quelques films comme Roi, dame, valet (1971) de Jerzy Skolimowski et s’offre un dernier grand rôle, celui de la fée turquoise, dans la série télévisée Les Aventures de Pinocchio (1971) de Luigi Comencini (photo ci-dessous).
Gina Lollobrigida devient alors une photojournaliste, très respectée dans la profession avec, notamment, une interview exclusive de Fidel Castro.
Parmi les apparitions de Gina Lollobrigida sur le petit et le grand écran dans les années 1980 et 1990, on citera quelques épisodes de la série Falcon Crest en 1984 et de la série La Croisière s’amuse en 1986, et sa participation aux Cent et une nuits de Simon Cinéma (1994) d’Agnès Varda et au film XXL (1997) d’Ariel Zeitoun (où elle est la mère envahissante du personnage joué par Michel Boujenah).
Gina Lollobrigida avait reçu en 1986 la Caméra de la Berlinale au festival de Berlin pour l’ensemble de sa carrière.