Carlos Saura (1932-2023)

Cinéaste espagnol emblématique de la période franquiste avec des films critiquant de façon acerbe la société espagnole sous la dictature, Carlos Saura est décédé le 10 février 2023 à l’âge de 91 ans.

Carlos Saura, d’abord photographe, avait signé à la fin des années 1950 son premier long métrage, Les Voyous, consacré à la jeunesse délinquante. C’est en 1966 avec La Chasse (1965), couronné par un Ours d’argent au festival de Berlin, qu’il est reconnu au niveau international. Carlos Saura décroche deux ans plus tard un nouvel Ours d’argent avec Peppermint frappé (1967), premier des neuf longs métrages tournés avec l’actrice Geraldine Chaplin qui devient sa compagne.

La fille de Charles Chaplin joue aussi dans Stress es tres, tres (1968), La Madriguera (1969), Le Jardin des délices (1970), Anna et les loups (1973), Cria Cuervos (1975), Elisa mon amour (1976), Les Yeux bandés (1977) et Maman a cent ans (1979).

Cette période est dominée par Cria Cuervos, Grand Prix spécial du festival de Cannes, où le cinéaste, à travers des flashbacks et une atmosphère mortifère, évoque un monde clos où vivent des fillettes (dont la jeune Ana Torrent, révélation du film) emmurées dans des mondes imaginaires et portant sur les adultes un regard sans indulgence. Autre film important des années 1970, Le Jardin des délices est une violente satire de la famille autour d’un milliardaire devenu paralytique.

En 1981, Carlos Saura remporte l’Ours d’or pour Vivre vite (1980), retour à la jeunesse délinquante et désœuvrée.

Dans les années qui suivent, le réalisateur, fou de musique et de danse, consacre l’essentiel des ses œuvres au flamenco (Noces de sang, 1981 ; Carmen, 1983 ; L’Amour sorcier, 1986 ; Flamenco, 1995), au tango (Tango, 1997) et au fado (Fados, 2007), au folklore argentin (Argentina, 2014), à l’opéra (Don Giovanni, naissance d’un opéra, 2009)… A noter qu’Isabelle Adjani (Antonieta, 1982) et Lambert Wilson (El Dorado, 1988) ont tourné sous la direction du cinéaste.

Carlos Saura avait été consacré par le monde du cinéma espagnol avec le film ¡Ay, Carmela! (1989), qui obtint 13 Goyas en 1991 (dont le meilleur film et le meilleur réalisateur).