Jean-Louis Trintignant (1930-2022)

Publié le par lefilmdujour

Né la même année que les défunts Steve McQueen, Jean Rochefort, Sean Connery, Richard Harris, Philippe Noiret et Maximilian Schell, et que Gene Hackman, Gena Rowlands et Clint Eastwood, toujours parmi nous, Jean-Louis Trintignant est décédé le 17 juin 2022 à l’âge de 91 ans.

Jean-Louis Trintignant monte à Paris en 1950 dans l’espoir d’être comédien en théâtre, ce qu’il sera tout au long de sa carrière, et réalisateur de cinéma, un rêve qu’il ne concrétisera qu’à deux reprises avec des films décalés à l’humour noir : Une journée bien remplie (1972), avec Jacques Dufilho, et Le Maître-nageur (1978) avec Guy Marchand.

Jean-Louis Trintignant et Brigitte Bardot dans Et Dieu... créa la femme (1956)

Au cinéma, la carrière du comédien est impressionnante avec plus de 110 longs métrages. Il commence à tourner au milieu des années 1950 et est remarqué  dans le rôle du jeune mari de Brigitte Bardot dans Et Dieu… créa la femme (1956) de Roger Vadim, réalisateur alors apparenté à la Nouvelle vague, qu’il retrouvera pour Les Liaisons dangereuses 1960 (1959), où il incarne un Danceny contemporain, et Château en Suède (1963), d’après l’œuvre théâtrale de Marguerite Duras.

Jean-Louis Trintignant et Françoise Fabian dans Ma nuit chez Maud (1969)

A cette époque, quelques réalisateurs de la Nouvelle vague emploient Jean-Louis Trintignant à l’instar de Jacques Doniol-Valcroze (Le Cœur battant, 1960), Jacques Demy (le sketch La Luxure des Sept péchés capitaux, 1961), Alain Cavalier (Le Combat dans l’île, 1961, où il n’hésite pas à incarner un activiste proche de l’extrême-droite pendant la guerre d’Algérie), Alexandre Astruc (La Longue marche, 1965), Claude Chabrol (Les Biches, 1967) ou encore Eric Rohmer (Ma nuit chez Maud, 1969)… L’acteur ne travaillera toutefois avec François Truffaut qu’à l’occasion du tout dernier film du réalisateur, Vivement dimanche ! (1982).

Jean-Louis Trintignant dans Le Grand silence (1967)

Dès la fin des années 1950, Jean-Louis Trintignant se fait aussi remarquer de l'autre côté des Alpes en tournant pour des réalisateurs aussi prestigieux que Valerio Zurlini (Été violent, 1959 ; Le Désert des Tartares, 1976), Dino Risi (Le Fanfaron, 1962), Bernardo Bertolucci (Le Conformiste, 1970, ), Luigi Comencini (La Femme du dimanche, 1975), Ettore Scola (La Terrasse, 1980 ; Passion d’amour, 1980). Une carrière italienne marquée aussi par sa présence dans des films de genre comme le western-spaghetti (Le Grand silence, 1967, de Sergio Corbucci, face à Klaus Kinski), le giallo (La Mort a pondu un œuf, 1967, de Giulio Questi, avec Gina Lollobrogida ; Si douces, si perverses, 1969, d’Umberto Lenzi, avec Carroll Baker), la comédie sexy (L’Amour à cheval, 1968, de Pasquale Festa Campanile, avec Catherine Spaak)…

 

Vu dans les deux premiers volets de la saga Angélique, Angélique, marquise des Anges et Merveilleuse angélique, signés en 1964 par Bernard Borderie, Jean-Louis Trintignant connaît la consécration internationale aux côtés d’Anouk Aimée dans Un homme et une femme (1965) de Claude Lelouch, récompensé par une Palme d’or au festival de Cannes et par un Oscar du meilleur film étranger. Lelouch que Trintignant retrouvera dans Le Voyou (1970), Viva la vie (1984), Partir, revenir (1984), Un homme et une femme, vingt ans déjà (1986) et Les Plus belles années d’une vie (2018), la dernière apparition de l’acteur sur grand écran (toujours face à Anouk Aimée).

Jean-Louis Trintignant dans Z (1968)

A partir du milieu des années 1960, Jean-Louis Trintignant enchaîne cinéma d’auteur, films grand public et théâtre et s’impose parmi les plus grands comédiens de sa génération. Il reçoit en 1968 l’Ours d’argent du meilleur acteur au festival de Berlin pour L’homme qui ment (1967) d’Alain Robbe-Grillet avec qui il a déjà travaillé sur Trans-Europ-Express (1966) et qui le dirigera encore dans Glissements progressifs du plaisir (1973) et Le Jeu avec le feu (1974).

Le comédien tourne aussi pour Costa-Gavras dans Z (1968), film qui lui vaut le prix d’interprétation au festival de Cannes, ainsi que pour Philippe Labro (Sans mobile apparent, 1971 ; La Crime, 1983), René Clément (La Course du lièvre à travers les champs, 1971), Yves Boisset (L’Attentat, 1972), Jacques Deray (Un homme est mort, 1972 ; Flic Story, 1975), Pierre Granier-Deferre (Le Train, 1972), Michel Drach (Les Violons du bal, 1973), Michel Deville (Le Mouton enragé, 1973 ; Eaux profondes, 1981), Michel Soutter (L’Escapade, 1973 ; Repérages, 1977), Robert Enrico (Le Secret, 1974), Christian de Chalonge (L’Argent des autres, 1978 ; Malevil, 1980), Francis Girod (La Banquière, 1980 ; Le Bon plaisir, 1983), Claude Berri (Je vous aime, 1980), André Téchiné (Rendez-vous, 1985), Régis Wargnier (La Femme de ma vie, 1986)…

Irène Jacob et Jean-Louis Trintignant dans Trois couleurs : rouge (1993)

A partir du milieu des années 1980, l’acteur décide de s’éloigner progressivement du cinéma, privilégiant le théâtre et de nouvelles activités. Dans les années 1990, on le voit quand même dans une dizaine de longs métrages et notamment dans Merci la vie (1990) de Bertrand Blier, Regarde les hommes tomber (1993), premier film de Jacques Audiard, Trois couleurs : rouge (1993) de Krzystof Kieslowski et Ceux qui m’aiment prendront le train (1997) de Patrice Chéreau.

En 2012 Jean-Louis Trintignant revient sur le grand écran aux côtés d’Emmanuelle Riva dans Amour de Michael Haneke, drame sur la maladie, la vieillesse et la mort. Son interprétation lui vaut le César du meilleur acteur.

Marié de 1954 à 1961 avec l’actrice Stéphane Audran, Jean-Louis Trintignant avait épousé Nadine Marquand, monteuse et future réalisatrice, en 1961. Il a tourné cinq films sous sa direction (Mon amour, mon amour, 1966 ; Le Voleur de crimes, 1968 ; Défense de savoir, 1973 ; Le Voyage de noces, 1975 ; L’Été prochain, 1984). Jean-Louis Trintignant devait jouer dans Ça n’arrive qu’aux autres (1971), histoire d’un couple uni frappé par la mort brutale de leur bébé de quelques mois (une tragédie qui avait touché Nadine et Jean-Louis Trintignant en 1969 avec le décès de leur fille Pauline), mais le film réunit finalement Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve. Nadine et Jean-Louis Trintignant sont également les parents de Marie Trintignant (1962-2003) et Vincent Trintignant, né en 1973. L’acteur avait épousé en 2000 la pilote de course Marianne Hoepfner.    

Publié dans Claps de fin

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