Umberto Lenzi (1931-2017)
Vrai touche-à-tout du cinéma italien avec soixante-dix films au compteur couvrant pratiquement tous les genres du cinéma bis transalpin, le réalisateur Umberto Lenzi est décédé le 19 octobre 2017 à l’âge de 86 ans.
Doté d’un réel savoir-faire artisanal et « d’une absence totale de personnalité ou simplement d’imagination » (Laurent Aknin, Cinéma bis, 50 ans de cinéma de quartier), Umberto Lenzi, qui a signé certains de ses films sous les pseudonymes de Hank Milestone ou de Humphrey Humbert, fut, pourrait-on dire, un suiveur prolifique.
Steve Reeves dans Sandokan, le tigre de Bornéo (1963), film d'aventures signé par Umberto Lenzi
Il passe à la mise en scène en s'attaquant à des films d'aventure ou de cape et d'épée. Après Marie la rousse, femme pirate (1961), notre homme enchaîne sans sourciller Catherine de Russie (1962), Le triomphe de Robin des Bois (1963) et Sandokan, le tigre de Bornéo (1963). Pour ce dernier long métrage, il fait appel au culturiste Steve Reeves qu'il retrouvera un an plus tard dans Les pirates de Malaisie (1964).
Une bonne adaptation de "fumetti" (Kriminal, 1967)
Puis Umberto Lenzi se lance dans le péplum avec Maciste contre Zorro (1964) qui, malgré son titre improbable, s'avère tristement banal ("Pourquoi pas Maciste contre Frankenstein, Tyson ou Mitterrand ?", s'interroge Jean Tulard dans son Guide des films).
Péplum encore avec le bien meilleur Hercule contre les mercenaires (1965). Puis, quand James Bond crève l'écran, Umberto Lenzi embraye sur les films d'espionnage en signant Suspense au Caire pour A 008 (1965) et Super 7 appelle le Sphinx (1966).
Le western-spaghetti jette ses dernières flammes ? Qu'à cela ne tienne ! Après un film de guerre très correct (Les chiens verts du désert, 1967) et une bonne adaptation de "fumetti" (Kriminal, 1967) (les fumetti sont des BD italiennes pour adultes), le réalisateur livre en 1968 Gringo joue et gagne puis La malle de San Antonio.
Un giallo signé Umberto Lenzi avec Jean-Louis Trintignant et l'Américaine Carroll Baker, la Baby Doll d'Elia Kazan
Dario Argento et Mario Bava lancent la mode du giallo ? Pas de problème !
Umberto Lenzi sait faire.
Il met en boîte le triptyque devenu désormais culte Orgasmo (1969), Paranoïa (1970) et Spasmo (1974) et signe, toujours dans le même genre, Si douces, si perverses (1969) et Le tueur à l'orchidée (1972).
Les cannibales vous souhaitent bon appétit dans Cannibal Ferox (1980) d'Umberto Lenzi
Par contre, et c'est tout à son honneur, c'est Umberto Lenzi qui lance la vogue du cannibalisme cinématographique avec Au pays de l'exorcisme (1972), connu aussi sous les appellations Cannibalis et Le pays du sexe sauvage.
Certes, le film n'est pas très gore - les sauvages ont les aisselles rasés, c'est tout dire ! -, mais Umberto Lenzi se rattrapera ultérieurement avec Cannibal Ferox (1980)... interdit dans 31 pays (selon le Livre des records) (photo ci-dessus). Faut dire qu'il avait été, entre temps, largement dépassé par les atrocités filmées par Ruggero Deodato dans Le dernier monde cannibale (1977), puis dans Cannibal Holocaust (1980).
Atmosphère délicieusement romantique dans La rançon de la peur (1974)
Lenzi a également filmé des polars à l'italienne. Pour les spécialistes, c'est d'ailleurs dans ce genre qu'il a produit ses meilleures œuvres. On lui doit ainsi La rançon de la peur (1974), film hyperviolent et pessimiste avec l'acteur Tomas Milian en dangereux psychopathe, drogué et névrosé (photo ci-dessus).
Toujours dans le même genre, Tomas Milian repassera devant la caméra du metteur en scène italien dans Bracelets de sang (1975), Brigade spéciale (1975), Le clan des pourris (1976) Le cynique, l'infâme, le violent (1977) et Échec au gang (1977).
Avec L'avion de l'apocalypse (1981), Umberto Lenzi paya aussi son écot au film de zombies - pas très frais en l'occurrence - et, avec La guerre du fer (1982), il livra un long métrage à mi-chemin entre Conan le barbare et La guerre du feu.
Ci-dessous la bande-annonce italienne de La rançon de la peur :