Claude Chabrol (1930-2010)
On peut être bon vivant et devoir, malgré tout, tirer sa révérence. Figure de la Nouvelle vague et réalisateur emblématique, Claude Chabrol est décédé le 12 septembre 2010. Il avait fêté ses 80 ans le 24 juin dernier.
A l'instar de Jean-Luc Godard, né lui aussi en 1930, d'Eric Rohmer, disparu le 11 janvier dernier, ou de François Truffaut, Claude Chabrol avait été critique aux Cahiers du cinéma. Il était passé à la mise en scène en 1959 avec Le Beau Serge, manifeste inaugural de la Nouvelle vague française suivi quelques mois plus tard par Les Cousins, Ours d'or à Berlin. Deux œuvres qui imposent les acteurs Jean-Claude Brialy et Gérard Blain.
Jean-Claude Brialy et Bernadette Lafont dans Le Beau Serge (1959)
Jusqu'à sa mort, Claude Chabrol, très prolifique, boucla bon an mal an un film par an.
Dans sa filmographie, une très grande période : celle qui court de la fin des années 1960 au milieu des années 1970, où il livre des études psychologiques et sociologiques au vitriol de la bourgeoisie avec une reconstitution fidèle de la vie provinciale.
C'est à cette époque qu'il signe La Femme infidèle (1968) avec Stéphane Audran - alors son épouse - et Michel Bouquet, Que la bête meure (1969) avec Jean Yanne et Michel Duchaussoy, Le Boucher (1970) avec Stéphane Audran et Jean Yanne, Les Noces rouges (1973) avec Stéphane Audran et Michel Piccoli.
Jean Yanne et Stéphane Audran dans Le Boucher (1970)
Avec Violette Nozière (1977), adaptation de la vie d'une célèbre parricide et matricide, Claude Chabrol contribue à lancer la carrière d'Isabelle Huppert qui décroche, grâce à ce rôle, le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes. La comédienne restera fidèle au metteur en scène en jouant encore six fois devant sa caméra : Une affaire de femmes (1988) (nomination au César de la meilleure actrice), Madame Bovary (1990), La Cérémonie (1995) (César de la meilleure actrice), Rien ne va plus (1997), Merci pour le chocolat (2000) et L'Ivresse du pouvoir (2005).
Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire dans La Cérémonie (1995)
Dans Bellamy (2008), son dernier film pour le grand écran, Claude Chabrol avait fait appel, pour la première fois, à Gérard Depardieu.
Bourré d'humour, Claude Chabrol s'était livré à un duo d'anthologie avec Marielle Goitschel à la grande époque de Droit de réponse, l'émission TV de Michel Polac. "Je ne comprends pas qu'on puisse prendre de l'argent aux riches pour le donner aux pauvres", avait tonitrué la championne de ski alpin, très marquée à droite, pour marquer sa franche opposition à l'impôt sur les grandes fortunes. "Mais, Marielle, parce qu'on ne peut pas faire le contraire !" avait lancé, hilare, le réalisateur. Un grand moment de la télé française...