Stéphane Audran (1932-2018)

Publié le par lefilmdujour

Indissociable de l’univers cinématographique de Claude Chabrol qui fut son mari de 1964 à 1980 et qui la fit tourner dans une vingtaine de longs métrages, l’actrice Stéphane Audran est décédée le 27 mars 2018 à l’âge de 85 ans.

Comédienne emblématique des années 1960 et 1970, Stéphane Audran joue dès ses débuts pour Chabrol. Elle est aux génériques des Cousins (1958), où elle obtient un petit rôle grâce à Gérard Blain qui l’a présentée au réalisateur, et des Bonnes femmes (1958), où elle partage l’affiche avec Bernadette Lafont et Clotilde Joano. Compagne de Chabrol dès 1959 (Stéphane Audran avait partagé la vie de Jean-Louis Trintignant de 1954 à 1956), l’actrice enchaîne alors les films devant la caméra de son pygmalion : L’Oeil du malin (1961), Landru (1962), La Ligne de démarcation (1966), Le Scandale (1966)…

Avec Les Biches (1967) où elle incarne une bourgeoise froide et égoïste face à Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Sassard, Stéphane Audran reçoit le prix d’interprétation au festival de Berlin.

C’est ce jeu quelque peu distant que Claude Chabrol va mettre à profit dans une suite de longs métrages, qualifiés parfois de cycle pompidolien, où la comédienne, dans des registres dramatiques, est au sommet de son art : La Femme infidèle (1968) où elle est l’épouse d’un Michel Bouquet glaçant, Le Boucher (1969) où elle est subjuguée par un Jean Yanne perturbé, La Rupture (1970) où elle est en butte aux manigances de son beau-père (encore Michel Bouquet), Juste avant la nuit (1970), où elle est à nouveau l’épouse de Michel Bouquet.

L’élégance et le magnétisme de Stéphane Audran séduisent alors Luis Buñuel qui la fait tourner dans Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), Oscar du meilleur film étranger.

La carrière de l’actrice devient alors plus éclectique. Elle travaille avec Philippe Labro (Sans mobile apparent, 1971), Samuel Fuller (Un pigeon mort dans Beethoven Street, 1972 ; Au-delà de la gloire, 1980), Claude Sautet (Vincent, François, Paul et les autres, 1974), Michel Audiard (Comment réussir quand on est con  et pleurnichard, 1974), Georges Lautner (Mort d’un pourri, 1977).

On la voit aussi dans quelques coproductions internationales comme Dix petits nègres (Collinson, 1974) et elle travaille avec Orson Welles sur l’inachevé The Other Side of The Wind. Mais Stéphane Audran reste toujours et encore fidèle à Claude Chabrol : Les Noces rouges (1972), Folies bourgeoises (1975), Les Liens de sang (1977), Violette Nozière (1977), film pour lequel elle reçoit un César de la meilleure actrice dans un second rôle (elle est la mère d’Isabelle Huppert qui incarne la célèbre parricide et qui deviendra la nouvelle égérie du réalisateur).

Dans les années 1980, Stéphane Audran se distingue encore par des rôles de personnages déplaisants où elle n’hésite pas à s’enlaidir comme dans Coup de torchon (1981) de Bertrand Tavernier ou Mortelle randonnée (1982) de Claude Miller.

Divorcée de Claude Chabrol en 1980, l’actrice n’en continue pas moins d’occuper des rôles plus ou moins secondaires pour le réalisateur dans des films comme Le Sang des autres (1983), Poulet au vinaigre (1984), Jours tranquilles à Clichy (1989) ou Betty (1991). A la même époque, elle tourne aussi dans des comédies plus ou moins oubliables dont on ressortira quand même Les Saisons du plaisir (1987) de Jean-Pierre Mocky où, avec Sylvie Joly, elles interprètent un duo impayable de nymphomanes sur le retour.

Stéphane Audran revient toutefois au premier plan avec l’inoubliable Festin de Babette (1987) de Gabriel Axel, Oscar du meilleur film étranger. Elle y est une ancienne chef cuisinière renommée qui a trouvé refuge, après la Commune, dans un petit village luthérien du Danemark où elle est au service de deux sœurs âgées et célibataires.

Dans les années 1990, Stéphane Audran s’éloigne petit à petit du grand écran mais elle est encore aux génériques d’Au petit Marguery (Bénéguy, 1995), Arlette (Zidi, 1996), Belle maman (Aghion, 1998), Le Pique-nique de Lulu Kreutz (Martiny, 1999),  Ma femme s’appelle Maurice (Poiré, 2002). Sa dernière apparition au cinéma remontait à une dizaine d’années (La Fille de Monaco, 2007, d’Anne Fontaine).

Publié dans Claps de fin

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