Emmanuelle Riva (1927-2017)

Publié le par lefilmdujour

Immortalisée par deux rôles marquants, étrangement placés aux deux extrémités de sa filmographie (Hiroshima mon amour, Resnais, 1958, photo ci-contre, et Amour, Haneke, 2011), l’actrice française Emmanuelle Riva est décédée le 27 janvier 2017 à l’âge de 89 ans.

Repérée sur une affiche par Alain Resnais (Emmanuelle Riva avait démarré sa carrière au théâtre en 1954), la comédienne interprète dans Hiroshima mon amour une actrice qui vit une brève et déchirante relation avec un Japonais dans le Hiroshima récemment atomisé et qui est poursuivie par le souvenir humiliant de Nevers, où elle a été tondue pour avoir aimé un soldat allemand.

On la voit ensuite dans le drame concentrationnaire Kapo (Pontecorvo, 1960), tant décrié par Les Cahiers du cinéma, puis face à Jean-Paul Belmondo en soutane dans Léon Morin prêtre (1961) de Jean-Pierre Melville (photo ci-contre). Pour le rôle de Thérèse Desqueyroux dans le film du même nom de Georges Franju tourné en 1962 d’après le roman de François Mauriac, Emmanuelle Riva est distinguée par la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine au festival de Venise. Elle retrouvera le réalisateur deux ans plus tard dans Thomas l’imposteur, adapté cette fois-ci d’une œuvre de Jean Cocteau.

Par la suite, l’actrice se fera plus discrète au cinéma, choisissant des films difficiles ou confidentiels : Le coup de grâce (Cayrol, 1964), La modification (Worms, 1969), L’homme de désir (Delouche, 1969), J’irai comme un cheval fou (Arrabal, 1973), Au long de la rivière Fango (Sotha, 1974), Le diable au cœur (Queysanne, 1975), Les jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (Binet, 1980), Les yeux, la bouche (Bellochio, 1982), Liberté la nuit (P. Garrel, 1983), Loin du Brésil (Tilly, 1991)…

Dans un cinéma plus accessible, elle est l’épouse de l’instituteur accusé d’attouchements sexuels par ses élèves et incarné par Jacques Brel dans Les risques du métier (Cayatte, 1967) (photo ci-contre), l’épouse du personnage joué par Victor Lanoux dans Y a-t-il un Français dans la salle ? (Mocky, 1982), la mère de Juliette Binoche dans Trois couleurs : bleu (Kieslowski, 1988), l’impayable tante Lyda de Nathalie Baye dans Vénus beauté (institut) (1998) de Tonie Marshall, la mémé un peu déphasée du Skylab (2010) de Julie Delpy.

Face à Jean-Louis Trintignant dans Amour, Palme d’or au festival de Cannes 2012, César du meilleur film et du meilleur réalisateur puis Oscar du meilleur film étranger, elle sublime le rôle d’une octogénaire atteinte d’une attaque cérébrale et hémiplégique dont la santé se dégrade inexorablement. Son interprétation lui vaut le César de la meilleure actrice et une nomination à l’Oscar.

Cette année, on verra encore Emmanuelle Riva au cinéma dans Paris pieds nus de Dominique Abel et Flora Gordon, dont la sortie est prévue en mars prochain.   

Publié dans Claps de fin

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