Ciné classic par Sal Obscur : L’Amant de Lady Chatterley

Publié le par lefilmdujour

Un film de Marc Allégret (1955) avec Danielle Darrieux, Leo Genn, Erno Crisa, Jean Murat...

La version du roman L’Amant de Lady Chatterley réalisée par le Français Marc Allégret en 1954 est la première adaptation pour le cinéma de l’œuvre sulfureuse (pour l’époque en 1928) de D.H. Lawrence. 

L’histoire est connue : une jeune femme mariée à un mari paralysé et impuissant, grand propriétaire terrien, se lance dans une liaison, d’abord sensuelle puis amoureuse, avec le garde-chasse du domaine. 

Dans le film de Marc Allégret (ce n'est pas le cas semble-t-il dans le roman), Chatterley pousse son épouse, qui lui est dévouée mais dont le quotidien est d’une monotonie délétère, à profiter d’un voyage en Italie pour s’engager dans des aventures avec des hommes de son rang afin de tomber enceinte et de lui ramener un héritier (mâle, cela va de soi…). La jeune femme tombe bien enceinte… mais d’un homme de niveau social inférieur (et quasiment sous le nez du mari). 

La version cinématographique de Marc Allégret, qui reste très prude visuellement mais qui s’avère assez explicite dans les regards et les paroles échangés, vaut surtout pour l’interprétation de Danielle Darrieux, alors au sommet de sa gloire, qui donne une réelle profondeur à Lady Chatterley, partagée entre la fidélité à son mari handicapé et son attirance physique (et sa passion dévorante) pour le beau garde-chasse qui apparaît comme un homme intègre, intelligent et solitaire, blessé psychiquement par un mariage raté. 

Si l’apparence du monsieur est certes impeccable (l’acteur italien Erno Crisa est un ancien culturiste qui jouera dans plusieurs péplums dans les années 1960 avant de décéder brutalement en 1968), son jeu apparaît néanmoins figé et son charisme s’en ressent (d’autant qu’il est doublé vocalement), et la fascination qu’il exerce sur Lady Chatterley n’apparaît pas, de ce fait, particulièrement naturelle. 

On notera un portrait à charge de Sir Clifford Chatterley, joué par le Britannique Leo Glenn, nommé quelques années plus tôt à l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation de Pétrone dans Quo Vadis (1951) de Mervyn Le Roy. Mépris des classes inférieures, exploitation sans vergogne du patrimoine forestier, appât du gain, des défauts tout juste compensés par une sollicitude de tous les instants envers sa jeune épouse… qu’il n’hésitera pas à pousser dans les bras d’autres hommes pour assurer sa descendance. (On a connu des comportements matrimoniaux plus rigoristes… mais quand il s'agit de faire perdurer le nom dans les "grandes familles", les écarts de conduite sont adoubés ; le nobliau en sera toutefois pour ses frais.)

On se souviendra que Just Jaeckin a réalisé en 1981 une version gentiment érotique du roman de D.H. Lawrence avec Sylvia Kristel, Shane Bryant et Nicholas Clay (décédé en 2000 à l'âge de 53 ans). 

Sal Obscur  

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