Le Film du jour n°100 : Touch'pas à mon biniou

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°100 : Touch'pas à mon biniou
Un film français de Bernard LAUNOIS (1980) avec Sim, Florence Blot, Henri Genès, Jeannette Batti, Robert Rollis...
De Auray, sortie de l'église (1896) des frères Lumière à Petits arrangements avec les morts de Pascale Ferran (1994), longue est la liste des films dont tout ou partie ont été tournés en Bretagne. On ne les énumérera pas tous, rassurez-vous, mais, parmi les grands moments du cinéma filmés au pays breton, on citera Finnis Terrae (Epstein, 1928), Remorques (Grémillon, 1939) avec Jean Gabin, Michèle Morgan et Madeleine Renaud, Les vacances de Monsieur Hulot (Tati, 1951), fim tourné à Saint-Marc-sur-Mer près de Saint-Nazaire, Que la bête meure (Chabrol, 1969) avec Jean Yanne, Que la fête commence (Tavernier, 1975) avec Noiret et Rochefort, ou bien encore Mon oncle d'Amérique (Resnais, 1980), filmé en partie dans le golfe du Morbihan.
Le Film du jour n°100 : Touch'pas à mon biniou

La Bretagne peut aussi fait bonne figure dans des chefs d'oeuvre du cinéma français. La preuve !

La Bretagne est également présente dans Le dolmen tragique - comme son nom l'indique - (Mathot, 1947), Le blé en herbe (Autant-Lara, 1953), L'hôtel de la plage (M. Lang, 1977), Le cheval d'orgueil (1980), œuvre inspirée du livre de Pierre-Jakez Hélias, ou La Baule-les-Pins (Kurys, 1985). L'Armorique au rayon comédie, c'est aussi Bécassine (Caron, 1939), d'après le personnage dessiné par Pinchon et avec Paulette Dubost dans le rôle-titre, Vos gueules les mouettes (Dhéry, 1974) et ce "fameux" Touch'pas à mon biniou. Mais pour ces derniers titres, je ne suis pas sûr que la Bretagne en soit vraiment fière...
Touch'pas à mon biniou, l'histoire : Inutile de chercher une quelconque signification sexuelle dans le mot biniou, bande de petits salopards ! Le film raconte tout bonnement les problèmes de Gaëtan, un joueur de biniou, qui désire se rendre à Paris avec son ami Maurice pour assister à un tournoi de poker. Mais sa femme est insupportable et pingre (qui a dit : la mienne aussi ?) Une seule solution : cacher l'argent du voyage dans l'instrument à zizique ! Pour une critique circonstanciée de ce nanar insondable, je vous renvoie à l'excellent article écrit par les rédacteurs du site Nanarland ici.
Le Film du jour n°100 : Touch'pas à mon biniou

Touch'pas à mon biniou a aussi été exploité sous le titre Gueules de vacances... sans aucune incidence sur le contenu du film, toujours aussi atroce !

Que dire de Bernard Launois, le monsieur qui a commis ce Touch'pas à mon biniou ? Pas grand-chose d'intelligent (ça me changera pas, vous me direz...). Issu de la galaxie Eurociné, il apparaît d'abord comme acteur dans quelques films produits par cette firme française un peu miteuse qui connut son heure de gloire dans les années 70. Créé par un certain Marius Lesoeur, Eurociné était spécialisé dans les films érotiques "fauchés avec petites culottes" et les films d'horreur "fauchés avec grosses ficelles". Les deux genres pouvaient parfois être étroitement mêlés pour la plus grande joie des spectateurs pas trop regardants sur la marchandise (Train spécial pour Hitler, Gartner, 1976). Des cinéastes comme Jesus Franco (voir Deux espionnes avec un petit slip à fleurs), Pierre Chevalier, Jean Rollin (voir Ne prends pas les poulets pour des pigeons) ou Alain Payet ont travaillé pour Eurociné.
Mais ne nous égarons pas sur des chemins de traverse et revenons à Bernard Launois. Ce monsieur fut aperçu en galante compagnie dans Une fille libre (Pierson, 1969) et Pigalle, carrefour des illusions (Chevalier, 1971), avant de signer lui-même des films un tantinet lestes comme Lâchez les chiennes (1972), Les dépravées du plaisir (1975) ou Les machines à sous (1976) (inutile de préciser ce qu'étaient ces fameuses machines à sous...).
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Une autre "comédie" signée Bernard Launois

Sans doute fatigué de filmer avec complaisance des nichons et des fesses qui n'ont rien à dire et qui ne sont même pas drôles, Bernard Launois boucle en 1980 un diptyque qui figurera à jamais au panthéon de la comédie franchouillarde : Touch'pas à mon biniou et Sacrés gendarmes. Avec, d'ailleurs, à peu près les mêmes acteurs. Ces comiques impayables et ces garants de la bonne humeur que sont Jacques Balutin et Robert Castel, absents du premier film, font toutefois partie de la fine équipe des Sacrés gendarmes.
Bernard Launois finira en beauté sa carrière de réalisateur avec Il était une fois... le diable (1985), un film fantastique à la limite de l'ésotérisme (à cause d'un scénario indigent flirtant avec le n'importe quoi, et des acteurs d'une nullité frisant le grandiose). A la clé : faux raccords en veux-tu en voilà, serial killer à la gueule ravagée et sanglé dans un uniforme SS, dialogues sans queue ni tête, momie échouée sur les plages de Normandie, chat noir omniprésent (le diable probablement, comme dirait Robert Bresson)...
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Sim

Né le 21 juillet 1926, le comédien et humoriste Sim (Simon Berryer de son vrai nom), acteur principal de Touch'pas à mon biniou, est décédé le 6 septembre 2009 d'une embolie pulmonaire, faisant suite à une pneumonie. Sim, c'était d'abord une tronche pas possible et un rôle immortalisé au cabaret puis à la télévision, chez Guy Lux : l'inoubliable et hilarante baronne de la Tronche-en-Biais.
Bizarrement, Sim avait peu joué au cinéma. Il y fit une première apparition en 1958 dans Les gaîtés de l'escadrille (Péclet) avant de servir Michel Audiard dans deux films mis en scène par le dialoguiste : Une veuve en or (1969) avec Michèle Mercier dans le rôle-titre, puis Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause (1970), avec Annie Girardot en tête d'affiche.
On le vit aussi dans Les mariés de l'an II (Rappeneau, 1971) entre Bébel et Marlène Jobert. Puis il enchaîna les nanars chez Philippe Clair (La grande maffia, 1971 ; La brigade en folie, 1973), Christian Caza (La grande nouba, 1974, sur un scénario de Grosso et Modo) ou Bernard Launois (Touch'pas à mon biniou et Sacrés gendarmes donc, si vous avez suivi...).
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Alice Sapritch et Sim dans Drôles de zèbres (1977) de Guy Lux (image : www.toutlecine.com)

Les amateurs de faciès originaux que sont Mocky et Fellini ne pouvaient pas passer à côté de Sim. L'inoubliable interprète de "J'aime pas les rhododendrons", "Quoi, ma gueule ?" et "Où est ma chemise grise" (dans un duo grandiose avec Patrick Topaloff) brilla ainsi dans Le roi des bricoleurs (1977) signé par le Français, et dans La vocce della luna (1990), le dernier film mis en scène par l'Italien. Sim fit également partie du casting du seul long métrage bouclé par Guy Lux (Drôles de zèbres, 1977) et du premier film de Gérard Jugnot en tant que metteur en scène (Pinot simple flic, 1984).
Plus récemment, l'humoriste avait atteint une sorte de consécration en jouant au cinéma un rôle apparemment taillé pour lui, celui du vieillard ingambe Agecanonix dans Astérix et Obélix contre César (Zidi, 1999), rôle qu'il endossa à nouveau dans Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques (Langmann/Forestier, 2008). Au moment de son décès, Sim était le plus ancien pensionnaire de l'émission radiophonique "Les grosses têtes" de RTL. Il avait limité ces dernières années ses engagements d'acteur à la série TV "Louis la brocante", aux côtés de Victor Lanoux.
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Publié dans Titres à nanars

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