Paulette Dubost (1910-2011)
L'actrice française Paulette Dubost, considérée comme la doyenne du cinéma français, est décédée le 21 septembre 2011 à l'âge de 100 ans. Elle aurait fêté son 101e anniversaire le 8 octobre prochain. En 2005, Laurent Ruquier et sa bande l'avait malencontreusement déjà enterrée dans "On a tout essayé". La vieille dame ne s'était pas démontée pour si peu et avait passé un coup de fil à la chaîne pour préciser que non, décidément, réflexion faite, elle n'était pas encore passée de vie à trépas... Ce qui lui avait valu une invitation en bonne et due forme sur le plateau de l'animateur quelques semaines plus tard ! Paulette Dubost a donc pulvérisé les records de longévité pour les acteurs français "célèbres", longtemps détenus par Charles Vanel (1892-1989) chez les hommes et par Denise Grey (1896-1996) chez les dames...
Paulette Dubost entre en scène dès l'âge de sept ans dans la troupe des Petits rats de l'Opéra. Après un passage par l'opérette, elle est repérée par le réalisateur allemand Wilhelm Thiele qui l'engage pour Le bal (1931), où débute également une dénommée Danielle Darrieux. Tout de suite, Paulette Dubost enchaîne les films. "Elle chante, elle danse, elle bavarde, elle se faufile partout, Dubost, écrivent Olivier Barrot et Raymond Chirat dans Noir & Blanc (Flammarion). Elle prodigue un jeu simplet mais empreint de fraîcheur. Elle ne rechigne devant rien, abat du travail, se confie aux revues spécialisées du temps, donne des recettes de cuisine, ne rate pas une présentation de mode, une garden-party, une exhibition de voitures de luxe ou de maillots de bain et semble frappée d'ubiquité".
Paulette Dubost et Nora Gregor dans La règle du jeu (Renoir, 1939)
Au cours des années 30, Paulette Dubost se distingue (souvent en soubrette volage et mignonne) dans des comédies très légères comme La reine des resquilleuses (Glass & Gastyne, 1934), L'auberge du Petit Dragon (de Limur, 1934), Le bébé de l'escadron (Sti, 1935), La brigade en jupons (de Limur, 1936), etc. Dans Le roi des Champs-Elysées (Nosseck, 1935), elle donne même la réplique à Buster Keaton ! De grands metteurs en scène font aussi appel à Paulette Dubost, à l'instar de Marcel L'Herbier (Le bonheur, 1934), Marcel Carné (Hôtel du Nord, 1938) et Jean Renoir (La règle du jeu, 1939, où elle joue la fameuse camériste espiègle). Vingt ans plus tard, elle retrouvera Renoir à l'occasion du Déjeuner sur l'herbe (1959).
Paulette Dubost fut Bécassine à l'écran, bien avant que la petite paysanne bretonne ne devienne la cousine de Chantal Goy (image : www.aide-memoire.com)
C'est aussi sous les traits de Paulette Dubost que s'incarne la bretonne Bécassine dans le film du même nom réalisé en 1938 par Pierre Caron. Après-guerre, Mademoiselle Dubost ne lève pas le pied. Si elle enchaîne les navets signés Berthomieu, Le Hénaff, Rivers, Joannon ou Jayet plus souvent qu'à son tour, on l'aperçoit quand même dans Le plaisir (1951) et Lola Montès (1955) de Max Ophüls, La fête à Henriette (1952) de Julien Duvivier et dans Maigret tend un piège (1959) de Jean Delannoy. La nouvelle génération de cinéastes qui apparaît au détour des années 50 ne l'oublie pas : Le chemin des écoliers (Boisrond, 1960), Peau de banane (Marcel Ophüls, 1963), Viva Maria (Malle, 1965), Le dimanche de la vie (Herman, 1965), Tendre poulet (de Broca, 1977), Le dernier métro (Truffaut, 1980), etc. On passera quand même sous silence ses passages dans Le retour des bidasses en folie (Vocoret, 1982) et dans Charlots Connection (Couturier, 1984).
Michel Galabru et Paulette Dubost dans Le jour des rois (Treilhou, 1990) (image : www.allocine.fr)