Ciné classic par Sal Obscur : Du soleil plein les yeux
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Un film de Michel Boisrond (1969), disponible en DVD chez Gaumont
Réalisé à la fin des années 1960, Du soleil plein les yeux est très loin d’être l’œuvre la plus connue du réalisateur Michel Boisrond qui, dès son premier long métrage, Cette sacrée gamine (1955), fait tourner Brigitte Bardot... avec qui il signera trois autres films (Une Parisienne, 1957 ; Voulez-vous danser avec moi ? 1959 ; Les Amours célèbres, 1961, face à un certain Alain Delon).
Avec Du soleil plein les yeux, Michel Boisrond retrouve deux acteurs passés devant sa caméra quelques mois plus tôt, Renaud Verley et Bernard Le Coq, pour La Leçon particulière (1968) en l'occurrence. Ici les deux acteurs jouent des frères aux caractères opposés.
Le premier, Vincent (25 ans), est un interne de médecine plutôt rigide à la vie réglée comme du papier à musique ; le second, Bernard (18 ans), est plutôt insouciant et vient de rater son baccalauréat. Leurs parents sont divorcés et l’aîné reproche à son père, qui travaille et vit au Maroc, de s’être remarié. De passage à Rennes, où habite leur mère, ce dernier n’en invite pas moins ses deux enfants et Geneviève, la fiancée de Vincent, à venir passer les prochaines vacances chez lui.
Sur place, alors que Vincent reste hostile envers la nouvelle famille de son père, les trois jeunes décident d’explorer en voilier la côte marocaine. L’occasion de faire de nouvelles rencontres et notamment, lors d’un passage dans un club de vacances, une très belle Suédoise accorte et entreprenante (Janet Agren, qui fera par la suite une belle carrière en Italie). Séduite par le ténébreux Vincent qui préfère d’abord rester sur son quant-à-soi, la belle courtise Bernard pour mieux prendre dans ses filets l’aîné de la fratrie. Une aventure d'un été qui permettra à Vincent de relativiser et de modérer ses positions intransigeantes envers son père.
Tourné en 1969, le film – qui décrit une société pas forcément chamboulée par les événements de mai 1968 – semble n’avoir aucune visée politique évidente et pourrait passer à première vue pour une bluette insipide, mais il décrit néanmoins avec une grande précision une certaine jeunesse bourgeoise provinciale de l’époque sans recourir à des effets dramatiques. Tout se passe sans réels heurts et confrontations et c’est la justesse exceptionnelle des acteurs qui fait tout l’intérêt de cette chronique sentimentale et légèrement sensuelle d’un été. Cerise sur le gâteau : une jolie ritournelle concoctée par Francis Lai et chantée avec Séverine (avant le Concours Eurovision remporté en 1971 avec Un banc, un arbre et une rue).
Sal Obscur