Albert Finney (1936-2019)

Publié le par lefilmdujour

Comédien emblématique du Free Cinema britannique et nommé quatre fois à l’Oscar du meilleur acteur, Albert Finney, qui reste inoubliable par sa composition du détective Hercule Poirot dans Le Crime de l’Orient-Express (1974) de Sidney Lumet, est décédé le 7 février 2019 à l’âge de 82 ans.

Acteur de théâtre ayant suivi une formation à l’Académie royale d’art dramatique, puis à la Royal Shakespeare Company, Albert Finney est révélé au cinéma dans Samedi soir et dimanche matin (1960) de Karel Reisz, film manifeste du Free Cinema, l’équivalent britannique de la Nouvelle Vague française. Il y joue un jeune ouvrier de 24 ans qui s’étourdit dans les pubs le week-end. Mais c’est Tom Jones (1963) de Tony Richardson qui le rend célèbre dans le rôle d’un mauvais garçon sympathique en quête d’une famille dans la haute société britannique du XVIIIe siècle.

Albert Finney est Tom Jones en 1963 dans un film de Tony Richardson

Refusant le rôle de Lawrence d’Arabie finalement dévolu à Peter O'Toole, Albert Finney enchaîne sur Les vainqueurs (Foreman, 1963), film de guerre au casting international (George Hamilton, George Peppard, Melina Mercouri, Jeanne Moreau, Romy Schneider, Elke Sommer…) et sur le thriller La Force des ténèbres (1963), également de Karel Reisz.

On le retrouve trois ans plus tard en covedette avec Audrey Hepburn dans Voyage à deux (1966) de Stanley Donen, radiographie cruelle d’un couple presque ordinaire, puis il signe avec Charlie Bubbles (1967) un long métrage en forme d’autoportrait distancié et parodique. 

Albert Finney en Hercule Poirot dans Le Crime de l'Orient-Express

Devenu producteur de films comme If (1968) et Le meilleur des mondes possibles (1973) de Lindsay Anderson, Bleak Moments (1971) de Mike Leigh ou Gumshoe (1971) de Stephen Frears (où il incarne un homme qui rêve de devenir un détective privé), il endosse le costume d’un Hercule Poirot plus vrai que nature dans Le Crime de l’Orient-Express (1974), qui lui vaut sa deuxième nomination à l’Oscar du meilleur acteur (après celle obtenue pour Tom Jones).

Refusant de rejouer une nouvelle fois le célèbre détective belge (il sera remplacé par Peter Ustinov dans Mort sur le Nil), Albert Finney s’illustre par la suite en Fouché dans Duellistes (1977) de Ridley Scott, qu’il retrouvera bien des années plus tard pour Une grande année (2006), puis dans les films fantastiques Wolfen (Wadleigh, 1980) et Looker (Crichton, 1981), dans L’Usure du temps (Parker, 1982), chronique amère du mariage avec Diane Keaton, et dans L’Habilleur (Yates, 1983), où il est une vedette de théâtre shakespearien sur le déclin (Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin et nouvelle nomination à l’Oscar à la clé).

Jacqueline Bisset et Albert Finney dans Au-dessous du volcan de John Huston (source : IMDB)

L’acteur tourne également par deux fois avec John Huston, d’abord dans la comédie musicale Annie (1982), puis dans Au-dessous du volcan (1984), adaptation du roman de Malcolm Lowry avec Jacqueline Bisset où il incarne un ancien consul britannique au Mexique en pleine dérive alcoolique. Sur petit écran, il incarne en 1984 le pape Jean-Paul II et, sur scène, il remporte le Laurence Olivier Award pour la pièce Les Enfants de l’impasse de Lyle Kessler (et un rôle qu’il reprend dans l’adaptation cinématographique tournée par Alan J. Pakula en 1987). Albert Finney étonne en chef des mafieux du gang irlandais dans Miller's Crossing (1990) des frères Coen. Il est encore en tête d’affiche en cocu pathétique dans Les Leçons de la vie (1994) de Mike Figgis et en homosexuel  digne et héroïque dans Un homme sans importance (1994) de Suri Krishnamma.

Julia Roberts et Albert Finney dans Erin Brockovich de Steven Soderbergh (Copyright Jersey Films)

L’acteur décroche une cinquième nomination à l’Oscar, du meilleur second rôle cette fois-ci, pour son rôle aux côtés de Julia Roberts dans Erin Brockovich, seule contre tous (1999) de Steven Soderbergh avec qui il tournera aussi Traffic (2000) et Ocean’s Twelve (2004).

Anouk Aimée et Albert Finney lors de leur mariage en 1970 (source : whodatedwho.com)

Dans les années 2000, Albert Finney travaille avec Tim Burton (Big Fish, 2003), Paul Greengrass (La Vengeance dans la peau, 2007, dans un rôle qu’il reprendra dans Jason Bourne : l’héritage, 2011, de Tony Gilroy), Sidney Lumet à nouveau (7h58 ce samedi-là, 2007, où il est le père de Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke). On le voit une dernière fois sur grand écran dans le rôle du vieux garde-chasse de la famille Bond dans Skyfall (2011) de Sam Mendes.

Albert Finney avait été marié quatre fois, sa deuxième épouse, de 1970 à 1978, n’étant autre que l'actrice française Anouk Aimée.   

Publié dans Claps de fin

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