Le Film du jour n°31 : La Grande Zorro
Titre original : Zorro, the gay blade
Un film américain de Peter MEDAK (1981) avec George Hamilton, Lauren Hutton, Brenda Vaccaro...
Créé en 1919, le personnage de Zorro hante les salles obscures dès l'année suivante grâce au Signe de Zorro de Fred Niblo, futur réalisateur de la version muette de Ben Hur. Dans le rôle-titre, un Douglas Fairbanks au top de sa forme.
Vingt ans plus tard, le film a droit à un remake mis en boîte par le vétéran Rouben Mamoulian. Considérée comme la meilleure jamais portée à l'écran - ce n'est pas le Zorro (1974) de Duccio Tessari joué par Alain Delon, ni Le Masque de Zorro (Campbell, 1998) avec Antonio Banderas, qui ont pu remettre en cause ce jugement -, cette version voit le rôle du justicier masqué endossé par Tyrone Power. Énorme succès à l'époque, Le Signe de Zorro dans sa mouture 1940 se veut une riposte apportée par la Fox au Robin des Bois de la Warner, Tyrone Power étant alors présenté comme le grand concurrent d'Errol Flynn au rayon des bretteurs sans peur et sans reproche.
Le Signe de Zorro (Mamoulian, 1940) est toujours considéré comme le meilleur Zorro au cinéma
Par la suite, Zorro connaît de multiples aventures, tant au cinéma qu'à la télévision, où c'est Guy Williams qui s'y colle pour signer du fameux Z.
De façon tout à fait improbable, le justicier rencontre même D'Artagnan dans Zorro et les trois mousquetaires (Capuano, 1963) et le colosse de péplum Maciste dans Maciste contre Zorro (Lenzi, 1962) (il n'y a que les Italiens pour avoir des idées pareilles !). Notre homme est même une femme (si, si) dans Zorro, le vengeur masqué (Bennett et Grissell, 1944) ! Alors pourquoi pas un Zorro homo et efféminé, comme dans le Film du jour qui se veut une parodie du genre, on l'aura deviné !
La Grande Zorro, l'histoire : Le jour où Don Diego de La Vega ne peut plus faire régner la justice lui-même parce qu'il s'est foulé la cheville, il appelle son frère jumeau à la rescousse pour le remplacer. Petit problème, celui-ci est un homosexuel très efféminé... et son long séjour dans la Marine, censé le faire devenir "un homme, un vrai", ne l'a guère transformé. Le frérot accepte néanmoins le défi. A quelques conditions près. Sa tenue ne sera pas noire mais colorée (avec des teintes prune tout à fait seyantes), et il préférera déculotter ses ennemis plutôt que de les marquer du Z fatidique... Tout ça est de très bon goût, comme on peut le voir, et mérite tout juste un... "Zorro" pointé.
George Hamilton
Né en 1939 et actif à la télévision jusqu'en 2019, le toujours bronzé George Hamilton débute sa carrière cinématographique dans la catégorie jeune premier, rayon "beau brun ténébreux". Il fait des débuts remarqués chez Vincente Minnelli aux côtés de Robert Mitchum et George Peppard dans le flamboyant Celui par qui le scandale arrive (1960). Puis il escorte Lana Turner dans Par l'amour possédé (Sturges, 1961) et Cyd Charisse dans Quinze jours ailleurs (Minnelli, 1962). On le voit même batifoler avec Jeanne Moreau et Brigitte Bardot dans Viva Maria (1965) de Louis Malle.
Mais, en 1966, sa liaison avec la fille du président Lyndon Johnson (oui, celui qui a fait zigouiller Kennedy... tout du moins si l'on en croit Oliver Stone) crée un mini-scandale et met un coup d'arrêt à sa belle carrière sur grand écran. George Hamilton se réoriente donc tout naturellement vers la télévision. Ses apparitions au cinéma se limitent par la suite à de petits films ou à des parodies du type La Grande Zorro ou Le Vampire de ces dames (Dragoti, 1979). On l'aperçoit néanmoins en cardinal dans Le Parrain III (1990) de Coppola et chez Woody Allen dans Hollywood Ending (2002).
Lauren Hutton
Née en 1943, Lauren Hutton, également à l'affiche de La Grande Zorro, doit son entrée dans le monde du cinéma à sa carrière de top-modèle (elle a fait 25 fois la couverture de Vogue, c'est pour dire...). Le cinéphile (ou l'amateur de jolies filles) averti l'aura repérée dans Un mariage (Altman, 1978), puis dans dans American Gigolo (Schrader, 1980) aux côtés de Richard Gere.
Son titre de gloire reste toutefois le personnage de Clotilde de Watteville dans Hécate, maîtresse de la nuit (1982), le film envoûtant du suisse Daniel Schmid, inspiré du roman homonyme de Paul Morand. Mystérieuse et perverse à souhait, elle y fait chavirer le cœur et l'esprit d'un Bernard Giraudeau, tout mou et tout faiblard devant la créature. Elle pointe aussi aux génériques de plusieurs films français, et notamment dans Tout feu, tout flamme (Rappeneau, 1981) (avec Isabelle Adjani et Yves Montand) et dans Flagrant désir (Faraldo, 1986), où elle côtoie Marisa Berenson et Arielle Dombasle.