Yves Boisset (1939-2025)

Publié le par lefilmdujour

Représentant, à l'instar d'un Costa-Gavras, d’un certain cinéma politique « de gauche » dans les années 1970, le réalisateur Yves Boisset est décédé le 31 mars 2025 à l’âge de 86 ans. 

Collaborateur de revues spécialisées comme Cinéma ou Midi-Minuit fantastique, Yves Boisset est assistant réalisateur de cinéastes comme Yves Ciampi, Jean-Pierre Melville, Claude Sautet, René Clément ou Riccardo Freda et passe à la mise en scène à la fin des années 1960 avec deux séries B : Coplan sauve sa peau (1967) avec Claudio Brook, Margaret Lee et Klaus Kinski, et Cran d’arrêt (1969) avec Bruno Cremer et Renaud Verley. 

Avec Un condé (1970), le réalisateur se lance dans le film de dénonciation. Michel Bouquet y est un policier froid, voire sadique, qui n’hésite pas à enfreindre la loi pour venger la mort d’un ami et collègue. Le film connaît des problèmes avec la censure… 

Yves Boisset récidive avec L’Attentat (1972), reconstitution de l’affaire Ben Barka, du nom de l’opposant marocain enlevé et assassiné en 1965 sur le territoire français par des barbouzes... 

Le gouvernement pompidolien tique mais le réalisateur a trouvé son créneau et va enchaîner les sujets à controverse : la guerre d’Algérie avec R.A.S. (1972), le racisme avec Dupont Lajoie (1974), l’assassinat du juge Renaud par le SAC dans Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1976), les réseaux pédophiles avec La Femme flic (1979), les dangers de la téléréalité avec Le Prix du danger (1982). 

A cette époque, de grands acteurs français n'hésitent pas à passer devant la caméra d’Yves Boisset : Jean-Louis Trintignant (L’Attentat), Michel Piccoli (L’Attentat, Le Prix du danger), Michel Bouquet (Un condé, L’Attentat), Bruno Cremer (L’Attentat, Le Prix du danger), Philippe Noiret (L’Attentat), François Périer (L’Attentat), Jean Carmet (Dupont Lajoie), Patrick Dewaere (Le Juge Fayard), Miou-Miou (La Femme flic), Gérard Lanvin (Le Prix du danger), etc.

Entre ces films « politiques », Yves Boisset tourne aussi des films policiers et des thrillers (Folle à tuer, 1975, avec Marlène Jobert ; Canicule, 1983, avec Lee Marvin, Miou-Miou, Jean Carmet et Victor Lanoux), des comédies de mœurs (Un taxi mauve, 1976, avec Philippe Noiret et Charlotte Rampling ; La Clé sur la porte, 1978, avec Annie Girardot et Patrick Dewaere), un film d’espionnage (Espion lève-toi, 1981, avec Piccoli, Cremer et Lino Ventura)… 

Les années Mitterrand sont moins favorables aux questions politiques sur grand écran, surtout lorsqu’elles sont traitées de façon manichéenne (ce qui est parfois le « défaut » d’Yves Boisset), et les derniers films tournés pour le cinéma par le réalisateur ne rencontrent guère de succès à l'instar de Bleu comme l’enfer (1985) avec Lambert Wilson, La Travestie (1987) avec Zabou, Radio corbeau (1988) avec Claude Brasseur, Pierre Arditi, Christine Boisson et Evelyne Bouix, La Tribu (1990). 

Yves Boisset retrouvera une nouvelle vigueur à la télévision en signant des œuvres ambitieuses comme L’Affaire Seznec (1993), L’Affaire Dreyfus (1995), Le Pantalon (1997), Jean Moulin (2002), L’Affaire Salengro (2009)… 

Dupont Lajoie avait été couronné d’un Ours d’argent spécial du jury lors du festival de Berlin et Le Juge Fayard s’était vu attribuer le prix Louis-Delluc 1978.

Source : Dictionnaire du cinéma populaire français, éditions Nouveau Monde

Publié dans Claps de fin

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