Ciné actu par Jean Aymar de Thou : Bird
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Un film d’Andrea Arnold (2023), sorti dans les salles le 1er janvier 2025
A travers ses films, la réalisatrice britannique Andrea Arnold démontre qu’elle connaît bien les banlieues déshéritées, le sous-prolétariat et les familles dysfonctionnelles. C’est encore le cas avec Bird, son cinquième long métrage de fiction.
Mais, loin d’être misérabiliste et de tomber dans une noirceur systématique à l’instar, récemment, de Leurs enfants après eux des frères Boukherma (qui sombre finalement dans le ridicule), le film prend le parti du conte pour éclairer la vision du monde d’une gamine de 12 ans qui vit dans un squat avec son frère de 14 ans et leur père immature (qui n’a même pas la trentaine). Une ado qui doit aussi composer avec la violence à laquelle le petit ami de sa mère soumet ses demi-sœurs et son demi-frère…
La jeune Bailey, qui semble être la seule à avoir un certain sens des responsabilités et qui goûte l’innocence de la nature en général et la liberté des oiseaux en particulier, reçoit de manière inattendue le soutien d’un garçon atypique et étrange, surnommé… Bird justement (et joué par l’excellent Franz Rogowski, habitué des rôles d’écorchés vifs).
A la lisière du fantastique, le film, sans esquiver la réalité sordide de quartiers à l’abandon et les séquelles du déterminisme social, esquisse alors une voie pour Bailey vers un monde meilleur où « il n’y a pas à s’inquiéter », où elle pourra déployer ses ailes et où l’humanité profonde des êtres peut se dévoiler. Une magnifique expérience émotionnelle, également visuelle et sensorielle, soutenue par de jeunes acteurs non professionnels époustouflants et par le toujours juste et épatant Barry Keoghan (qui joue le père de la jeune Bailey et qui avait déjà estomaqué les spectateurs il y a deux ans dans Les Banshees d’Inisherin de Martin Mc Donagh).
Jean Aymar de Thou