Le Film du jour n°202 : Laissez tirer les tireurs
Un film franco-italien de Guy LEFRANC (1963) avec Eddie Constantine, Daphné Dayle, Maria Gracia Spina, Patricia Viterbo, Raymond Jourdan, Gérard Darrieu...
Comme l'indique l'affiche du film (bon, c'est vrai qu'il faut avoir une bonne vue...), Laissez tirer les tireurs est la deuxième aventure du sieur Jeff Gordon portée à l'écran, après Des frissons partout (1963), une œuvrette mise en boîte par l'inénarrable Raoul André. Un Raoul André qui remettra le couvert pour un ultime baroud d'honneur de Jeff Gordon, agent du F.B.I. de son état, avec Ces dames s'en mêlent (1965).
L'ultime baroud de l'agent du FBI Jeff Gordon incarné par Eddie Contantine
Dans la trajectoire cinématographique du réalisateur Guy Lefranc (l'homme avait démarré sa carrière sous le haut patronage de Louis Jouvet qui lui avait confié la mise en scène de Knock en 1950), Laissez tirer les tireurs se situe entre une comédie poussive avec Marcel Amont et Dany Robin (Conduite à gauche, 1961) et un film à l'humour gratiné avec Roger-Pierre, Jean-Marc Thibault, Francis Blanche et Darry Cowl, intitulé Les malabars sont au parfum (1965).
Quant à Eddie Constantine, l'interprète de Jeff Gordon, il n'en était pas à son coup d'essai dans le genre whisky, cigarettes et p'tites pépées, mixture généralement agrémentée de bourre-pif et de coups de savate en veux-tu en voilà. L'année de Laissez tirer les tireurs et Des frissons partout, l'acteur était aussi à l'affiche d'une aventure du célèbre Lemmy Caution (A toi de faire mignonne, Borderie, 1963). Il figurait aussi aux génériques de Comment trouvez-vous ma sœur ? (Boisrond, 1963) avec la délicieuse France Anglade en tête d'affiche, et d'une nunucherie autrichienne intitulée Vienne reste toujours Vienne (Antel, 1963) aux côtés d'autres chanteurs comme Chubby Checker et Cliff Richard (eh oui, madame, Eddie Constantine savait aussi pousser la chansonnette).
Eddie Constantine/Jeff Gordon dans Laissez tirer les tireurs
Laissez tirer les tireurs, l'histoire : Jeff Gordon (agent du FBI donc, si vous avez suivi depuis le début...) est chargé d'enquêter sur la disparition d'un prototype de "répulseur" (qu'est-ce que c'est ? j'en sais fichtre rien...). Un nommé Andersen a volé l'objet. Oui mais voilà, celui-ci a été exécuté par ses complices (apparemment, il n'avait pas réussi à les "répulser"...). Après avoir pris contact avec l'inventeur du répulseur qui n'est autre que le professeur Harding, toujours flanqué de sa ravissante assistante Elizabeth Harrison, Jeff découvre dans les papiers d'Andersen (ce qu'il est malin, ce Jeff, quand même...) la photo d'une jeune femme qu'il identifie bientôt : il s'agit de Corinne, l'épouse d'un fabricant de télévision, Philippe Martin (vous l'aurez compris, l'affaire se corse... avec tous ces personnages qui sortent d'on ne sait où). Jeff acquiert bientôt la certitude (ce qu'il est malin, ce Jeff, quand même... bis...) que c'est bien ce dernier qui détient le répulseur pour le vendre à une puissance étrangère. Mais voilà-t-y pas qu'il y manque une pièce... au répulseur. Diantre, l'affaire est relancée !
Patricia Viterbo
Au générique de Laissez tirer les tireurs (et avec son nom positionné à une place enviable sur l'affiche), on découvre une certaine Patricia Viterbo, jeune actrice de 24 ans qui avait fait ses premiers pas au cinéma quelques mois plus tôt dans Des frissons partout. La jeune femme ignorait alors que, trois ans plus tard, le 10 novembre 1966 exactement, elle trouverait la mort dans des conditions tragiques sur le tournage d'un film. Lors du tournage du Judoka, agent secret (Zimmer, 1966), la voiture conduite par Henri Garcin glissa sur les quais de la Seine et tomba dans le fleuve. L'acteur s'en tira avec quelques blessures, la jeune femme, malheureusement, périt noyée.
Gérard Barray et Patricia Viterbo dans Sale temps pour les mouches (Lefranc, 1966) (image : www.toutlecine.com)
Née en 1939, Patricia Viterbo fut tout d'abord mannequin chez Dior, puis esthéticienne, avant de se lancer dans le cinéma. Après deux premiers films avec Eddie Constantine, elle est au générique des Gros bras (Rigaud, 1964), comédie débridée avec Roger-Pierre, Jean-Marc Thibault, Francis Blanche et Darry Cowl, puis participe au tournage des Gorilles (Girault, 1964) avec Francis Blanche et Darry Cowl.
Elle retourne encore deux fois avec Eddie Constantine, d'abord dans Lucky Jo (Deville, 1964), puis dans Ces dames s'en mêlent. Elle est aussi de la partie lorsque le réalisateur Guy Lefranc met en images une adaptation d'un roman de San Antonio, Sale temps pour les mouches (1966), avec Gérard Barray et Jean Richard dans les rôles respectifs du commissaire San Antonio et de Bérurier. Elle décroche aussi un petit rôle dans l'excellent Voyage à deux (Donen, 1966) avec Albert Finney et Audrey Hepburn en vedettes. Décédée à seulement 27 ans, Patricia Viterbo n'a pu tourner que dans une douzaine de longs métrages.
Patricia Viterbo et Johnny Hallyday... avant Sylvie Vartan