La pépée du jour n°7 : Sandra Dee (1942-2005)
Charmante, Sandra Dee, n'est-ce pas ? Sa vie le fut beaucoup moins. Enfant chérie des magazines puis adolescente vedette de l'écran, l'actrice - malgré son joli minois et une plastique irréprochable qu'elle glissa maintes fois dans des tenues de bain sexy - ne put jamais concrétiser ses rêves de star, une fois propulsée dans l'âge adulte.
A tout juste 27 ans, Sandre Dee vit les portes du cinéma se fermer définitivement devant elle... L'actrice ne s'en remit jamais vraiment et elle décéda en 2005 suite à des complications rénales après avoir souffert d'anorexie, d'alcoolisme et de dépression pendant une bonne partie de son existence.
Sandra Dee en plein glamour hollywoodien (image : www.bobbydarin.net)
Née Alexandra Zuck en 1942 et coachée par une maman qui n’hésite pas à cacher l’âge véritable de sa gamine pour la mettre au turbin, Sandra Dee pose dès l'enfance pour diverses revues et magazines, puis elle enchaîne comme une bonne petite stakhanoviste les pubs à la télé.
C'est à 14 ans qu'elle montre pour la première fois son minois au cinéma. Dans Femmes coupables de Robert Wise en 1957, elle interprète la cadette de quatre sœurs néozélandaises qui tombent raides dingues amoureuses de quatre soldats américains en pleine Seconde Guerre mondiale. Ses trois aînées sont jouées par Joan Fontaine (née quand même… hum… 25 ans avant Sandra Dee dans la vraie vie), Jean Simmons et Piper Laurie.
L’interprétation de la toute jeune actrice est suffisamment marquante pour lui valoir en 1958 le Golden Globe de la révélation féminine, un prix qu’elle partage avec Carolyn Jones et Diane Varsi.
Jean Simmons, Joan Fontaine, Piper Laurie et Sandra Dee sur le plateau de Femmes coupables (1957) © Tous droits réservés
L'année suivante, Sandra Dee s’impose en jeune fille ingénue (et légèrement tête à claques) dans Qu'est-ce que Maman comprend à l'amour ! (Minnelli, 1958), film où elle joue la fille du couple (au cinéma et à la ville) formé par Rex Harrison et Kay Kendall.
C'est surtout sa prestation dans Mirage de la vie (1959), chef-d’œuvre et dernier film américain de Douglas Sirk, qui la rend définitivement célèbre. Elle y est la fille de Lana Turner et en pince pour le petit ami de sa mère (John Gavin)… au grand dam de cette dernière. Une histoire qui entrait quelque peu en résonance avec des événements tragiques de la vraie vie de Lana Turner, dont l’amant, le gangster Johnny Stompanato, avait été zigouillé d’un coup de couteau par sa fille Cheryl en 1958…
Sandra Dee et Lana Turner dans Mirage de la vie (1959)
La même année, Sandra Dee endosse le rôle-titre de Gidget (Wendkos, 1959). Connu en France sous le nom d’Un amour de vacances, ce film fait un véritable carton outre-Atlantique auprès des adolescents. Dans cette œuvrette pourtant sans grand intérêt, Sandra Dee enfile un bikini et tente de s’immiscer dans un groupe de surfeurs californiens beaux et bronzés, menés par James Darren et Cliff Robertson (ce dernier sera cinq décennies plus tard le tonton-gâteau de Spiderman/Tobey Maguire dans le cycle de Sam Raimi…).
Gidget rencontre un tel succès chez l’Oncle Sam que le film connait plusieurs suites sur grand écran et donne même naissance à une série TV (sans Sandra Dee toutefois). C’est tout dire du goût du public américain…
Cliff Roberton, Sandra Dee et James Darren dans Gidget (1959) (© Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr)
Cette même année 1959, l’actrice double la mise auprès des spectateurs US avec Ils n'ont que vingt ans de Delmer Daves, une bluette mélodramatique à souhait sur fond d’american way of life. A la clé : adultère, amours juvéniles, mère psychorigide, penchants pour la boisson, divorce et polichinelle dans le tiroir pour la jeune Molly (Sandra Dee) dès son premier faux pas, mais mariage dans la foulée (ouf… on a eu chaud…).
C’est le type même d’histoire qui plaît, à l’époque, aux producteurs hollywoodiens et qui satisfait pleinement le public des années 1950. Autant dire qu’Ils n’ont que vingt ans est quelque peu passé de mode, mais l’œuvre garde néanmoins ses aficionados indécrottables. Et puis la musique du film (A Summer Place), signée Max Steiner, est quand même devenue un standard qu’aujourd’hui presque tout le monde fredonne encore !
Troy Donohue et Sandra Dee forment le jeune couple vedette d’Ils n’ont que vingt ans (1959), un méga-succès au box-office américain.
Quoi qu’il en soit, Sandra Dee et son jeune partenaire d’Ils n’ont que vingt ans, le blondinet légèrement fadasse Troy Donohue, qui, dans la vraie vie, sombrera dans l’alcool et finira même SDF, font un tabac auprès des ados et la photo des deux acteurs en herbe se retrouve à la une de tous les magazines pour midinettes.
Tout semble donc filer comme sur des roulettes pour l’actrice juste sortie de l’adolescence…
Troy Donohue (décédé en 2001) et Sandra Dee (décédée en 2005) s’étaient retrouvés le temps d’une photo en 1997
En 1960, au faîte de sa gloire et tout juste âgée de 18 ans, Sandra Dee épouse le chanteur Bobby Darin, l’un des artistes de variétés américains les plus connus des années 1950 et 1960, réputé pour son interprétation de « Beyond The Sea » (d’après « La Mer » de Charles Trenet). Les deux tourtereaux s’étaient rencontrés sur le tournage du Rendez-vous de septembre (Mulligan, 1961), film avec Rock Hudson et Gina Lollobrigida en têtes d’affiche.
A l’époque, Bobby Darin tente de percer au cinéma, avec une certaine réussite d’ailleurs. Au générique de La Ballade des sans-espoir de John Cassavetes en 1961, le chanteur sera même nommé à l’Oscar du meilleur second rôle en 1964 pour sa prestation dans Le Combat du capitaine Newman (Miller, 1963) avec Gregory Peck dans le rôle-titre.
Sandra Dee et Bobby Darin au temps du bonheur... (image : www.bobbydarin.net)
Les producteurs flairant la bonne aubaine, Sandra Dee et Bobby Darin sont aussitôt propulsés co-vedettes de plusieurs longs métrages... malheureusement médiocres et aujourd'hui complètement oubliés, comme Un mari en laisse (Levin, 1962) et Chambre à part (Thorpe, 1965). Parallèlement, l’actrice, qui tente de jouer des rôles plus matures, voit le succès lui échapper petit à petit.
Sandra Dee est frappée du même syndrome mortifère que connut Shirley Temple dix ans plus tôt et qui touchera Macaulay Culkin (le jeune héros de la série Maman, j’ai raté l’avion) dans les années 1990 : les spectateurs ne veulent pas les voir vieillir et, partant, le public ne leur donne aucune chance en tant que vedette adulte.
Des films comme Les Lycéennes (Keller, 1961), long métrage où Sandra Dee reprend un rôle tenu en 1957 par Debbie Reynolds, Ah ! Si papa savait ça ! (Koster, 1963) où la jeune femme joue la fille de James Stewart, ou encore Deux fiancés sur les bras (Smight, 1964) – où apparaît subrepticement Maurice Chevalier – ne rencontrent donc guère de succès. Le temps de Sandra Dee semble bien définitivement passé, d’autant qu’en 1967, elle divorce de Bobby Darin après avoir donné naissance en 1961 à un garçon. Comme un malheur ne vient jamais seul, le chanteur décédera en 1973 de problèmes cardiaques à seulement 37 ans.
Sandra Dee sur le tournage de Ah ! Si papa savait ça (1963).
Entre 1965 et 1971, la carrière cinématographique de Sandra Dee s’étiole. Durant cette période, elle n’apparaît que dans cinq longs métrages et aucun d’entre eux n’est entré au panthéon du cinéma, c’est le moins que l’on puisse dire. On la voit notamment dans le petit film d’espionnage D pour danger (Neame, 1965) aux côtés de Melina Mercouri et James Garner, puis dans la comédie poussive Les Grandes familles (Lowell Rich, 1967) et, après une absence de deux-trois ans, dans un film d'horreur produit par Roger Corman et adapté d’une nouvelle de Lovecraft (Horreur à volonté a.k.a. Dunwich Horror, signé Daniel Haller). C’est son dernier rôle significatif pour le grand écran alors qu’elle n’a que 27 ans !
Dans les années 1970, les apparitions de Sandra Dee en tant qu’actrice se limitent à la seule télévision dans des téléfilms ou des séries TV.
Petit à petit, elle sombre dans l’oubli. Mais la comédie musicale Grease (Kleiser, 1978), emmenée par un John Travolta et une Olivia Newton-John survoltés, la remémore au bon souvenir des nouvelles générations. Dans ce film au succès international, Stockard Channing, affublée d’une perruque blonde permanentée, chante en effet « Look at Me, I'm Sandra Dee », une chanson qui se moque (gentiment) de l’image policée de l’actrice.
Dean Stockwell et Sandra Dee dans Horreur à volonté (1969), le dernier film que l'actrice tourne en vedette pour le cinéma
Souffrant d’anorexie, d’alcoolisme et de dépression chroniques, Sandra Dee s’éloigne quasi définitivement des plateaux à la fin des années 1970. On la voit une dernière fois au cinéma, déjà considérablement vieillie, dans Lost (1983) (rien à voir avec la série TV du même nom), un film du roi américain du nanar Al Adamson, qui signe lui aussi, avec cette production fauchée, son œuvre ultime pour le grand écran.
Sandra Dee décède en 2005 à l’âge de 62 ans des suites de complications rénales. En 2006, l’académie des Oscar lui rend quand même un hommage mérité.
En 2004, l'acteur/réalisateur Kevin Spacey avait filmé pour le cinéma l'histoire de Bobby Darin et de Sandra Dee dans Beyond the Sea, un long métrage inédit en France. C'est Kate Bosworth, la Lois Lane du Superman returns (2006) de Bryan Singer, qui y interprète la blonde actrice.
Visionnez ci-dessous un petit hommage, sucré comme il se doit, à Sandra Dee :