La rubrique d'Anna le Gésic : On ira
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Un film d’Enya Baroux (2024), sorti en salles le 12 mars 2025
On ira a tout du road movie traditionnel. Parties de la région marseillaise et embarquées dans un camping-car, quatre personnes - une vieille dame de 80 printemps, son fils, sa petite-fille, ainsi qu’un auxiliaire de vie embringué dans le périple à son corps défendant - se rendent en Suisse. Le principe n’est pas sans évoquer Little Miss Sunshine (2006), d’autant que les relations entre les quatre voyageurs s’avèrent quelque peu tendues et marquées par des non-dit. Mais là où l’expédition du film américain se conclut sur un concours de beauté pour enfants, le but ultime des pérégrinations de nos quatre protagonistes est un lieu de suicide assisté. Les sourires crispés sont de rigueur.
Joué par une Hélène Vincent formidable, le personnage de Marie est en effet atteinte d’un cancer de stade 4 incurable et c’est elle qui souhaite partir de cette façon. Elle a convaincu un auxiliaire de vie (Pierre Lottin, épatant, dans un registre qui n’est pas sans évoquer son rôle dans En fanfare, sorti il y a quelques mois) à l’accompagner dans sa démarche en n’hésitant pas à recourir au chantage. Et pour attirer son fils immature, fauché et déconnecté des réalités qui, lui, n’est pas au courant de l’avancée de la maladie de sa mère (et de ses démarches), elle n'hésite pas à faire vibrer la fibre pécuniaire.
Si la première moitié du film avance plutôt sur un rythme pépère avec des saillies comiques qui tombent parfois à plat, la deuxième partie devient franchement touchante sans tomber dans le pathos, avec des scènes très réussies dans un campement de gens du voyage.
On ira s’avère finalement un bon moment si l’on peut dire, que l’on soit d’accord ou pas avec le principe du « droit à mourir dans la dignité ». Mentions spéciales pour David Ayala qui joue avec entrain le rôle difficile du fils, et de la jeune actrice Juliette Gasquet qui incarne avec une très grande fraîcheur et une spontanéité revigorante la petite-fille de Marie. Pour son rôle, elle a d’ailleurs reçu, ex-æquo avec Hélène Vincent, le prix d’interprétation féminine au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez. A noter que la réalisatrice Elya Baroux n’est autre que la fille d’Olivier Baroux, l’alter ego de Kad Merad.
Anna le Gésic