L'œil de Crazy Bug : Mickey 17
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Un film de Bong Joon-ho (2022), sorti en salles le 5 mars 2025
Après la parenthèse Parasite (2018), Palme d’or du festival de Cannes en 2019 et Oscar du meilleur film en 2020, Mickey 17 marque le retour à l’anticipation et au fantastique pour le réalisateur coréen Bong Joon-ho, à qui l’on doit dans le genre The Host (2006), Snowpiercer, le Transperceneige (2012) et Okja (diffusé sur Netflix en 2017). Le film exploite le thème de l’homme « remplaçable » dont le corps, dès qu’il décède, peut être régénéré (avec en sus ses souvenirs préalablement stockés dans une mémoire informatique).
Joué par un très bon Robert Pattinson (dans un double rôle...), Mickey est donc un employé « jetable » (et donc corvéable à merci) et s’avère être un rouage d’une vaste opération de colonisation d’un monde de glace où vivent d’étranges créatures. Utilisé comme cobaye pour des expérimentations ou des travaux extrêmement dangereux, Mickey en est à sa 17e itération lorsque le film commence. Il est envoyé capturer une créature, tombe dans une crevasse, est considéré comme mort… mais il est sauvé par les étranges habitants de la planète sur laquelle les humains veulent faire main basse.
Voilà donc Mickey 17 de retour dans le vaisseau qui sert de base à l’expédition… alors qu’un Mickey 18 a déjà été mis sur pied. La confrontation entre les deux hommes, dont l’un s’avère un peu plus coriace que l’autre, s’avérera le grain de sable qui va faire capoter le projet initial de colonisation de la planète Niflheim et de destruction de tous ses habitants apparemment doués d’une intelligence collective.
En tant que film de science-fiction, Mickey 17 – même s’il traîne un peu en longueur (2 h 20) – se voit sans ennui et on pourra y voir une critique d’une société déshumanisée et destructrice où les dirigeants sont plus enclins à soigner leur communication qu’à penser aux « sans-dents ». Ici le pouvoir est aux mains d’un homme politique à la tête de l’entreprise de colonisation, sorte de caricature "trumpienne" incarnée par un Mark Ruffalo affublé d’un dentier et en totale roue libre. Il est secondé (ou plutôt guidé) par sa femme jouée par l’excellente Toni Collette, quelque part entre Elena Ceausescu et Imelda Marcos. Côté humour, Bong Joon-ho a chaussé de gros sabots et on pourra ne pas forcément apprécier.
On ajoutera que le thème de l’homme « remplaçable » était déjà à l’œuvre dans Moon (2009) de Duncan Jones, film de science-fiction avec Sam Rockwell en employé d’une entreprise d’extraction d’hélium 3 chargé de surveiller les opérations industrielles sur la Lune. Moon, qui avait moins d’ambition sur le papier que Mickey 17, est néanmoins beaucoup plus subtil.
Crazy Bug