Zombie futé n°38 : Les raisins de la mort

Un film de Jean Rollin (1978)
Attention, film historique ! Il s’agit en effet du tout premier film gore français. Et qui, mieux que Jean Rollin, pouvait déflorer ce sujet dans l’Hexagone ? C’est donc avec une grande joie que nous embarquons dans un de ces métrages typiques des années 70, montés avec des bouts de ficelle, fort mal joués et dont le scénario semble s’adapter en temps réel au manque d’argent, à la défection des acteurs ou aux pannes à répétition d’un matériel hors d’âge. L’aventure, quoi !
Ce qui est surprenant, c’est que le film est également historique dans le genre zombie. Jean Rollin, son truc c’était les films de vampire. Il détestait les films de morts vivants. Il n’aimait pas, disait-il, ces personnages lents et maladroits sortant de leur tombe. Il préfère donc opter pour une infection pour expliquer la dégénérescence de la population… et signe ainsi le tout premier film de type « infectés » du genre, bien avant 28 jours plus tard ou autres Armée des morts. Evidemment, personne n’osera comparer une seconde en termes de qualité cinématographique Les raisins de la mort avec ces deux chefs-d’œuvre. Mais le fait est là : c’est notre Jeannot national qui a eu l’idée le premier (vous savez ce qu’on disait à l’époque : « En France on a pas de pétrole mais… »).
Le pitch : au fin fond du Larzac les viticulteurs, toujours à la pointe de la technologie comme chacun le sait, répandent un pesticide de type nouveau. Problème, ce gaz, une fois inhalé, rend les gens très peu accommodants. Mais il y a pire, le pesticide, en pénétrant dans le fruit, se diffuse également par la vente en bouteille. Du coup, c’est tout le pays qui part en quenouille.
Je n’ai pu visionner qu’une version espagnole expurgée d’une trentaine de minutes et donc, probablement, des scènes les plus violentes et salaces. Restent quand même quelques moments appétissants comme ce planté de fourche dans le ventre d’une gironde fermière ou la décapitation d’une aveugle clouée à une porte.
Côté salace, c’est plus soft. Les ciseaux des censeurs espagnols ont du marcher à plein régime car Jean Rollin a bien entendu pris soin d’enrôler son égérie de l’époque, la grande Brigitte Lahaie ! Celle-ci apparaît curieusement mal fagotée dans une chemise de nuit beaucoup trop large. Elle recueille l’infortunée héroïne du film, lui offre un grand verre de whisky, se dénude une épaule et s’éclipse… pour réapparaitre en tailleur et chemisier très stricts. Là, il manque manifestement un bout de film ! Mais enfin, se dit-on, aussi, pourquoi ce tailleur dans la dernière scène ? Car notre Brigitte nationale réapparaît quelque temps plus tard dehors, accompagnée de deux méchants dogues, à nouveau dans son ample chemise de nuit… dont elle se dénude pour prouver à deux énergumènes armés qu’elle n’est pas infectée (en fait elle l’est mais seulement dans sa tête). Bon, tout cela n’est pas sérieux et on glisse doucement dans le joyeux monde du nanar.
A voir, donc, mais en version française.
Fab Free