Le Film du jour n°92 : Ce soir les jupons volent

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Dimitri KIRSANOFF (1956) avec Sophie Desmarets, Brigitte Auber, Anne Vernon, Nadine Tallier, Ginette Pigeon, Philippe Nicaud, Jean Chevrier...

Amateurs de films sexy, de jeunes filles en nuisette, de demoiselles en petite culotte, de scènes délurées... passez votre chemin ! Malgré son titre ambigu, Ce soir... les jupons volent est un film honnête, oui monsieur ! Si l'on parle de jupons ici, c'est parce que l'action se passe dans les milieux du mannequinat des années 50 où le sexe, la drogue, l'anorexie n'avaient pas encore durement frappé...

Ce soir, les jupons volent, l'histoire : Ce soir... les jupons volent, connu également sous le titre Princesses de Paris ! narrent les tribulations sentimentales de jeunes mannequins travaillant pour le couturier Pierre Roussel pendant la période de Noël. L'une hésite entre deux soupirants. Une autre finit par rendre son amoureux à sa légitime épouse. La troisième fait enfin la rencontre tant attendue. La quatrième se jette dans les bras d'un prince des mille et une nuits. La dernière, désespérée, fait une tentative de suicide...

Autre titre, mais même film (image : www.cinema-francais.fr)

Il n'y a rien de très folichon à raconter sur le réalisateur de Ce soir... les jupons volent. Comme son nom l'indique, Dimitri Kirsanoff (1899-1957) est d'origine russe. Arrivé en France en 1923, il dirige plusieurs films muets réalisés en marge de l'avant-gardisme qui lui valent une petite réputation pour leur poésie, comme Ménilmontant (1926) ou Brumes d'automne (1929).

Dans ces deux films, on trouve au générique sa compatriote Nadia Sibirskaia, une actrice que l'on verra aussi chez Jean Renoir dans Le crime de Monsieur Lange, La vie est à nous et La Marseillaise. L'échec de Rapt (1934), œuvre tirée d'un roman de l'écrivain suisse Ramuz et axée sur un conflit entre Valaisans et Bernois (oui, je sais, ç'a pas l'air super sexy comme sujet...), condamne Dimitri Kirsanoff aux courts métrages et aux films commerciaux. Parmi ceux-ci : Le témoin de minuit (1953) avec Raymond Pellegrin, Le crâneur (1955), bon polar du samedi soir avec Raymond Pellegrin à nouveau, Dora Doll, Marina Vlady et Paul Frankeur, et Miss Catastrophe (1956) avec Sophie Desmarets.

Sophie Desmarets (image : www.dvdtoile.com)

Sophie Desmarets est aussi l'une des cinq actrices principales de Ce soir... les jupons volent. Le quintette de jeunes femmes est complété par Brigitte Auber (vue chez Hitchcock dans La main au collet), Anne Vernon (passée à la postérité pour avoir interprété la mère de Catherine Deneuve dans Les parapluies de Cherbourg), Nadine Tallier (célèbre aujourd'hui sous le nom de... la baronne Nadine de Rothschild, tu nous avais caché ça, vilaine !) et la volatile Ginette Pigeon.

Dans ce film de 1945 où René Dary interprète le détective Nestor Burma, Sophie Desmarets fait déjà preuve d'un bel abattage (image: www.cinema-francais.fr)

Née en 1922 et décédée le 13 février 2012, Sophie Desmarets, artiste douée pour la comédie, est surtout connue pour avoir participé à la télé française à l'aventure des Grands Enfants aux côtés de Jean Poiret, Michel Serrault, Maurice Biraud et Jacqueline Maillan.

Fille de Bob Desmarets, un ancien directeur du Vel'd'Hiv, elle est l'élève de Louis Jouvet au Conservatoire. Elle lui doit d'ailleurs le prénom de Sophie (puisque Jacqueline est son vrai prénom). Elle débute au cinéma en 1940 dans Battement de cœur et Premier rendez-vous, deux films d'Henri Decoin avec Danielle Darrieux en vedette.

Si la carrière théâtrale de Sophie Desmarets est riche, l'actrice trouve l'essentiel de ses emplois sur pellicule au sein de petites comédies sans prétention. Dans sa filmographie, se côtoient ainsi des films signés André Hunebelle (Ma femme est formidable, 1951 ; Mon mari est merveilleux, 1952 ; Treize à table, 1955), Jean Boyer (Femmes de Paris, 1952), André Berthomieu (Scènes de ménage, 1955), Raoul André (Une fille épatante, 1955), Robert Vernay (Ces sacrées vacances, 1955 ; Fumée blonde, 1957 ; Madame et son auto, 1958 ; Drôles de phénomènes, 1959) ou Claude Vital (Le maestro, 1976).

Bourvil et Sophie Desmarets dans Le mur de l'Atlantique (Camus, 1970) (image : www.premiere.fr)

Sophie Desmarets joue également le rôle-titre du Secret de sœur Angèle (Joannon, 1955), œuvre improbable où, nonnette sur le point de prononcer ses vœux, elle sauve un assassin dont elle est tombé amoureuse... Parmi les bons films tournés par l'actrice, on citera quand même le drame paysan Virevent (Faurez, 1948), Si Paris nous était conté (1955) et Les trois font la paire (1956) de Sacha Guitry, La famille Fenouillard (Robert, 1960) et Le second souffle (Blain, 1977). Sa dernière apparition au cinéma fut devant la caméra de Gérard Jugnot en 1996 pour Fallait pas !...

Sophie Desmarets entre Danielle Darrieux et Odette Laure dans Les mamies (Lanoé, 1992). On reconnaîtra également Catherine Rouvel, Jackie Sardou, Paulette Dubost et Marthe Villalonga (image : www.toutlecine.com)

Sophie Desmarets était également réputée pour son sens de la répartie. A une comédienne passablement âgée qui lui dit un jour : "Ah ! C'est vous, Sophie Desmarets, celle qui a eu son premier prix de conservatoire sous Pétain ?", elle répondit : "Oui, madame, c'est mieux que de l'avoir eu sous Félix Faure !". Évidemment, faut savoir qui est Félix Faure...

Publié dans Titres rigolos

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