Le Film du jour n°93 : Autour de lui, que des cadavres !
Titre original : Pago cara su muerte
Un film italo-espagnol de Leon KLIMOWSKY (1968) avec William Bogart (de son vrai nom Guglielmo Spoletini, mais c'est vrai que ça fait pas très western...), Wayde Preston, Agnès Spaak, Eduardo Fajardo, Pilar Cansino, Sydney Chaplin...
Pas terrible grammaticalement, le titre du Film du jour... C'est à la limite français... Mais, bon, si tous les distributeurs de l'Hexagone qui s'étaient spécialisés dans le western-spaghetti à l'époque avaient fait des études, ça se saurait...
Autour de lui, que des cadavres ! l'histoire : Rien que du très convenu dans le genre. Un gentil péon qui s'est révolté contre des salauds de propriétaires terriens US est condamné à vingt ans de bagne. Avant de partir pour ce séjour tous frais payés, il confie son fils à un couple. Après dix ans passés derrière les barreaux, il s'évade... et il va faire mal... comme le titre du film le précise astucieusement.
Le parcours de Leon Klimowsky (1906-1996), le réalisateur d'Autour de lui, que des cadavres ! est relativement original. Issu d'une famille de Kiev réfugiée en Argentine et né à Buenos Aires, il crée en 1929 le premier ciné-club au pays des Pumas (oui, vous savez, c'est le surnom des joueurs de l'équipe qui ont calmé les ardeurs des Français lors du match d'ouverture de la Coupe du monde de rugby de 2007...).
Dentiste pendant une quinzaine d'années, il délaisse la roulette en 1947 pour s'attaquer à la réalisation de films en se consacrant d'abord à l'adaptation de classiques français (Le testament de Monte-Cristo, 1953) ou de romans argentins (Le Tunnel d'Ernesto Sabato notamment). Haschisch (1950), l'un de ses premiers films, est même sélectionné au festival de Cannes 1951, où Leon Klimowsky représente l'Argentine. "Il faut croire que la drogue satanique est terriblement tentatrice, puisque vous verrez un médecin devenir lui-même victime de l'insidieux poison, alors que son but était de le vaincre", précise un carton dès le début du film. Tout un programme !
Bravo Django (1966), un western-spaghetti signé Leon Klimowsky... mais réalisé en fait par Enzo G. Castellari
Notre réalisateur du jour émigre en Espagne au milieu des années 50, où il se spécialise d'abord dans les mélodrames et les films religieux (normal, on est sous Franco...). Au tout début des années 60, il participe à l'émergence du western espagnol (Billy le Kid, 1963). Il va alors réaliser une dizaine de westerns-spaghettis à coproduction vaguement italo-espagnole, dont ce fameux Autour de lui, que des cadavres ! On lui doit ainsi Bravo Django (a.k.a. Quelques dollars pour Django) (1966) (mais le film est aujourd'hui attribué à Enzo G. Castellari), L'homme qui venait pour tuer (1967), Quinto, à ne pas tuer (1969) ou bien encore Ça va chauffer, Sartana revient (1971), l'un des ultimes avatars du héros tout de noir vêtu (voir Sartana, si ton bras gauche te gêne, coupe-le !). A signaler parmi ce festival de westerns passablement oubliés, un honnête film de guerre, Pas de pitié pour les héros (1969), avec Jack Palance.
Paul Naschy, dans son éternel rôle de loup-garou, joue dans La furie des vampires (Klimowsky, 1970)
A l'orée des années 70, Leon Klimowsky change son fusil d'épaule et se lance dans une série de films fantastiques (c'est le genre qui est fantastique, pas la qualité malheureusement...), dont émerge surtout La furie des vampires (1970), mélange de vampirisme et de lycanthropie qui laisse un souvenir ému à tous ceux qui l'ont vu (en raison apparemment de la présence des actrices espagnoles Gaby Fuchs et Barbara Capel, qui n'arrivent jamais à mettre la main sur leurs soutien-gorge).
A raison de deux ou trois films par an, notre réalisateur continuera à œuvrer jusqu'à la toute fin des années 70. "Que valait-il comme dentiste ?, s'interroge Jean Tulard, dans son Dictionnaire des cinéastes. On ne sait. Mais le cinéma n'aurait pas beaucoup perdu s'il était resté fidèle à sa première clientèle." Méchant, va ! Toujours est-il que l'Association espagnole des réalisateurs de films décerna quand même à Leon Klimovski un prix honorifique en 1995. Il était temps, le bonhomme mourut un an plus tard à Madrid.
Sydney Chaplin et Noëlle Adam, sa troisième épouse (image : chaplin.bfi.org.uk)
Au générique d'Autour de lui, que des cadavres, on notera la présence d'un certain Sydney Chaplin (dont le nom apparaît en gros sur l'affiche). Ce monsieur n'est autre que l'un des enfants du grand Charlie Chaplin. Né en 1926 et décédé en 2009 (sa mère est l'actrice Lita Grey et Géraldine Chaplin est sa demi-sœur), il joua dans deux films de son père (Les lumières de la ville, 1952 et La comtesse de Hongkong, 1967) et se spécialisa plutôt dans la série B avant de sombrer corps et âme dans les films d'épouvante bas de gamme.
Marié en troisièmes noces à l'actrice française Noëlle Adam, qui devint par la suite la compagne de Serge Reggiani, Sydney Chaplin a joué dans plusieurs longs métrages hexagonaux comme Ho ! (Enrico, 1968), Le clan des Siciliens (Verneuil, 1969) ou Papa les petits bateaux (Kaplan, 1971).
Ci-dessous, la bande-annonce (en anglais) de La furie des vampires (1970) de Leon Klimovski :