La pépée du jour n°11 : Diana Dors (1931-1984)
Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'Angleterre - qui nous a quand même sorti de son chapeau-melon la terrible et glaçante Margaret Thatcher - a pu s'enorgueillir d'un sex-symbol capable d'enflammer les écrans de cinéma et les sens interdits des spectateurs mâles. Nom ? Diana Dors. Surnom ? La Marylin Monroe anglaise.
Pulpeuse blonde peroxydée, la jeune femme se qualifiait elle-même de « seul symbole sexuel britannique depuis lady Godiva ». Rien que ça ! Rappelons quand même aux lectrices et lecteurs qui accuseraient des lacunes en Histoire que la fameuse lady Godiva traversa la cité de Coventry nue sur un cheval afin de convaincre son mari de baisser les impôts, le tout aux alentours de l'an 1000. Mais qu'attend donc notre lady Carlita pour en faire autant à travers les rues de Paris ? Le sponsoring de TF1 ? L'aval de Christian Clavier qui jouerait son époux ?
Née Diana Mary Fluck en 1931, Diana Dors fit rêver outre-Manche toute une génération d'adolescents boutonneux brusquement devenus "cinéphiles". Âgée d'à peine seize ans, la belle blonde qui avait tout de même suivi des cours d'art dramatique à Londres (il y en avait aussi là-dedans !), est prise en mains par les studios britanniques Rank. Elle débarque sur les écrans anglais en 1947 dans Légitime défense de George King.
En 1948, on la repère, toute jeunette, dans Oliver Twist, le classique du cinéma que le réalisateur David Lean tire de l'œuvre de Charles Dickens. Rapidement les rôles s'accumulent sur les épaules de Diana Dors et le succès que l'actrice connaît auprès des spectateurs anglais est tel qu'à vingt ans, elle devient la plus jeune propriétaire d'une Rolls Royce. La classe absolue !
Diana Dors s'éclate dans Le Démon de la danse (1950)
Selon la Cinémathèque française, Diana Dors se voit offrir dès le début des années 1950 quelques prestations consistantes qui lui permettent d'introduire dans son jeu quelques nuances dont la critique ne la croyait pas capable. C'est notamment le cas dans Filles sans joie (1953) de Jack-Lee Thompson, film de prisons de femmes avant l'heure. On y suit trois détenues (Glynis Johns, Diana Dors et Rachel Roberts) qui nous content par le menu les déboires et mésaventures qui les ont conduites derrière les barreaux. Notre Diana, tout en blondeur pulpeuse, joue l'effrontée de service, un rôle qui lui va comme un gant.
L'actrice se fait également remarquer dans L'Enfant à la licorne (1955), long métrage où le réalisateur Carol Reed (Le Troisième homme) s'attache au pas d'un enfant londonien qui souhaite faire le bonheur de ses voisins par le biais d'une licorne censée amener la félicité aux êtres humains (en fait, un chevreau tout bête doté d'une seule corne). Cette même année 1955, Diana Dors fait sensation au Festival de cinéma de Venise en débarquant sur le Lido habillée « simplement » d'un bikini en vison. Ah la belle époque !
Diana Dors et son bikini en vison lors du Festival de Venise 1955
Diana Dors atteint le sommet de sa période anglaise en 1956 en interprétant une meurtrière condamnée à la mort par pendaison dans Peine capitale de Jack-Lee Thompson. Dans ces conditions, Hollywood ne peut plus rester insensible aux charmes de la blondinette sexy et c'est le studio RKO, cherchant une concurrente à Marilyn Monroe et à Jayne Mansfield, qui l'embauche dans le rôle d'une... condamnée à mort justement ! Décidément, l'imagination n'est pas le fort des producteurs américains et ça ne s'est guère amélioré depuis...
La Femme et le rôdeur (1957) s'avère néanmoins un excellent mélodrame baroque où l'actrice marque les esprits en jouant de manière excessive une épouse cédant aux muscles d'un rôdeur (Rod Steiger) et tueuse à ses heures... Le film est signé par John Farrow, un très bon artisan hollywoodien qui n'est autre que le père de l'actrice Mia Farrow, la mère de l'ex-femme de Woody Allen étant également célèbre puisqu'il s'agit de l'actrice Maureen O'Sullivan, la Jane des Tarzan des années 1930 avec Johnny Weissmuller.
Diana Dors et Rod Steiger dans La Femme et le rôdeur (1957)
La carrière hollywoodienne de Diana Dors tourne malheureusement court à cause de son mari et manager Dennis Hamilton, dont les manières indélicates et les relations commerciales louches font le délice des tabloïds et lui mettent à dos les professionnels de la profession.
De retour en Angleterre, l'actrice rempile rapidement dans des productions britanniques courantes : Les Trafiquants de la nuit (K. Hughes, 1957) avec Victor Mature, Le Coup de minuit (Parry, 1957), Passeport pour la honte (Rakoff, 1958) avec Eddie Constantine, etc.
Passeport pour la honte (1958), un film tourné par Diana Dors à son retour des États-Unis
En cette toute fin des années 1950, la carrière au cinéma de l'actrice, pourtant à peine âgée de trente ans, commence à sérieusement marquer le pas... sans doute faute de n'avoir pu suffisamment renouveler son image. Diana Dors se lance alors dans les tournées de cabarets, les spectacles télévisés, la chanson et les revues (notamment à Las Vegas). Avec un succès certain. Heureusement pour elle car son mari, décédé en 1959 alors qu'ils avaient entamé une procédure de divorce, ne lui a laissé que des dettes...
Côté vie privée, tout va pour le mieux pour la jeune femme qui épouse l'acteur anglais Richard Dawson en 1959 et donne naissance à deux enfants, le premier en 1960 et le second en 1962.
Les années 1960 passent sans que Diana Dors, qui tente de jongler tant bien que mal entre sa carrière et son rôle de mère, ne revienne en tête d'affiche sur grand écran. A noter quand même l'apparition de l'actrice en 1964 dans son propre rôle dans Allez France ! de Robert Dhéry. Ce film assez rigolo (si l'on aime l'humour à la sauce Branquignol évidemment) suit les (més)aventures de Français moyens dans la capitale britannique à l'occasion d'un match France-Angleterre du tournoi des Cinq Nations.
Les Français savent toujours reconnaître le talent, surtout s'il est blond à forte poitrine ! Diana Dors joue son propre rôle dans Allez France (1964) de Robert Dhéry
Au cours des années 1970, la popularité de Diana Dors ne se dément pas outre-Manche grâce à ses fréquentes apparitions à la télévision et à la publication de bouquins plus ou moins croustillants sur sa vie. Séparée de son second mari en 1966, elle a épousé en 1968 un autre acteur, l'anglais Alan Lake, de dix ans son cadet, et donné naissance à un troisième enfant.
Bien que dotée d'un physique passablement alourdi, l'actrice se voit encore confier quelques rôles intéressants dans des œuvres cinématographiques importantes comme Deep End (1970) de Jerzy Skolimowski, histoire d'un ado de quinze ans, garçon de cabines dans un minable établissement de bains fréquenté par des dames parfois entreprenantes. Diana Dors y joue une cliente passionnée de football et de... jeunes éphèbes pas vraiment consentants !
L'actrice est aussi de la distribution du Joueur de flûte de Hamelin (1973), conte tourné en Angleterre par Jacques Demy avec le chanteur Donovan dans le rôle-titre.
En 1970, le nom de Diana Dors est encore suffisamment « porteur » pour que son nom soit écrit en gros sur l'affiche de Deep End alors que son rôle y est mineur
Décédée le 4 mai 1984 d'un cancer dont les premières atteintes l'avaient frappée au milieu des années 1970, Diana Dors apparaît pour la dernière fois au cinéma dans Steaming (1984), une œuvre qui s'avère être également le testament cinématographique du grand réalisateur Joseph Losey (1909-1984) (Eva, The Servant, Accident, Monsieur Klein, Don Giovanni).
L'actrice y côtoie les figures du cinéma et du théâtre britanniques Vanessa Redgrave (Blow-up, Les Diables, Retour à Howards End) et Sarah Miles (The Servant, La Fille de Ryan) dans le cadre d'un hammam vétuste sur le point de fermer définitivement ses portes.
Alan Lake, le troisième mari de Diana Dors, ne lui survivra guère. Quelques mois après le décès de son épouse, il se suicidera...
Diana Dors en 1984, année de son décès (image : www.dianadors.co.uk)
Consécration définitive de son entrée au panthéon de l'histoire britannique des Arts et des Lettres, Diana Dors, sous la forme de sa statue de cire, figure sur la pochette originale de l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles.
C'est Brigitte Bardot que le groupe anglais aurait souhaitée initialement... Les producteurs, fans de Diana Dors, eurent le dernier mot !
Ci-dessous, un petit film hommage à Diana Dors :