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Ciné glouglou n°12 : Torpilles sous l'Atlantique
Publié le
par lefilmdujour
Dick Powell, 1957
The Enemy Below, titre original de Torpilles sous l'Atlantique, n’est pas seulement un classique du ciné glouglou mais du film de guerre en général. Son propos pacifiste, sa réalisation parfaite et l’interprétation majeure de deux monstres sacrés du cinéma en font un film rare et, assurément, un des "masterpieces" de notre collection.
Le pitch : un destroyer américain traque impitoyablement un U-Boat allemand. Cette chasse se résume rapidement à un combat tactique entre le capitaine Murrell (Robert Mitchum) et le commandant Von Stolberg (Curd Jürgens). Lesquels, loin de se haïr au fil des péripéties, apprennent à se connaître et à s’admirer.
Le film a beaucoup mieux vieilli que d’autres, également tournés dans les années cinquante (il a obtenu l’Oscar des meilleurs effets spéciaux en 1958). Il est d’abord redoutablement efficace par sa mise en scène. L’intrigue est en effet très maigre. Le destroyer joue littéralement au chat et à la souris avec ce pauvre sous-marin et faire tenir un film entier sur ce seul ressort tient d’une gageure que le réalisateur relève fort brillamment.
Ce choix scénaristique a une conséquence immédiate et surprenante pour un film de guerre hollywoodien : on éprouve rapidement de la compassion pour cet équipage allemand, acculé dans les fonds marins, secoué par les grenades sous-marines, alors que les marins US lézardent en surface, pêchant tranquillement à la ligne en se plaignant de la chaleur. A tel point qu’on a envie d’entamer avec les Allemands ce chant de guerre lancé par défi, depuis les abysses, vers ce chasseur froid et impitoyable.
Curd Jürgens est formidable en commandant revenu de tout, surtout de la guerre, et ouvertement hostile à l’idéologie et à la gestuelle nazies. Robert Mitchum est parfait lui aussi. Il campe un officier meurtri par la guerre qui a perdu sa femme quelques mois plus tôt dans un torpillage. L’affrontement ira jusqu’au bout de la tragédie, mais le spectateur pressent que, d’une manière ou d’une autre, cette histoire finira sur une note positive.