Peter Watkins (1935-2025)

En 1967, le documentaire La Bombe, signé par le Britannique Peter Watkins, s’était vu interdire de diffusion par la BBC en raison de sa représentation hyperréaliste de la guerre nucléaire. « Réalisateur de docu-fictions réalistes et controversés examinant des événements historiques passés, présents et potentiels » (501 réalisateurs, paru aux éditions Omnibus), Peter Watkins est décédé le 31 octobre 2025 à l’âge de 90 ans.

Dans un style quasi journalistique et réalisé avec des acteurs non professionnels, La Bombe imagine le déclenchement d’une guerre atomique entre l’OTAN et l’URSS et les effets du nucléaire sur la population. Malgré son interdiction de diffusion, le documentaire fut couronné par le Prix spécial à la Mostra de Venise 1966, l’Oscar du meilleur film documentaire 1967 et le BAFTA 1967 (l’équivalent britannique des César français) du meilleur court métrage.

Peter Watkins est embauché par la BBC en 1964 pour réaliser son premier film professionnel Le Massacre de Culloden sur la bataille écossaise de 1746 où les régiments d’élite anglais écrasèrent les Highlanders. Par son style, le film établit un parallèle avec la guerre du Vietnam (avec caméra à l’épaule, interview de soldats en direct, commentaire en voix off de l’action en cours…).

Après La Bombe, Peter Watkins signe Privilège (1966) avec le chanteur Paul Jones, sur la construction médiatique d’une popstar, puis, en Suède, Les Gladiateurs (1968), sorte de film d’anticipation pacifiste, et, aux États-Unis, Punishment Park (1971). Toujours dans un style documentaire, cette critique de l’autoritarisme traite de la politique répressive que Richard Nixon mène aussi bien au Vietnam qu’à l’intérieur du pays.

Par la suite le réalisateur réalise notamment la biographie Edvard Munch, la danse de la vie (1973), Le Voyage (1987), épopée de 14h30 tournée dans 12 pays différents qui traite de la course aux armements et de la famine, et La Commune – Paris 1871 (2000), essai politique et historique filmé dans la région parisienne qui s’interroge à la fois sur l’épisode historique et sur le contexte contemporain.

Très attaché par ailleurs à la critique des médias de masse et de ce qu’il a nommé la "monoforme" (le schéma narratif dominant dans la production audiovisuelle actuelle), Peter Watkins vivait à Felletin dans la Creuse depuis plus d’une vingtaine d’années.