Jean-François Davy (1945-2025)

Passionné de cinéma et pionnier du cinéma érotique et pornographique en France, le réalisateur Jean-François Davy, à qui l’on doit le fameux Exhibition (1975), sorte de docu-vérité axé sur la vie privée et publique de l’actrice Claudine Beccarie, première star du cinéma X français, est décédé le 2 mai 2025, la veille de son 80^e anniversaire. 

Avec l’aide du comédien Claude Melki et de Jean-Marie Pallardy, alors mannequin et futur pionnier lui aussi du cinéma érotique, Jean-François Pallardy réalise son premier long métrage en 1966. A la diffusion très limitée, L’Attentat, inspiré des rêves du cinéaste en herbe et de la vague d’attentats perpétrés par l’OAS au début des années 1960, s’avère influencé par la Nouvelle vague. Son deuxième long métrage, le policier Traquenards (1968) avec Roland Lesaffre, Hans Meyer et Anna Gaël, est déjà pimenté d’érotisme. La Débauche (1970) utilise les ressorts du cinéma érotique pour raconter une véritable histoire, celle d’un couple qui se perd pour mieux se retrouver. 

Pour son quatrième film, Jean-François Davy rencontre Arletty, âgée de plus de 70 ans, qu’il souhaiterait faire tourner. L’actrice ne jouera pas dans Le Seuil du vide (1971), film aux résonances fantastiques que d’aucuns compareront à des films comme Rosemary’s Baby (1968) ou Le Locataire (1976) de Roman Polanski. 

Mais le film ne sortira sur les écrans qu’en 1974 et, pour des raisons financières, Jean-François Davy s’engage dans une trilogie « paillarde » qui associe humour et érotisme. Bingo ! Le premier, Bananes mécaniques (1972), qui déboule dans les salles en juillet 1973, réalise plus d’un million d’entrées. Suivent Prenez la queue comme tout le monde (1973) et Q (1974). 

L’année suivante, c’est donc le phénomène Exhibition qui devient le film phare du début du septennat de Valery Giscard d’Estaing qui lève la censure sur tous les films. Du jour au lendemain en effet, les films pornographiques ne sont plus interdits mais restreints aux plus de 18 ans (moyennant une taxe de 33 %). Exploitant le filon du docu-vérité ouvert par Exhibition, Jean-François Davy signe ensuite Exhibition 2 (1976) avec Sylvia Bourdon, Prostitution (1976) et Exhibition 1979 (1979) avec à nouveau Claudine Beccarie. 

Entre-temps, l’homme est aussi devenu producteur de films X (activité qu’il mènera jusqu’à la fin des années 1980), mais aussi d’œuvres de cinéastes comme Jean Marboeuf (Monsieur Balboss, 1974), Claude Miller (La Meilleure façon de marcher, 1975), Paul Vecchiali (Change pas de main, 1975, sur le tournage duquel il rencontre Claudine Beccarie), Jean-Daniel Pollet (L’Acrobate, 1975), Claude Faraldo (Les Fleurs du miel, 1975), Agnès Varda (L’une chante, l’autre pas, 1976), Christine Pascal (Félicité, 1978)… 

Parallèlement Jean-François Davy a le temps de signer la comédie Chaussette surprise (1978) avec un casting quatre étoiles : Claude Piéplu, Michel Galabru, Anna Karina, Bernadette Lafont, Christine Pascal, Agnès Soral, Rufus, Bernard le Coq, Bernard Haller, ainsi que Ça va faire mal (1982) avec Daniel Ceccaldi, Bernard Menez et Henri Guybet, et La Femme en spirale (1984), film quasiment inédit (mais disponible en DVD) que le réalisateur qualifie d’OVNI cinématographique. 

En 1982, Jean-François Davy crée aussi une maison d’édition de vidéos VHS, Fil à Film, qui lui permet de développer sa passion pour le cinéma à travers le lancement de collections de prestige telles que Les Films de ma vie, la Collection Palme d’Or et l’édition d’œuvres de cinéastes comme Charlie Chaplin, Louis Malle, François Truffaut, etc. 

Après le dépôt de bilan de cette société en 1993, il revient à la réalisation en 2005 avec la chronique autobiographique Les Aiguilles rouges, qui raconte un épisode marquant de son passage chez les scouts, film qui sera suivi de la comédie Tricheuse (2008) avec Hélène de Fougerolles et de la comédie sociale Vive la crise ! (2016) avec Jean-Claude Dreyfus, Jean-Marie Bigard, Michel Aumont, Rufus, Venantino Venantini, Dominique Pinon…