L'œil de Crazy Bug : Tunnel
Un film de Kim Seong-Hun (2015), sorti en salles le 3 mai 2017
Peut-on considérer Tunnel comme un film-catastrophe ? Non. Il ne s’agit ici nullement d’une population ou d’un groupe d’individus décimés par un phénomène plus ou moins naturel (tsunami comme dans le film norvégien récent The Wave, incendie monstrueux comme dans l’indéboulonnable Tour infernale, éruption volcanique comme dans Le pic de Dante, cataclysme climatique comme dans Le jour d’après, tornades comme dans Twister, collision avec des astéroïdes comme dans Deep Impact et Armageddon, etc.).
Tunnel est simplement l’histoire d’un homme, seul, enseveli dans sa voiture après qu’un tunnel routier s’est affaissé (pour cause de défauts de construction). Il faut donc rapprocher le film du Coréen Kim Seong-Hun d’une œuvre comme Buried, où un homme passe la totalité du long métrage enfermé dans un cercueil et relié au monde extérieur par son seul smartphone (même si Tunnel est bien moins radical). Ou bien encore, si l’on se projette un peu dans l’histoire du cinéma, du chef-d’œuvre de Billy Wilder Le gouffre aux chimères (avec un journaliste sans scrupules tentant de faire durer dans le temps le sauvetage d’un homme enseveli dans une galerie dans la montagne afin de maîtriser les scoops et de vendre du papier…).
C’est en effet bien de ça qu’il s’agit. Même si l’on suit les (més)aventures du pauvre homme coincé dans son tunnel pendant des semaines, le film s’apparente plutôt comme une critique en règle des institutions coréennes, traitée parfois sur le ton de la comédie, et tout le monde en prend pour son grade (sauveteurs, industrie du BTP, journalistes, gouvernement…). Ce n’est pas très léger et il y a quelques invraisemblances, mais le film, qui arrive à maintenir le suspense et la sensation de claustrophobie, se regarde sans déplaisir. On n’est quand même loin du chef-d’œuvre.
Crazy Bug