Le Film du jour n°205 : La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil
Un film français d'Anatole LITVAK (1969) avec Oliver Reed, Samantha Eggar, Stéphane Audran, Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi...
La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil n'est pas, loin s'en faut, le seul roman de Sébastien Japrisot à avoir été adapté pour le grand écran. Il y eut, dès 1965, Piège pour Cendrillon, réalisé par André Cayatte avec la pétulante Dany Carrel (voir Du grabuge chez les veuves) dans le rôle d'une amnésique en nuisette qui tente de reconstruire un passé bien trouble. Puis, la même année, Compartiment tueurs de Costa-Gavras, avec Yves Montand, Simone Signoret, Catherine Allégret (la fille de Signoret faisait là sa première apparition au cinéma), Michel Piccoli, Jacques Perrin et Pascale Roberts (la dame est aujourd'hui au générique de "Plus belle la vie").
C'est également à Japrisot que l'on doit les romans à l'origine des films Un été meurtrier, réalisé en 1983 par Jean Becker avec Isabelle Adjani, et Un long dimanche de fiançailles (Jeunet, 2004) avec Audrey Tautou et Gaspard Ulliel.
La B.O. du film !
Né en 1931 sous le nom de Jean-Baptiste Rossi, anagramme de Sébastien Japrisot, notre homme participa également à l'écriture de quelques scénarios, tels celui d'Adieu l'ami (Herman, 1968) avec Alain Delon et Charles Bronson, ou celui du Passager de la pluie (R. Clément, 1970) avec Marlène Jobert et Charles Bronson. Japrisot s'aventura également derrière la caméra. On lui doit à ce jour deux longs métrages : Les mal partis (1975), d'après son roman autobiographique, et Juillet en septembre (1988) avec, notamment, Anne Parillaud et Eric Damain (l'acteur qui avait fait pleurer la France entière vingt ans auparavant en interprétant pour la TV Jacquou le croquant... rien qu'en écrivant ce nom, j'en ai déjà les larmes aux yeux, c'est pour dire !).
La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil a été aussi adapté au cinéma par Joann Sfar. Le film est sorti sur les écrans français le 5 août 2015.
Les mal partis de Jean-Baptiste Rossi (alias Sébastien Japrisot) conte, c'est du propre, les amours contrariées d'un adolescent de quinze ans avec une jeune religieuse en 1944
La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, l'histoire : Dany, secrétaire d'un homme d'affaires, accompagne son patron et son épouse à Orly. Son boss la charge de ramener la voiture à Paris. Mais Dany se trompe d'embranchement (elle est d'un cruche, Dany...) et s'engage sur l'autoroute du Sud. Elle est bientôt prisonnière de la file de vacanciers qui partent pour le soleil, car figurez-vous que nous sommes le 14 juillet. Dany est néanmoins heureuse de profiter de la belle journée et de la superbe Ford blanche de son patron. Soudain, le rêve se mue en cauchemar. Quelqu'un l'assaille dans les toilettes d'une station-service, de nombreuses personnes affirment l'avoir vue la veille, roulant dans l'autre sens. Elle découvre enfin le cadavre d'un homme dans son coffre... Qui est donc Dany ? Une folle, une amnésique, une meurtrière, une victime d'un complot diabolique ? Quoi qu'il en soit, tout le monde se lève pour Dany !
Samantha Eggar
C'est la toute mignonne actrice d'origine britannique Samantha Eggar qui joue Dany dans La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil. Née en 1939 en Angleterre, la jeune femme mène d'abord des études artistiques avant de faire ses premiers pas sur la scène britannique. Elle se voit notamment proposer le rôle de Lady Hamilton (qui fut, comme chacun sait, la maîtresse de Lord Nelson, le vainqueur de Trafalgar) dans une pièce écrite par Cecil Beaton. Rapidement, Samantha Eggar interprète également du Shakespeare et du Tchekhov. C'est en 1962 qu'elle apparaît pour la première fois sur grand écran dans un film anglais, mais c'est en 1965 qu'elle éclate au niveau international en jouant dans L'obsédé de William Wyler aux côtés de Terence Stamp.
Terence Stamp et Samantha Eggar dans L'obsédé (Wyler, 1965) (image : www.toutlecine.com)
Dans ce film, Samantha Eggar interprète Miranda, une jeune femme enlevée et séquestrée par un collectionneur de papillons, refoulé sexuel et psychopathe à ses heures. Dans ce huis clos de quasiment deux heures, Samantha Eggar est remarquable. Sa prestation lui vaut d'ailleurs un Golden Globe de la meilleure actrice, un prix d'interprétation féminine au festival de Cannes et une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. Pour ne pas s'enfermer dans des rôles tragiques, Samantha Eggar s'essaiera par la suite à la comédie - Rien ne sert de courir (Walters, 1966, aux côtés de Cary Grant qui signe ici sa dernière apparition au cinéma) - puis à la comédie musicale - L'extravagant Docteur Dolittle (Fleischer, 1966), avec Rex Harrison dans le rôle-titre.
Cary Grant, Samantha Eggar et Jim Hutton dans Rien ne sert de courir (Walters, 1966)
Par la suite, Samantha Eggar va surtout tourner pour la télévision. Sur grand écran, on la reverra néanmoins face à Sean Connery et Richard Harris dans Traître sur commande (Ritt, 1969) ainsi qu'aux côtés de Kirk Douglas et Yul Brynner dans Le phare du bout du monde (Billington, 1971), une œuvre adaptée du roman du même nom de Jules Verne.
Après quelques films en Italie (le giallo Overtime d'Armando Crispino en 1971 ; le film de guerre La grande bataille d'Umberto Lenzi en 1977), Samantha Eggar se retrouve à nouveau face à Oliver Reed (déjà rencontré sur le plateau de La dame dans l'auto...) dans une œuvre singulière, mais déconseillée aux âmes sensibles, de David Cronenberg : Chromosome 3 (1979).
Samantha Eggar somatise de façon peu ragoutante dans Chromosome 3 (Cronenberg, 1979)
Samantha Eggar y est Nola, l'une des patientes d'une étrange clinique où le docteur en chef utilise une thérapie originale basée sur les "psychoprotoplasmes". Thérapie qui permet aux malades de matérialiser leurs troubles mentaux par des excroissances organiques (miam... miam...) : plaies, pustules, surabondances dermiques, etc. Oui, mais voilà, Nola, elle est pas comme tout le monde : elle, elle donne vie à des créatures pas sympas du tout ! Vérifiez ça sur la bande-annonce de Chromosome 3 ci-dessous :
A plus de 70 ans, l'actrice a toujours bon pied bon œil !