Juliette Mayniel (1936-2023)

Publié le par lefilmdujour

Révélée par la Nouvelle vague, l'actrice française Juliette Mayniel est décédée le 21 juillet 2023 à l'âge de 87 ans. Née dans l'Aveyron, Juliette Mayniel débarque à Paris à tout juste vingt ans. C'est Claude Chabrol qui la repère dans un clip publicitaire pour une célèbre marque de savon. En Juliette Mayniel, dont le visage n'est pas sans rappeler ceux d'Ingrid Bergman et de Michèle Morgan, le réalisateur a trouvé celle qui va interpréter Florence, la jeune héroïne des Cousins (1958) dont les faveurs sont âprement disputées par les deux cousins du titre, joués par Jean-Claude Brialy et Gérard Blain.

 

Juliette Mayniel et Gérard Blain dans Les Cousins (1958)

La carrière de la jeune actrice est lancée et elle enchaîne les rôles. On la croise amoureuse d'un beau capitaine (Jean-Claude Pascal) dans Pêcheur d'Islande (Schoendoerffer, 1959), transposition moderne du roman de Pierre Loti, puis Juliette Mayniel joue une étudiante, malheureusement victime du machiavélique docteur Génessier (Pierre Brasseur), dans Les Yeux sans visage (1960) de Georges Franju (photo ci-dessous).

 

Cette même année 1960, la comédienne débutante décroche l'Ours d'argent de la meilleure actrice au Festival de Berlin pour son interprétation d'une Française déportée en Allemagne pour le travail obligatoire dans Je ne voulais pas être un nazi de Wolfgang Staudte (1960). On la retrouve ensuite chez Jean-Pierre Mocky en jeune épouse dans Un couple (1960), où le réalisateur évoque - sujet tabou et mini-scandale à l'époque - la mésentente sexuelle de jeunes mariés, le tout sur des dialogues de Raymond Queneau.
 

Juliette Mayniel et Jean Kosta dans Un couple (1960)

En 1961, Juliette Mayniel, comme beaucoup d'autres de ses consœurs, file vers Cinecitta où les péplums se filment à la pelle. Elle tombe, cinématographiquement parlant, dans les bras du musclé Steve Reeves, héros de La Guerre de Troie (Ferroni, 1961). Chabrol se rappelle alors à son bon souvenir et lui confie coup sur coup deux rôles, l'un dans Ophélia (1962), où elle se refuse à jouer l'Ophélie que son fiancé, dont l'esprit embrumé confond la vraie vie et le drame de Hamlet, veut lui voir endosser, l'autre dans Landru (1962), où elle interprète l'une des disparues, victimes du célèbre criminel (Charles Denner).

 

Juliette Mayniel, tête d'affiche de Ophélia (1962)

Juliette Mayniel retourne dès 1963 de l'autre côté des Alpes pour continuer sa carrière italienne (mais la plupart des films qu'elle tourne alors ne sont pas distribués en France). L'actrice n'a néanmoins pas tout perdu puisqu'elle va vivre une grande histoire d'amour avec l'acteur Vittorio Gassman et donner naissance en 1965 à un fils, l'acteur et réalisateur Alessandro Gassman (Hammam en 1996, Le Transporteur 2 en 2004, Caos Calmo en 2008).

 

Les longs métrages transalpins de Juliette Mayniel qui parviennent jusqu'aux écrans français relèvent de genres typiquement italiens dans les années 1970 et 1980 comme la sexy-comédie (Et si on faisait l'amour ? Caprioli, 1969 ; Péchés en famille, Gaburro, 1975 ; Un vice de famille, Laurenti, 1975...), le néo-polar (Un flic hors-la-loi, Steno, 1973), le giallo (Terreur sur la lagune, Bido, 1978). On la voit subrepticement dans Di padre in figlio, un film documentaire écrit et interprété par Vittorio et Alessandro Gassman qui y jouent leurs propres rôles.

Publié dans Claps de fin

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