Claude Bernard-Aubert (1930-2018)

Publié le par lefilmdujour

Essentiellement connu pour avoir fait tourner Jean Gabin dans L’Affaire Dominici (1972), le réalisateur Claude Bernard-Aubert (Claude Ogrel pour l'état civil) est décédé le 25 juin 2018 à l’âge de 88 ans.

Claude Bernard-Aubert débute dans la vie active comme reporter de guerre en Extrême-Orient entre 1949 et 1954. De retour en France, il évoque la guerre d'Indochine dès son premier film, Patrouille de choc (1956), mais il y dépeint la cruauté du conflit avec un tel réalisme que la censure s'en mêle. Initialement intitulé Patrouille sans espoir, le film  faillit être rebaptisé par la commission de censure Patrouille de l'espoir afin d'en cacher son pessimisme noir...

Dans  deux de ses films suivants, Les Tripes au soleil (1958) et Les Lâches vivent d'espoir (1960), le réalisateur s'attaque à dénoncer le racisme. Mais, là aussi, par excès de réalisme, les deux longs métrages ont à subir quelques démêlés avec la censure. Claude Bernard-Aubert aborde par la suite des sujets un peu plus « légers ». C'est déjà le cas dans Match contre la mort (1959), basé sur un scénario de... Pierre Bellemare. Et pour cause : le film relate l'enlèvement d'un enfant, dont les parents (Gérard Blain et Antonella Lualdi) sont sur le point de gagner "La tête et les jambes", célèbre jeu télévisé de l'époque animé par le présentateur aux bretelles décédé le 26 mai dernier ! 

Le réalisateur revient toutefois rapidement au thème de la guerre avec Les moutons de Praxos/A l'aube du troisième jour (1963), film dans lequel un petit village grec combat l'envahisseur, puis avec Le facteur s'en va-t-en guerre (1966), avec Charles Aznavour en petit facteur jeté en pleine guerre d'Indochine, et Les portes de feu (1971) avec Emmanuelle Riva, Dany Carrel, Annie Cordy et Juliette Mills en infirmières capturées par les Allemands en pleine offensive de Rommel en Afrique du nord.

C'est en 1972, après avoir signé un policier avec Adamo (L’Ardoise, 1969) que Claude Bernard-Aubert met en scène son film, si ce n'est le meilleur, tout du moins le plus connu, L'affaire Dominici, avec un Jean Gabin en vieux patriarche à la gâchette facile... 

A partir de 1976, Claude Bernard-Aubert va toutefois radicalement changer son fusil d'épaule si l'on peut dire. Finis, les coups de semonce et place désormais aux coups de semence : le réalisateur se spécialise dans le porno. Signant ses multiples "œuvres" sous le pseudonyme de Burd Tranbaree (anagramme de Bernard-Aubert) et enquillant les tournages de foufounes en folie et de zizis au zénith jusqu'en 1987, notre homme ne repassera dans le circuit "normal" que pour quelques longs métrages : une comédie polissonne avec Dora Doll (Les filles du régiment, 1978), un film de guerre situé, encore une fois, en Indochine (Charlie Bravo, 1980), puis un mélodrame avec Marie-Christine Barrault et Bruno Cremer (Adieu, je t'aime, 1988).

Son dernier film, Le Denier du colt (1990), réalisé pour la télévision, était une adaptation d’un roman de James Hadley Chase.

Publié dans Claps de fin

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