Ciné olé-olé par Lenny Barre : Femina Ridens
Un film de Piero Schivazappa (1969), disponible en Blu-ray aux éditions Frenezy
Femina Ridens ("La femme qui rit" en latin) est intéressant à voir ou revoir en cette ère post-#MeToo. Sorti à l’époque sur les écrans français sous le nom du Duo de la mort, le film s’articule autour d’un duel homme-femme qui semble tourner au départ à l’avantage du premier.
Le docteur Sayer, qui dirige une grande fondation philanthropique, sequestre une collaboratrice journaliste (qui travaille sur un article traitant de... la stérilisation masculine en Inde) pour la soumettre à ses pulsions de domination plutôt perverses. Remontant à l’enfance, sa haine des femmes, doublée apparemment d’une impuissance sexuelle, finit irrésistiblement par céder à un certain trouble, puis à une certaine attirance envers la jeune femme (qui a plus d’un tour dans son sac… et qui saura retourner la situation à son avantage).
Beau combat contre la masculinité toxique ! mais le film est plus subtil qu’il en a l’air et la conclusion du long métrage peut laisser pantois. Outre le scénario, Femina Ridens se distingue aussi de la production courante des films de genre italiens de la fin des années 1960 par une attention extrême portée à la direction artistique (décors, costumes, éclairages…), le tout en rendant hommage à la plasticienne Niki de Saint Phalle. Un hommage qui culmine avec une reproduction de la sculpture monumentale Hon/Elle, gigantesque Nana couchée sur le dos jambes écartées, qui laisse entrer par son sexe ouvert, dans une scène fantasmée, le personnage masculin pour mieux le vider de sa substance.
Le générique réunit l’acteur français Philippe Leroy (décédé en 2024), tout en muscles et en morgue, et la très belle comédienne allemande Dagmar Lassander (81 ans aujourd’hui) qui se confie dans les bonus du Blu-ray récemment paru aux éditions Frenezy. Très belle partition de Stelvio Cipriani, disparu en 2018.