Le Film du jour n°156 : Prends 10 000 balles et casse-toi
Un film français de Mahmoud ZEMMOURI (1981) avec Fawzi, Yves Neff, Sir Lechea, Stiti, Annie Rousset...
Malgré un titre qui sent le nanar à plein nez, le Film du jour n'a strictement rien à voir avec les Prends ta Rolls et va pointer, Plein les poches pour pas un rond et autres C'est facile et ça peut rapporter vingt ans de sinistre réputation. Signé par l'acteur/réalisateur d'origine algérienne Mahmoud Zemmouri, né en 1946, Prends 10 000 balles et casse-toi tire son sujet de la loi Stoléru promulguée sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, loi qui mit en place une aide au retour de 10 000 francs pour les immigrés. En choisissant de décrire la destinée de deux adolescents dont les parents décident de se rapatrier, le réalisateur aborde un problème qui, à l'époque, était peu traité au cinéma (c'est le moins qu'on puisse dire...).
Prends 10 000 balles et casse-toi, l'histoire : Un couple d'immigrés algériens, accompagnés de ses deux enfants (un garçon et une fille), revient au pays après avoir touché l'aide au rapatriement du gouvernement français. Ce retour dans une petite ville rurale de la proche banlieue d'Alger sera problématique, voire catastrophique. L'inadaptation aux structures archaïques et fortement codifiées de la société locale sera d'autant plus forte que la mentalité européanisée des nouveaux arrivants provoque soupçons et rejet de la part de la population environnante (source : L'année du cinéma).
Prends 10 000 balles et casse-toi est le premier film réalisé par Mahmoud Zemmouri, qui fit ses premiers pas au cinéma comme acteur dans L'autre France (1974) d'Ali Ghalem. L’œil avisé du cinéphile averti l'aura ensuite repéré dans Tchao Pantin (Berri, 1983), Pinot simple flic (Jugnot, 1984), La smala (Hubert, 1984), Nuit d'ivresse (Nauer, 1986), L’œil au beur(re) noir (Meynard, 1987), La thune (Galland, 1991), Blanc d'ébène (Doukouré, 1991), Hexagone (Chibane, 1993) et Munich (Spielberg, 2004).
Le second film réalisé par Mahmoud Zemmouri (image : www.cinema-francais.fr)
L'énorme succès remporté par son premier film en tant que réalisateur permit à Mahmoud Zemmouri d'enchaîner un deuxième film coproduit par le gouvernement algérien, Les folles années du twist (1983) avec, notamment, Jacques Villeret et Richard Bohringer. Cette nouvelle comédie engagée, qui tourne en dérision la révolution algérienne, n'a pas l'heur de séduire de l'autre côté de la Méditerranée ; le film est censuré. Avec De Hollywood à Tamanrasset (1991), troisième film tourné, comme les deux premiers, sur le registre du burlesque et de la satire sociale (et avec un certain manque de finesse patent, selon certains...), le réalisateur se met, cette fois-ci, les religieux à dos ;: ses décors sont brûlés.
En 1993, L'honneur de la tribu, adapté du roman éponyme de Rachid Mimouni, aborde un registre plus grave. Retour à l'humour néanmoins en 1997 avec 100% arabica. Ce long métrage conte les aventures d'un maire de la banlieue parisienne qui, soucieux de sa réélection et désireux de garantir le calme dans sa commune, embauche, moyennant subventions, les jeunes les plus désœuvrés. Mais, ceux-ci ont d'autres projets en tête. A l'affiche, les chanteurs Khaled et Cheb Mami.
Yasmine Belmadi dans Beur, blanc, rouge (2004) de Mahmoud Zemmouri (image : www.toutlecine.com)