La piqure de Sal Obscur : Le Bon Dieu sans confession

Publié le par lefilmdujour

La piqure de Sal Obscur : Le Bon Dieu sans confession
Claude Autant-Lara, 1953
Tourné par Claude Autant-Lara entre L'auberge rouge et Le blé en herbe, Le Bon Dieu sans confession est une réussite à mettre au crédit du réalisateur et de ses deux acteurs principaux, la talentueuse Danielle Darrieux, machiavélique à souhait, et le nettement moins célèbre Henri Vilbert. Plutôt cantonné dans les rôles de complément, ce dernier - en affairiste avisé mais amoureux naïf - est remarquable. Sa prestation a d'ailleurs été couronnée par la coupe Volpi du meilleur acteur lors du festival de Venise en 1953.
M. Dupont (Henri Vilbert) vient de mourir. Derrière le corbillard marchent son épouse, son fils (Claude Laydu), sa fille, son associé Varesco (Grégoire Aslan) et la belle Janine Fréjoul (Danielle Darrieux), celle à qui l'on donnerait "le Bon Dieu sans confession". Chacun se remémore le passé. De façon assez astucieuse, les flash-back permettent de cerner par touches successives la personnalité de l'homme d'affaires décédé. Marié à une femme qu'il n'aime pas, M. Dupont est tombé amoureux de Janine Fréjoul, déjà pourvu d'un amant (Yvan Desny) qu'elle idolâtre. Sans le sou, elle accepte de se faire entretenir sans jamais céder aux avances du monsieur qui, naïvement, va espérer des années durant.
L'intérêt du film vient essentiellement de sa structure morcelée qui fait s'enchevêtrer les souvenirs des différents protagonistes. Des souvenirs qui permettent non pas de retracer chronologiquement la vie du protagoniste principal, mais d'en dessiner progressivement et avec subtilité le portrait psychologique. Tout l'art d'Autant-Lara réussit à transformer un personnage monolithique et antipathique au premier abord en être humain profondément attachant. Placée vers la fin du film, la scène entre le père et sa fille (jouée avec sensibilité par Isabelle Pia, l'une des étoiles filantes du cinéma français des années 50) est à cet égard particulièrement réussie.
Dans Le Bon Dieu sans confession, Claude Autant-Lara arrive aussi à glisser quelques vérités sur les périodes noires de l'Occupation et de l'épuration: dénonciations, collaboration économique avec les Allemands, lettres anonymes, etc. Mettre l'accent sur des comportements quotidiens ambigus à l'égard de l'occupant n'était pas si courant que ça au début des années 50.
Un film à voir.
Sal Obscur
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