Jacques Rozier (1926-2023)
Considéré avec ses courts métrages comme un précurseur de la Nouvelle Vague, auteur avec son premier long métrage Adieu Philippine (1960) d’un film considéré comme emblématique de l’esthétique du mouvement, le réalisateur Jacques Rozier est décédé le 2 juin 2023 à l’âge de 96 ans.
Adieu Philippine raconte l’histoire d’un trio formé d’un garçon amoureux de deux filles, très amies entre elles, qui passent des vacances en Corse avant que le jeune homme ne parte faire son régiment en Algérie. « Jacques Rozier cherche à la fois une justesse de jeu (même et surtout dans l’improvisation) et un reflet de vérité au plus profond de la réalité immédiate », écrit Noël Simsolo dans le Dictionnaire de la Nouvelle Vague, paru chez Flammarion.
Ayant du mal à réaliser un second long métrage, le premier ayant échaudé les producteurs, le cinéaste, qui veut travailler à partir de scénarios peu contraignants ou inachevés, signe des documentaires (notamment sur le tournage du Mépris de Jean-Luc Godard) et travaille pour la télévision. Ce n’est qu’en 1969 qu’il peut boucler le tournage de Du côté d’Orouët qui raconte les vacances de trois jeunes filles et d’un jeune homme sur le littoral vendéen. Le film ne trouve pas son public mais révèle le talent comique de Bernard Menez.
En 1974, le producteur Claude Berri propose au réalisateur de tourner un film avec Pierre Richard. Ce sera Les Naufragés de l’île de la Tortue qui sort en 1976, une sorte d’anti-Bronzés loufoque (selon le critique Ludovic Lament) avec Jacques Villeret et Pierre Richard en organisateurs d’une formule de vacances qui consiste à laisser les touristes livrés à eux-mêmes sur une île déserte.
Il faudra au réalisateur encore dix ans avec que le jeune producteur Paolo Branco lui offre la possibilité de réaliser Maine Océan (1985), prix Jean-Vigo 1986, comédie poétique en forme d’étrange voyage avec Bernard Menez et Luis Rego en contrôleurs SNCF et un formidable Yves Afonso en marin-pêcheur ombrageux.
Par la suite, Jacques Rozier réalisera encore des documentaires et un dernier long métrage, Fifi Martingale (2001), avec Jean Lefebvre, Mike Marshall et Alexandra Stewart qui ne connaîtra qu'une distribution très limitée… La réalisateur avait reçu le Prix René Clair et le Carrosse d’or pour l’ensemble de son œuvre.