Claude Goretta (1929-2019)
Cinéaste suisse venu du documentaire et de la télévision, Claude Goretta, à qui l’on doit La Dentellière (1976), adaptation du roman de Pascal Lainé (Prix Goncourt 1974) avec Isabelle Huppert, est décédé le 20 février 2019 à l’âge de 89 ans.
Claude Goretta avait fondé en 1952 le Ciné-club universitaire de Genève avec Alain Tanner, autre réalisateur suisse né en 1929, qu’il rejoint à Londres en 1955 pour travailler au British Film Institute. Tous deux signent en 1957 le court métrage documentaire Piccadilly la nuit. En 1968, Claude Goretta, avec Alain Tanner, Jean-Louis Roy, Michel Soutter, Yves Yersin et Jean-Jacques Lagrange, crée la maison de production Groupe 5 qui contribue à l’essor du cinéma helvète.
Après plusieurs documentaires, Claude Goretta réalise son premier long métrage de fiction pour le cinéma en 1970, Le Fou, drame psychologique avec François Simon, le fils de l’acteur Michel Simon. Pour le grand écran, il tourne ensuite L’Invitation (1973), prix du Jury au Festival de Cannes, une comédie de mœurs avec Michel Robin en modeste employé de bureau qui hérite d’une superbe résidence où il invite ses supérieurs et ses collègues. Soleil et alcool aidant, les retenues d’usage disparaissent… Dans Pas si méchant que ça (1974), Gérard Depardieu commet de petits braquages de banques et de bureaux de poste pour sauver son entreprise d’ébénisterie de la faillite. L’œuvre la plus remarquable de Claude Goretta reste cependant La Dentellière, histoire d’un amour impossible entre un étudiant et une coiffeuse, premier grand rôle d’Isabelle Huppert.
Suivront La Provinciale (1980) avec Nathalie Baye et Bruno Ganz, disparu le 15 février dernier, La Mort de Mario Ricci (1982), qui vaut à Gian-Maria Volonte le prix d’interprétation au festival de Cannes pour le rôle d'un célèbre journaliste TV qui enquête sur la mort d'un ouvrier italien dans un village suisse, Orfeo (1985), adaptation pour le cinéma de l’opéra de Monteverdi, Si le soleil ne revenait pas (1987), l’avant-dernier film tourné par Charles Vanel (quelques mois avant Les Saisons du plaisir de Jean-Pierre Mocky) et L’Ombre (1991), drame politique avec Jacques Perrin, Pierre Arditi et Gudrun Landgrebe.
Claude Goretta, qui n’a jamais cessé de travailler parallèlement pour la télévision pendant toutes ces années, a aussi signé plusieurs téléfilms de la série des Maigret avec Bruno Cremer, ainsi que Le Dernier été (1997) avec Jacques Villeret en Georges Mandel, Thérèse et Léon (2001) avec Claude Rich en Léon Blum, La fuite de Monsieur Monde (2004), adaptation du roman de Simenon avec Bernard Le Coq, et Sartre, l’âge des passions (2006) avec Denis Podalydès dans le rôle du philosophe et Anne Alvaro en Simone de Beauvoir.