L'oeil de Crazy Bug : Tu ne tueras point
Un film de Mel Gibson (2015), sorti en salles le 9 novembre 2016
Neuf ans après le très bon Apocalypto, Mel Gibson revient derrière la caméra et il n’est pas content… Surtout dans la deuxième partie de Tu ne tueras point où la fascination pour les scènes violentes de celui qui restera toujours notre Mad Max préféré joue à plein. Le réalisateur oppose avec brio la boucherie de la guerre entre Japonais et Américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale (au moment où les troupes de l’oncle Sam débarquent sur le territoire historiquement nippon) et l’idéalisme « raisonné » d’un jeune soldat qui a souhaité s’engager mais dont la foi inébranlable (et un passé douloureux) lui interdit de toucher une quelconque arme. On n’a sans doute pas vu des séquences de bataille aussi viscérales et sanglantes (personnes sensibles s'abstenir...) depuis On a sauvé le soldat Ryan…
Inspiré d’une histoire vraie, Tu ne tueras point n’a strictement rien d’un film catho (comme les critiques contempteurs de Mel Gibson traditionnellement christianophobes et amateurs d’idées toutes faites se sont complus à l’écrire à longueur de colonnes), d’autant que le héros n’est pas catholique mais adventiste du 7e jour, une branche du protestantisme assez rigoriste.
C’est l’histoire d’un parcours totalement atypique d’un homme caractérisé à la fois par une certaine naïveté et par une conscience claire de sa destinée au moment où se déchaînent les violences humaines les plus abominables. Et qui a su apporter un peu de lumière là où régnaient les ombres les plus mortifères. Idéal dans son rôle, l’acteur principal (Andrew Garfield), particulièrement émouvant, réussit le pari (pas évident au départ) de mettre le spectateur de son côté dans un film d’un grand classicisme et plutôt antimilitariste (pas de drapeau US à l'écran...) qui renoue avec les magnifiques films de guerre hollywoodiens des années 1940 et 1950, le réalisme du champ de bataille en plus. Percutant !
Crazy Bug