Norbert Terry (1924-2025)
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Considéré comme le pionnier du cinéma porno gay en France, le réalisateur, producteur et distributeur Norbert Terry est décédé le 2 juillet 2025 à l’âge de 100 ans.
De son vrai nom Norbert Torasso, Norbert Terry fait ses premiers pas dans le cinéma en tant qu’assistant de réalisateurs comme Jean Dréville (sur La Fayette, 1960) et Jacques Tati (sur Playtime, 1964). Il apparaît aussi en tant qu’acteur dans quelques films, et notamment dans Quoi de neuf Pussycat (1965) de Clive Donner et Martin soldat (1966) de Michel Deville.
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Norbert Terry passe à la réalisation avec une bande un tantinet leste, intitulée joyeusement L’Amour au pensionnat (1970) et également connue sous le titre Jeune fille bien… pour tous rapports. On y suit les aventures d’un jouvenceau qui se déguise en demoiselle pour pénétrer un pensionnat de jeunes filles et on y découvre dans des seconds rôles des vieux routiers du cinéma français comme Renée Saint-Cyr (mère de Georges Lautner), déjà à l’écran dans les années 1940, et le fameux Noël Roquevert !
Norbert Terry reste dans le même registre avec La Classe du sexe (1972) puis enchaîne avec Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole (1973), pile au moment du premier choc pétrolier, et Le Polygame (1973), ce dernier avec, en guest star, Mary Marquet, déjà vedette de la Comédie-Française dans les années 1920…
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En 1976, Norbert Terry change son fusil d’épaule et se lance sur un créneau alors très peu encombré : le cinéma pornographique homo. L’homme étant également propriétaire de deux salles de cinéma, l’une à Paris et l’autre à Marseille, le réalisateur (et distributeur de films porno gay étrangers) ne rencontre aucun problème pour diffuser les œuvres qu’il signe ou produit à une époque où l’homosexualité est plutôt mal vue…
Surnommé « le tsar du porno homo », Norbert Terry est suffisamment original pour que Le Nouvel Obs lui consacre une page entière en 1978. « Quand j’ai voulu me mettre au porno homo, tout le monde m’a dit : "Tu ne feras pas un sou, il n’y a pas assez de pédés en France". Eh bien, maintenant, ils tirent tous une tête comme ça devant mes recettes », confie-t-il à l’hebdomadaire.
De fait, les films qu’il réalise ou produit alors rapportent sept fois plus qu’un film X traditionnel. Parmi les titres de gloire de Norbert Terry en tant que réalisateur on citera Hommes entre eux (1976), considéré comme le premier film X homosexuel français du cinéma « moderne », Mâles Hard Corps (1977), Jeune proie pour mauvais garçons (1977), Dragues (1978) et Il était une fois un homosexuel (1979). Il signe également à la même époque quelques films X hétéros.
En 1980, affaires faites, Norbert Terry avait plié les gaules et, semble-t-il, disparu de la scène cinématographique.