Le Film du jour n°201 : Trois fantastiques supermen

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°201 : Trois fantastiques supermen
Titre original : I fantastici tre supermen
Un film germano-franco-italo-yougoslave de Frank KRAMER (1967) avec Tony Kendall, Brad Harris, Aldo Canti (alias Nick Jordan), Sabine Sun, Gloria Paul...
Derrière le pseudonyme de Frank Kramer, auteur de ces Trois fantastiques supermen, se cache le prolifique réalisateur italien Gianfranco Parolini, né en 1930. "Parmi les très nombreux cinéastes de l'âge d'or du cinéma bis italien, Parolini est sans doute celui qui possède le plus grand sens de l'humour, ce qui lui permet d'aborder sans mépris, mais avec une bonne dose de détachement, les nombreux travaux qui lui sont confiés". C'est en ces termes que le décrit Laurent Aknin dans son ouvrage Cinéma bis : 50 ans de cinéma de quartier.
Le cinéma bis, pour ceux qui l'ignoreraient encore, c'est un immense corpus de films en marge de la grande Histoire du cinéma. Dans cette catégorie, on range des films de genre à caractère populaire et commercial (fantastique, aventures exotiques, érotisme, westerns-spaghettis, horreur...), réalisés entre 1950 et 1980, dotés de budgets limités (pour ne pas dire pingres) et généralement ignorés par la critique officielle. Quoique cette dernière caractéristique ne soit plus tout à fait exacte, au vu des soirées "bis" organisées par la Cinémathèque française depuis quelques années...
Le Film du jour n°201 : Trois fantastiques supermen

Brad Harris, Nick Jordan et Tony Kendall, les trois fantastiques supermen (image : www.ivid.it)

Gianfranco Parolini, qui démarre sa carrière de réalisateur au début des années 60, se distingue d'abord dans le péplum, genre fécond à l'époque, en signant coup sur coup Hercule se déchaîne (1961) et Samson contre Hercule (1961), deux films bouclés avec les mêmes acteurs, tant au rayon masculin - Brad Harris (voir Le retour du gladiateur le plus fort du monde), Alan Steel et... Serge Gainsbourg en fourbe de service - que féminin (la très belle Brigitte Corey).
Après Les derniers jours d'Herculanum (1962), Les dix gladiateurs (1963) et Ursus l'invincible (1963), notre homme change de registre et se lance dans l'espionnage en enchaînant la série des "Commissaire X", films de coproduction germano-italienne avec le duo d'acteurs formé par Brad Harris et Tony Kendall : Commissaire X traque les chiens verts (1965), Chasse à l'homme à Ceylan (1966), Commissaire X dans les griffes du dragon (1966), Commissaire X : halte au LSD (1967).
Le Film du jour n°201 : Trois fantastiques supermen

Quelle que soit la qualité du film, une chose est sûre : les pépées légèrement vêtues et lourdement armées sont au rendez-vous !

Mais c'est avec le western-spaghetti que Giancarlo Parolini (désormais Frank Kramer) peut atteindre une sorte de consécration. D'abord avec Sartana (1968) avec l'estimable Gianni Garko dans le rôle-titre, film où le réalisateur impose un nouveau type de héros hiératique, infaillible et invulnérable, sorte d'ange de la mort. Puis avec Sabata (1969), "un suprême de western, truffé de dynamite, à la sauce Winchester" (dixit l'affiche française du film) avec l'inoubliable Lee Van Cleef. Ce dernier long métrage connaîtra une seule suite avec Le retour de Sabata (1971), Adios Sabata (1970), joué par Yul Brynner, n'ayant aucun rapport avec le héros du même nom (ces distributeurs français, tout de même !).
Après ces coups d'éclat, la carrière de Gianfranco Parolini marquera franchement le pas, puisqu'il ne signera plus que des parodies de westerns ou de films d'aventures sans grand intérêt comme Trinita, nous voilà ! (1975) avec le tandem "comique" Michael Coby/Paul Smith, les Terence Hill/Bud Spencer du pauvre... pour ne pas dire de l'indigent (voir Pour Pâques ou à la Trinita). Signalons dans le tas un film fantastique improbable intitulé Yéti, le géant d'un autre monde (1977), un grand moment de n'importe quoi à mi-chemin entre King Kong (pour le côté gros monstre velu) et E.T. (pour le côté mièvre... hein ? J'ai dit une bêtise ?)
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King Kong n'est pas loin dans ce film de Parolini réalisé en 1977

Trois fantastiques supermen, l'histoire : Deux bandits super-costauds, qui se font appeler les invincibles Supermen (ça mange pas de pain...), s'allient avec un troisième pour coller avec le titre du film... et, accessoirement, commettre un larcin de haute volée : chiper un million de dollars planqués dans une ambassade. S'ensuit une super-poursuite pleine de super-coups de théâtre pour nos super-héros en pyjamas rouge vif à l'épreuve des balles, pyjamas agrémentés de gants Mapa noirs et d'un surslip moule-burnes également noir du plus bel effet. Rien à voir donc avec l'affiche française qui laissait espérer trois musclors bodybuildés aux biceps et aux pectoraux hypertrophiés un tant soit peu crédibles... quoique Brad Harris fasse à peu près l'affaire. Vous trouverez ci-dessous la bande-annonce en VF du film : vous y découvrirez que nos trois amis, "dont les exploits défient l'imagination", savent utiliser à bon escient le trampoline (pour les cascades) et qu'ils jouissent d'un arsenal dernier cri : boules-yoyos tueuses, semelles à ventouses (du type débouche-évier) pour grimper aux murs, etc.
Sachez d'emblée que Trois fantastiques supermen fut le premier épisode d'une série de plusieurs longs métrages... et c'est de très loin le meilleur (juste pour dire l'étendue du naufrage). Suivront notamment Les trois fantastiques supermen à Tokyo (1967), Les trois supermen dans la jungle (1970) et Les trois supermen du kung-fu (1973) - ce dernier avec Jacques Dufilho en ambassadeur américain mongoloïde ! -. Ces trois films sont à mettre au débit du très médiocre Bitto Albertini, tâcheron qui se distinguera aussi dans le péplum archifauché (Le retour du gladiateur le plus fort du monde, 1971) et le décamérotique de derrière les fagots (Ton diable dans mon enfer, 1972).
On notera toutefois que Tony Kendall, Brad Harris et Nick Jordan, les trois acteurs du film initial, pas fous, ne se sont pas risqués dans les suites concoctées par l'ami Bitto. Brad Harris fera néanmoins une petite exception à la règle pour les Trois supermen dans la jungle (mais, bon, Brad, il aimait bien tourner dans les films de jungle... surtout quand il y avait des belles filles en bikini hyper-ajusté à serrer dans ses bras balèzes... comme, ci-dessous, la splendide Femi Benussi, voir Tarzana, sexe sauvage).
Le Film du jour n°201 : Trois fantastiques supermen

Brad Harris et Femi Benussi dans Trois supermen dans la jungle (Albertini, 1970)

La série des Trois supermen compte également Les trois supermen de l'Ouest (Mertinenghi, 1973). Cette fois-ci, las de voyager (et de coûter cher à la production), les trois loustics restent en territoire connu (les US, en fait une contrée désertique espagnole, largement utilisée dans les westerns-spaghettis) et remontent dans le temps à l'époque du Far West (grâce à une machine à remonter dans le temps, comme de juste...).
Comme on peut s'en rendre compte immédiatement sur la photo ci-dessous, les acteurs (George Martin, Sal Borgese, acolytes de Brad Harris dans Les trois supermen dans la jungle, auxquels s'adjoint un Frank Brana grisonnant) ne sont plus guère crédibles : les pauvres tentent, comme ils peuvent, de cacher leurs brioches (surtout Sal Borgese, le petit à droite...). Le scénario, lui, est d'un miteux consommé...
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Les héros sont fatigués (Les trois supermen de l'Ouest)

La série, malgré tout, se poursuivra encore avec des déclinaisons plus ou moins officielles comme Supermen contre Amazones (Brescia, 1974) - avec le grand retour de l'acteur Nick Jordan dans la fine équipe -, ainsi qu'un peu plus tard, Trois supermen à Saint-Domingue (Mertinenghi, 1986). La franchise "Supermen" sera aussi reprise par des producteurs turcs avec, en vedette, Cüneyt Arkin, un monsieur ultra-populaire sur les rives du Bosphore qui arrivera même à convaincre Nick Jordan et Sal Borgese de renfiler le pyjama rouge pour l'accompagner dans l'aventure ! C'est ainsi que vit le jour Three Supermen Against Godfather (Mertinenghi, 1979), inédit en France et intitulé Süpermenler en turc (je garantis rien, mais au regard de l'affiche particulièrement craignos ci-dessous, ça doit être ça...).
Dans les versions occidentales du film, l'acteur turc Cüneyt Arkin a été habilement rebaptisé George Arkins...

Dans les versions occidentales du film, l'acteur turc Cüneyt Arkin a été habilement rebaptisé George Arkins...

Publié dans Titres à nanars

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