Le Film du jour n°184 : Ton diable dans mon enfer
Titre original : Metti lo diavolo tuo ne lo mio inferno
Un film italien de Bitto ALBERTINI (1972) avec Antonio Cantafora, Melinda Pillon, Margareth-Rose Keil, Mario Frera, Alessandra Moravia...
Le Film du jour vous a réservé un petit "décamérotique" de derrière les fagots. Mais un décamérotique qu'est-ce que c'est ? vont s'interroger les lecteurs de ce blog qui ont oublié - ou qui n'ont jamais parcouru des yeux - le Film du jour n°24 intitulé V'là que les nonnes dansent le tango ! Association du mot Décaméron, célèbre recueil de nouvelles qu'écrivit Boccace au quatorzième siècle, et du mot érotique, le décamérotique est un sous-genre de la sexy-comédie à l'italienne qui rassemble des films d'époque (et de fesses) vaguement moyenâgeuse avec dialogues égrillards, situations coquines, blagues bien grasses, moines souvent lubriques, nonnettes promptement déculottées et, parfois, biquettes ou brebis bêlantes passant à la "casserole" plus souvent qu'à leur tour.
Pier Paolo Pasolini sur le tournage des 1001 nuits en 1974 (image : www.toutlecine.com)
Le genre décolla au début des années 70, suite au succès inattendu remporté par les trois films de la Trilogie de la vie de Pier Paolo Pasolini : Le Décaméron (1971), Les contes de Canterbury (1972) et Les mille et une nuits (1974), de loin le meilleur des trois à mon humble avis. Sentant le filon juteux et voyant là un moyen rapide de se remplir les poches à bon compte, les producteurs italiens s'engouffrèrent dans la brèche et c'est une quarantaine de décamérotiques qui déferlèrent sur les écrans avec leur lot de situations scabreuses, de gourgandines en chaleur, de maris cocufiés et de gags pipi-caca. Le tout généralement tourné en un temps record avec une esthétique et des budgets des plus minables.
Tout l'univers du décamérotique résumé sur cette affiche d'un "joyau" du genre (image : www.encyclocine.com)
Et les titres plus ou moins similaires de s’enquiller de manière métronomique en pillant sans vergogne les trois longs métrages originaux : Décaméron n°2 (Guerrini, 1971), Décaméron interdit (Infascelli, 1972), Les autres contes de Canterbury (Guerrini, 1972), Les nouveaux contes érotiques de Boccace (Girolami, 1972), Les plaisirs charnels du nouveau Décaméron 300 (Savino, 1972), Nouveaux contes immoraux (Ferretti, 1972), Canterbury interdit (Infascelli, 1972), Décaméron 3 (Margheriti, 1972), Le Décaméron noir (Vivarelli, 1972) - on prend les mêmes situations mais on remplace les acteurs blancs par des acteurs noirs... -, Le couvent en chaleur (Vari, 1972), Les pages galantes et scandaleuses (Scarpelli, 1972), Les mille et une nuits érotiques (Margheriti, 1974), etc. Pour ne parler que de ceux qui sortirent sur les écrans français ! On comprend sans problème pourquoi le genre s'essouffla rapidement. En 1974, le décamérotique avait vécu...
Barbara Bouchet sur un tapis volant, c'est quand même mieux que Sindbad le marin !
Ton diable dans mon enfer, l'histoire : Ricardo, un jeune peintre, et son valet Marcuccio tombent toutes les femmes de Montelupone. Jusqu'au jour où Ricardo est découvert par le bourgmestre en train de lutiner sa femme. La sentence est sévère et méritée : la castration pour le joyeux luron et son valet. Mais la noble Amarasunta intervient et va sauver les services trois pièces de ces messieurs...
Margareth Rose-Keil... Bien sous tous rapports !
Margareth-Rose Keil, qui interprète Amarasunta dans Ton diable dans mon enfer, est une récidiviste du décamérotique, puisqu'elle batifole aussi dans Décaméron interdit et dans Nouveaux contes immoraux. La dame avait pointé son nez sur grand écran en 1961 dans Défense d'y toucher (Steno, 1961), film avec Ugo Tognazzi en vedette, avant de participer à l'aventure de L'île aux filles perdues (Paolella, 1961) aux côtés de la belle Michèle Mercier, future Angélique, marquise des Anges.
Tête d'affiche dans Eva s'éveille à l'amour (O'Hara, 1962), Margareth-Rose Keil pointe aussi sa plastique irréprochable dans l'une des aventures teutonnes du Commissaire X (Commissaire X dans les griffes du dragon d'or, Kramer, 1966). On l'aperçoit également dans un péplum miteux intitulé sobrement Le retour du gladiateur le plus fort du monde (Albertini, 1971), dans l'incroyable Nonne et les sept pécheresses (von Theumer, 1972) et dans quelques films polissons bavarois signés Hubert Frank ou Kurt Nachmann.
Mademoiselle Keil toujours aussi habillée...