Sidney Poitier (1927-2022)
Premier acteur noir à recevoir l’Oscar du meilleur acteur, pour son rôle dans Le Lys des champs (1963) de Ralph Nelson, Sidney Poitier est décédé le 7 janvier 2022 à l’âge de 94 ans.
Né dans les Caraïbes dans une famille pauvre d’agriculteurs, Sidney Poitier vient tenter sa chance à New York à 18 ans et exerce divers métiers avant d’être repéré par Joseph Mankiewicz et Richard Brooks qui le font tourner respectivement dans La porte s’ouvre (1950) et Graine de violence (1954). Il devient un peu malgré lui une sorte de symbole et la bonne conscience d’une certaine industrie cinématographique conservatrice qui l’enferme dans des rôles souvent stéréotypés.
C’est le film La Chaîne (1958) de Stanley Kramer (photo ci-contre), où il est un prisonnier échappé avec un codétenu blanc raciste (Tony Curtis) auquel il est relié par une chaîne, qui le fait accéder à des rôles de premier plan. Sidney Poitier y gagne l’Ours d’argent du meilleur acteur au festival de Berlin et une nomination à l’Oscar du meilleur acteur (tout comme Tony Curtis). Ce n’est que cinq ans plus tard que l’acteur repartira avec la statuette convoitée pour Le Lys des champs où il est un homme à tout faire itinérant confronté à un groupe de nonnes.
Sidney Poitier dans Les Anges aux poings serrés (1966)
Sidney Poitier est alors une star hollywoodienne… mais toujours le seul Afro-Américain à disposer d’un tel statut. « A l'époque,(...) j'endossais les espoirs de tout un peuple. Je n'avais aucun contrôle sur les contenus des films (...) mais je pouvais refuser un rôle, ce que je fis de nombreuses fois », indique-t-il dans son autobiographie.
Parmi ses principaux rôles à cette époque, on citera le professeur des Anges aux poings serrés (1966) de James Clavell et l’inspecteur de police confronté au racisme systémique des États du sud des États-Unis dans Dans la chaleur de la nuit (1967) de Norman Jewison. Sidney Poitier reprendra ce même rôle dans deux suites : Appelez-moi Monsieur Tibbs (1970) de Gordon Douglas et L’Organisation (1971) de Don Medford.
Il est aussi le médecin et le futur époux qu’une jeune femme (blanche) veut présenter à ses parents (Katharine Hepburn et Spencer Tracy), certes libéraux mais mis face à leurs contradictions.
Sidney Poitier passe à la réalisation au début des années 1970 et signe le western Buck et son complice (1971) où il se met en scène avec Harry Belafonte, puis le drame sentimental L’Amour fleurit en décembre (1972).
Au final, Sidney Poitier aura réalisé au total neuf longs métrages pour le cinéma et joué dans une quarantaine de films pour le grand écran, dont quelques-uns dans les années 1980 et 1990, notamment Randonnée pour un tueur (1988) de Roger Spottiswoode, Les Experts (1992) de Phil Alden Robinson et Le Chacal (1996) de Michael Caton-Jones.
En 2002, Sidney Poitier avait reçu un Oscar d’honneur et cette même année Denzel Washington était le deuxième Afro-Américain à recevoir l’Oscar du meilleur acteur (pour Training Day, 2001, d’Antoine Fuqua). Tout un symbole.
Ces dernières années, Sidney Poitier s’était principalement consacré à la lutte pour les droits de l’homme et contre les inégalités raciales. Il avait été marié de 1955 à 1965 avec la danseuse Juanita Hardy et avait épousé en 1976 l’actrice canadienne Joanna Shimkus (vue notamment dans Les Aventuriers de Robert Enrico aux côtés de Lino Ventura et Alain Delon).