Peter Bogdanovich (1939-2022)

Publié le par lefilmdujour

Premier réalisateur américain venu de la critique, cinéphile réputé pour ses études et/ou ses entretiens avec des cinéastes comme John Ford, Allan Dwan, Howard Hawks, Fritz Lang, Orson Welles ou Alfred Hitchcock, Peter Bogdanovich est décédé le 6 janvier 2022 à l’âge de 82 ans.

En tant qu’acteur et réalisateur, Peter Bogdanovich fait ses premières armes sous l’égide de Roger Corman et rend d’abord hommage à des anciennes gloires comme le sex-symbol des années 1950 Mamie Van Doren (Voyage to the Planet of Prehistoric Women, 1968) et l’incarnation de la créature de Frankenstein dans les années 1930 Boris Karloff (La Cible, 1968). Karloff, alors âgé de 80 ans, y joue quasiment son propre rôle, un acteur de films d’horreur proche de la retraite.

Cybill Shepherd et Jeff Bridges dans La Dernière séance (1971)

Tourné en noir et blanc, son long métrage suivant, La Dernière séance (1971), admiré par certains, détesté par d’autres, lui vaut deux nominations à l’Oscar, l’une pour le meilleur réalisateur, l’autre pour la meilleure adaptation. Le film lance une nouvelle génération d’acteurs (Timothy Bottoms, Jeff Bridges, Cybill Shepherd, qui devient sur le tournage la compagne de Peter Bogdanovich) et permet à Cloris Leachman, en épouse dépressive entre deux âges, de décrocher l’Oscar du meilleur second rôle féminin.

Tatum et Ryan O'Neal dans La Barbe à papa (1973)

Bogdanovich signe ensuite une comédie (On s’fait la valise, docteur ? 1972) avec Barbra Streisand et Ryan O’Neal, puis La Barbe à papa (1973) qui réunit pour la première fois Ryan O’Neal et sa fille, alors âgée de neuf ans, Tatum O’Neal. Grâce à ce film, consacré aux rapports entre un père et sa fille dans le contexte de la Grande dépression des années 1930 et d’une Amérique rurale et poussiéreuse, cette dernière, qui deviendra plus tard l’épouse du joueur de tennis John MacEnroe, gagne à dix ans le Golden Globe de la révélation féminine de l’année et l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Peter Bogdanovich réunira une nouvelle fois le père et la fille dans Nickelodeon (1976), hommage aux débuts du cinéma à Hollywood.

Entretemps, le cinéaste avait tourné un hommage à la comédie musicale (Enfin l’amour, 1974, avec Burt Reynolds et Cybill Shepherd) et une adaptation du roman éponyme de Henry James Daisy Miller (1973) avec Cybill Shepherd dans le rôle-titre, celui d'une jeune Américaine apparemment désinvolte dans la vieille Europe de la fin du XIXe siècle. Deux films, deux échecs publics.

Après Nickelodeon, Peter Bogdanovich travaille par deux fois avec l’acteur Ben Gazzara, d’abord sur Jack le magnifique (1978) qui n’est pas sans évoquer Meurtre d’un bookmaker chinois (1975) de John Cassavetes avec le même Ben Gazzara, puis sur la comédie Et tout le monde riait… (1980) , l’un des très rares films où joue Audrey Hepburn après son éloignement du cinéma à partir de 1967.

Peter Bogdanovich et Audrey Hepburn sur le tournage de Et tout le monde riait... (1980)

Et tout le monde riait… est marqué, quelques mois après la fin du tournage, par l’assassinat de l’actrice débutante Dorothy Stratten, élue Playmate de l’année 1980, par son mari alors que celle-ci avait entamé une liaison avec Peter Bogdanovich. (Le réalisateur, dévasté par la tragédie, consacrera un livre à Dorothy Stratten en 1984.)

Dans les années 1980 et 1990, le réalisateur boucle encore pour le cinéma quelques longs métrages de fiction sans grand retentissement comme Mask (1984) avec Cher, qui y décroche le prix d'interprétation au festival de Cannes, Texasville (1990), suite 25 ans après de La Dernière séance avec les mêmes acteurs, ou Nashville Blues (1993), l’un des derniers films de l’acteur River Phoenix.

Auteur aussi de quelques téléfilms et documentaires, Peter Bogdanovich, qui a joué dans les années 1960 et 1970 de petits rôles pour Roger Corman, Agnès Varda, Orson Welles ou John Cassavetes ainsi que dans ses propres films, reprend sa carrière de comédien dans les années 1990. On peut le voir notamment dans plusieurs épisodes des Soprano au cours des années 2000. Il avait signé en 2014 son dernier film pour le cinéma, Beyond Therapy, présenté comme « digne des meilleurs Woody Allen ».

Marié de 1962 à 1972 avec Pollly Platt, Peter Bogdanovich avait épousé en 1988 Louise Stratten, la jeune sœur de Dorothy Stratten alors âgée de 20 ans. Ils avaient divorcé en 2001.    

Publié dans Claps de fin

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