Burt Reynolds (1936-2018)
Connu pour ses rôles virils (et sa moustache), et inoubliable dans Délivrance (1972) de John Boorman, l’acteur américain Burt Reynolds est décédé le 6 septembre 2018 à l’âge de 82 ans.
Né en 1936 d'un père cherokee et d'une mère italienne, Burt Reynolds était taillé pour une carrière de footballeur américain professionnel. Mais celle-ci tourna court suite à un grave accident de voiture. Il se réorienta alors vers la télévision et participa à de nombreuses séries, essentiellement des westerns où son visage de sang-mêlé fait merveille.
Burt Reynolds dans Délivrance (Boorman, 1972) (image : www.toutlecine.com)
Les premières apparitions de Burt Reynolds au cinéma datent du tout début des années 1960 et l’acteur s'illustre bien évidemment dans des westerns comme Navajo Joe (S. Corbucci, 1966), où il interprète le rôle-titre, et Les Cent fusils (Gries, 1969), où il partage l'affiche avec l'acteur noir Jim Brown et la fameuse Raquel Welch. Mais Burt Reynolds accède véritablement au statut de vedette avec Délivrance, film qui raconte les mésaventures de quatre amis partis descendre une rivière dans un coin perdu des États-Unis. Impressionnant en homme fort du groupe, il va alors se voir confier des rôles de machos.
Burt Reynolds et Farrah Fawcett dans L'équipée du Cannonball (Needham, 1980)
Fort en gueule, jouant des biscotos et tombant les filles en claquant des doigts, tel est son portrait dans Le Fauve (Kulik, 1973) et Plein la gueule (Aldrich, 1974). Cours après moi, shérif (Needham, 1977), où il joue un pilote automobile peu soucieux des limitations de vitesse, lui porte chance. Il devient alors une méga-star aux États-Unis, statut confirmé par Tu fais pas le poids, shérif (Needham, 1979), prolongation du film précédent, et par L’Équipée du Cannonball (Needham, 1980), où il s'amuse avec Roger Moore, Farrah Fawcett et Dean Martin. Parallèlement, il tourne avec des réalisateurs américains cotés, comme Peter Bogdanovitch (Nickelodeon, 1976), Alan J. Pakula (Merci d'avoir été ma femme, 1979) ou Don Siegel (Le Lion sort ses griffes, 1980).
Burt Reynolds, qui crée en 1975 une société de production avec Robert Aldrich (la RoBurt), société qui a notamment cofinancé La Cité des dangers (Aldrich, 1975) avec Catherine Deneuve et lui-même, passe derrière la caméra en 1976 avec Gator, un bon film d'action. Il signe aussi Suicidez-moi docteur (1978), description burlesque des mésaventures des tentatives de suicide d'un homme qui se sait atteint d'une maladie incurable, puis deux thrillers : L'Antigang (1982) et Le Justicier de Miami (1985). Ces deux derniers films contribuent à l'enfermer dans des rôles monolithiques et c'est à ce moment-là que sa carrière au cinéma se met à décliner... Un déclin confirmé par ses prestations répétées de flics ou de détectives privés violents : Haut les flingues ! (Benjamin, 1985), où il forme un tandem avec Clint Eastwood, Malone/Un flic en enfer (Cokliss, 1987), avec la sublime Lauren Hutton, Preuve à l'appui (Crichton, 1989), etc.
Ses tentatives de se diversifier dans la comédie ne sont guère convaincantes, que ce soit dans La Cage aux poules (Higgins, 1983) avec la tonitruante chanteuse country Dolly Parton, dans L'Homme à femmes (Edwards, 1983), remake américain de L'Homme qui aimait les femmes de Truffaut, ou dans Scoop (Kotcheff, 1987) avec Kathleen Turner, elle aussi future has been.
Mark Wahlberg et Burt Reynolds dans Boogie Nights (Anderson, 1997) (image : www.toutlecine.com)
La carrière de Burt Reynolds semble trouver un second souffle avec le rôle du réalisateur de bandes pornos dans le génial Boogie Nights (Paul Thomas Anderson, 1997), inspiré de la vie de l'acteur du X John Holmes, film où sa prestation est saluée par toute la critique internationale. Mais la plupart des films dans lesquels il joue les dix années suivantes n'atteignent guère les rivages français, à l'exception de Driven (Harlin, 2001), Jusqu'au cou (Brill, 2004), où sa participation fait référence à son rôle dans Délivrance, Mi-temps au mitard (Segal, 2005), remake de Plein la gueule, et Shérif, fais-moi peur (Chandrasekhar, 2005), où sa prestation relève plutôt du clin d'œil.
Burt Reynolds a été marié à deux actrices TV, l'une britannique (Judy Carne de 1963 à 1965) et l'autre américaine (Loni Anderson de 1988 à 1993). Il a aussi entretenu une longue passion amoureuse avec l'actrice Sally Field.