Lucia Bosé (1931-2020)
Elue Miss Italie en 1947 devant Gianna Maria Canale et Gina Lollobrigida, deux autres jeunes filles qui allaient elles aussi devenir des actrices réputées, la comédienne talienne Lucia Bosé est décédée le 23 mars 2020 à l’âge de 89 ans.
Repérée par Luchino Visconti, c’est toutefois sous la direction de Giuseppe de Santis qu’elle débute au cinéma, dans Pâques sanglantes (1949). Michelangelo Antonioni la révèle dans deux films. Dans Chronique d’un amour (1950), elle incarne une jeune femme mariée à un riche industriel qui pousse son amant à tuer son mari. Dans La Dame sans camélia (1952), elle est une jeune actrice confrontée à la dureté de l’industrie du cinéma.
Lucia Bosé et Alain Cuny dans La Dame sans camélia (1952)
Lucia Bosé enchaîne les films et tourne aussi à nouveau pour De Santis (Onze heures sonnaient, 1951), mais également pour Mario Soldati, Luciano Emmer (Les Fiancées de Rome, 1951), Mario Bonnard (Haine, amour et trahison, 1954, où elle croise Brigitte Bardot)…
En Espagne, l'actrice tourne sous la direction de Juan Antonio Bardem Mort d’un cycliste (1954) (photo ci-contre), film d’auteur qui fait alors de son réalisateur la référence principale du cinéma critique à l’égard du franquisme. C’est pendant le tournage qu’elle rencontre le matador espagnol Luis Miguel Dominguin, qui vient de rompre avec Ava Gardner, qu’elle épouse en 1955 et dont elle aura trois enfants dont le futur acteur Miguel Bosé, né en 1956.
Luis Miguel Dominguin (en noir), Pablo Picasso et Lucia Bosé dans Le Testament d'Orphée (1959)
Elle travaille aussi avec Luis Buñuel (Cela s’appelle l’aurore, 1955, face à Georges Marchal) et Francesco Maselli (Les Egarés, 1955, aux côtés de Jean-Pierre Mocky). Lucia Bosé s’éloigne alors du cinéma et, à part une apparition avec son mari dans Le Testament d’Orphée (1959) de Jean Cocteau, on ne la retrouvera sur grand écran qu’en 1968, après son divorce, dans Sous le signe du scorpion de Paolo et Vittorio Taviani.
Lucia Bosé dans Cérémonie sanglante (1973)
L’actrice joue une matrone dans la scène du banquet-suicide du Satyricon (1969) de Fellini et collabore par trois fois avec le réalisateur Mauro Bolognini (Metello, 1969 ; Vertiges, 1975 ; le téléfilm La Chartreuse de Parme, 1982).
Dans les années 1970, Lucia Bosé n’hésite pas à contribuer à des œuvres de genre comme le film d’épouvante Quelque chose rampe dans la nuit (Colucci, 1971) avec Farley Granger, le thriller La controfigura (Gorolami, 1971), le film de sorcières Arcana (Questi, 1972), le film fantastique Cérémonie sanglante (Grau, 1973, où elle est la comtesse Bathory), l’érotique La Messe dorée (Montresor, 1974) avec Maurice Ronet…
Jeanne Moreau et Lucia Bosé dans Nathalie Granger (1972)
On notera aussi sa présence dans Nathalie Granger (1972) de Marguerite Duras aux côtés de Jeanne Moreau qu’elle retrouvera dans Lumière (1975), le premier film tourné par l’actrice française, ainsi que dans Violanta (1977) de Daniel Schmid.
Plus récemment, Lucia Bosé était apparue dans Dans les ténèbres (1983) de Pedro Almodovar, Chronique d’une mort annoncée (1986) de Francesco Rosi, L’Avare (1989) de Tonino Cervi et Le Dernier harem (1999) de Ferzan Ozpetek.