Ted V. Mikels (1929-2016)
Considéré comme l’un des papes du cinéma indépendant américain des années 70, le réalisateur Ted V. Mikels, à qui l'on doit des "œuvres" comme The Astro-Zombies (1968), Super-flics en jupon (1972) ou Régal d'asticots (1977), est décédé le 16 octobre 2016 à l'âge de 87 ans. Ventriloque, joueur d’accordéon, magicien, bodybuildeur (il l'était encore à plus de 80 ans !) et polygame (avec, quelle santé, jusqu’à sept femmes simultanément…), cet anticonformiste a signé ou produit une trentaine de films à petit budget entre 1963 et 2015. Ses thèmes de prédilection : la sorcellerie, la polygamie (évidemment…), les greffes de cerveau, les femmes lourdement armées (au sens propre comme au sens figuré…), la SF pourrie…
L’agent secret catégorie gros bonnet (Tura Satana), le docteur fou (John Carradine), le zombie (au maquillage particulièrement réussi) et l’assistant du docteur (au traditionnel regard torve) dans The Astro-Zombies
L’un des titres de gloire de Ted V. Mikels est un petit film de science-fiction réalisé en 1968 et intitulé The Astro-Zombies. Au cœur de cette aberration se cache un docteur fou, créateur d’un zombie serial killer que la CIA et la mafia cherchent à capturer ! Au générique se côtoient John Carradine, transfuge des westerns de John Ford (et, accessoirement, papa de David), et la célébrissime Tura Satana, élevée au firmament de la mamelle cinématographique par Russ Meyer quelques années plus tôt dans Faster, Pussy Cat, Kill, Kill ! (1965) (voir aussi Combien de fois faut-il faire l'amour pour être un couple normal ?).
Dans la filmographie de Ted V. Mikels, on retiendra par ailleurs The Black Klansman (1966), film qui met en scène un Afro-Américain s’infiltrant au sein du Ku Klux Klan pour venger la mort de sa fille. Un sujet révolutionnaire pour l’époque ! Le réalisateur, qui a quand même suscité une soirée hommage à la Cinémathèque française en 2006, a également signé un film d’horreur pas à piquer des vers (justement…). The Corpse Grinders (1972) conte l’histoire d’une usine de nourriture pour chats qui, en rupture de stocks de viande à matous, utilise de la chair humaine pour confectionner de la pâtée pour nos amis à quatre pattes… qui se transforment aussi sec en monstres assoiffés de sang !
Toujours très en verve dans les années 70, Ted V. Mikels n’hésita pas à sacrifier à la mode des jeunes femmes espionnes à tout faire, tendance « Drôles de dames », avec Superflics en jupons (1972). Dans ce film où les dames n’ont froid ni aux yeux ni aux nibards et dézinguent du mec à tout-va sans sourciller, on retrouve une fois encore Tura Satana, toujours au top côté gros bonnets.
L’affiche américaine de Superflics en jupons (1972). Tout l’enjeu du film pour ces dames est dans le titre : séduire et détruire!
Pour le plus grand plaisir de ses admirateurs, Ted V. Mikels livra aussi Blood Orgy of the She-Devils (1973), avec des sorcières californiennes se livrant à de monstrueux ébats en plein sabbat, ainsi que Ten Violent Women (1982), un film de prisons de femmes, genre dont le Film du jour vous a déjà amplement parlé, vu qu’à la rédaction, nous sommes fans (voir La vie sexuelle dans une prison de femmes).
Précisons qu’en 1998 dans Dimensions in Fear, Ted V. Mikels n’hésita pas, pour compléter son casting, à faire appel à une dénommée Dolores Fuller, « jeune » actrice de 75 ans qui fut la petite amie d’Ed Wood, le réalisateur calamiteux des années 50 auquel Johnny Depp prête ses traits dans Ed Wood (1994) de Tim Burton (c’est Sarah Jessica Parker qui interprète Dolores Fuller dans le chef-d’œuvre de Tim Burton). Un hommage ultime au pape du Z par l’un de ses plus fidèles disciples, en quelque sorte ! Ted V. Mikels, à plus de 85 ans, avait encore bouclé les volets 3 et 4 de The Astro-Zombies. Infatigable !