Sergio Sollima (1921-2015)
Considéré avec Sergio Leone et Sergio Corbucci comme l’un des trois Sergio qui ont donné leur titre de noblesse aux westerns dits « spaghettis », le réalisateur italien Sergio Sollima est décédé le 1er juillet 2015 à l’âge de 94 ans. Son chef-d’œuvre, Le Dernier face-à-face (1967) (a.k.a. Il était une fois en Arizona) réunit Gian-Maria Volonte et Tomas Milian dans un affrontement plus complexe qu’il n’y paraît entre intelligence et violence.
Selon Jean-François Giré dans Le western européen (paru aux éditions Bazaar & Co), Le Dernier face-à-face est "un prétexte pour développer une métaphore politique d'une grande rigueur. C'est l'histoire d'une double métamorphose morale : celle du timide professeur Brad Fletcher et celle de l'exubérant bandit Solomon Beauregard Bennett, métamorphose née de la rencontre des deux hommes. [...] Brad Fletcher en théorisant la violence, la rend perverse, plus dangereuse que celle exercée par le primitif Beau. Dans l'esprit de ce dernier, elle n'est indispensable que pour conserver sa liberté, survivre dans un monde extrêmement cruel, sans pitié. A l'opposé, ce sont les hommes de la trempe du professeur qui permettent, en échafaudant des théories fumeuses, en jouant sur la frustration des peuples, la montée en puissance des régimes fascistes et autres dictatures". Une réflexion toujours d'actualité !
D’abord scénariste, Sergio Sollima passe à la réalisation avec un segment du film à sketches Amours difficiles (1962). Il signe ensuite deux films d’espionnage à petit budget avec Giorgio Ardisson en vedette, Agent 3S3, massacre au soleil (1965) et Agent 3S3 : passeport pour l’enfer (1965).
Après Un certain M. Bingo (1966), nouvelle œuvre d’espionnage mais tournée avec Stewart Granger, le réalisateur aborde le western avec Colorado (1966) et Lee Van Cleef en chasseur de primes et Tomas Milian en vagabond… innocent. Au générique du Dernier face-à-face, Tomas Milian sera aussi de Saludos Hombre ! (1968), cette fois en révolutionnaire dépenaillé.
En 1970, Sergio Sollima réalise aux États-Unis un polar, Cité de la violence, avec Charles Bronson, Telly Savalas et Jill Ireland, alors épouse de Bronson.
Il signera encore un giallo, Le Diable dans la tête (1972), avec Stefania Sandrelli, Micheline Presle, Maurice Ronet et Keir Dullea, puis un très bon film policier, La Poursuite implacable (1973), avec Oliver Reed, Fabio Testi et Agostina Belli, avant de se tourner vers la télévision et de mettre un terme à sa carrière de réalisateur en 1998.
Sergio Sollima bouclera encore trois longs métrages pour le cinéma, passés inaperçus de ce côté-ci des Alpes.